Une image vaut mieux que mille mots. En représentant en une seule image de nombreuses données économiques et financières, un investisseur peut prendre le pouls des marchés en un coup d’oeil. Mais quels graphes vaut-il la peine de suivre régulièrement ? C’est la question que nous avons posé à cinq gérants français pour vous aider dans votre trading et vos investissements.
Julien Bourret, Trescento Asset Management
Julien Bourret, gérant du fonds d’arbitrage chez Trecento Asset Management, suit le NYSE Short-term Trading Index (ARMS). Cet indice est calculé sur une période hebdomadaire en divisant les hausses par les baisses, et en divisant les volumes haussiers par les volumes baissiers. Le premier ratio obtenu est ensuite rapporté au second.
Le ARMS peut être calculé sur n’importe quel marché. Julien Bourret l’utilise régulièrement pour l’Eurostoxx 50.
Marc del Pozo, Financière de l’Echiquier
Marc del Pozo, directeur adjoint de gestion privée chez Financière de l’Echiquier, suit en priorité le CBOE SPX Volatility Index (VIX), indicateur de la volatilité du S&P500. Etabli quotidiennement par le Chicago Board Options Exchange (CBOE), le VIX représente la moyenne des volatilités des options d’achat et de vente sur le S&P500.
Hugues Le Maire, Diamant Bleu Gestion
Pour Hugues Le Maire, co-fondateur et directeur général de Diamant Bleu Gestion, il est essentiel que chaque investisseur construise sa batterie d’indices avec une méthode propre, selon son profil.
Hugues Le Maire fait la moyenne arithmétique de plusieurs d’indices et synthétise le résulat dans un indice composite d’aversion au risque de marché, qu’il a baptisé Market Risk Global Index.
« Cela permet d’avoir toujours le même cadre objectif et cohérent du marché pour ne pas l’envisager de façon positive ou négative seulement parce qu’on est de bonne ou mauvaise humeur », nous explique-t-il.
Parmi les indices qui composent le Market Risk Global Index, on trouve, entre autres, le VIXX, le VStoxx, les parités des devises du G7, le ratio bull/bear et le ratio put/call.
Bund allemand
Mais les taux de crédit sont une pièce fondamentale de son indice de risque. Pour Hugues le Maire, « le marché du crédit donne une information précieuse de la santé des entreprises, plus fiable que l’évolution du marché d’actions ». Le rendement du Bund est donc un pour lui excellent indicateur de l’aversion au risque.
Pour évaluer la confiance des investisseurs, Hugues le Maire observe aussi les écarts observés entre les taux des obligations de sociétés financières et les taux des obligations de sociétés non-financières.
Spread taux d’emprunt des sociétés financières et non-financières
Les banques peuvent emprunter sur les marchés à un certain taux. Les entreprises peuvent emprunter à un autre taux. Dans une économie en bonne santé, les banques peuvent emprunter à des taux plus faibles que les entreprises car, du moins en principe, les banques sont réputées plus solides que les entreprises.
De 2004 à 2008, le spread entre le taux d’emprunt des sociétés financières et celui des sociétés non-financières était de -25 points de base (bps), ce qui signifie qu’une entreprise pouvait empruntait de l’argent à un taux de 0,50%, et qu’une banque empruntait à 0,25%.
Après la crise financière, ce spread a bondi à +150 points de base (les banques se financent 150 bps plus cher que les entreprises !). A présent, il est revenu à +40 bps et on a du mal à descendre en dessus de ce taux. « Bien sûr que ça s’est resserré des taux extrêmes de 2008 mais ce n’est pas encore idéal. Si le taux atteint 0% c’est déjà une bonne étape ».
Ratios actions
Finalement, pour analyser l’aversion au risque, Hugues le Maire suit des ratios actions pour mieux comprendre ce qui fait monter ou baisser le marché. Il calcule ce ratio en comparant le secteur moins risqué (santé) avec le secteur plus risqué (industrie).
Un marché qui monte, c’est bien, mais cela ne donne aucune information sur le degré d’appétit pour le risque. Si ce ne sont pas les secteurs plus risqués qui font monter le marché, alors il n’y a pas encore de prise de risque. C’est ce que l’on observe actuellement sur le S&P 500.
Michaël Lévy, 360 AM
Michaël Lévy, gérant du fonds Flex 360, suit de près plusieurs indicateurs d’aversion au risque.
Parmi ces indicateurs, certains sont conjoncturels, d’autres sont structurels. Les indicateurs conjoncturels sont utiles pour suivre les thèmes qui dominent les marchés à un moment donné. Pour suivre l’évolution du sentiment du marché vis-à-vis du fiscal cliff aux Etats-Unis, par exemple, Michaël Lévy suit le comportement du cours des obligations d’état américaines à 10 ans.
iTraxx Crossover
L’iTraxx Crossover représente le coût de protection contre le risque de non-remboursement des obligations émises par les 40 plus grandes entreprises européennes aux finances les moins solides (note de crédit inférieure à BBB- avec perspective négative). Michaël Lévy se sert de cet indice pour mesurer la perception de la qualité de crédit des entreprises.
Parmi les indicateurs d’aversion au risque structurels, Michaël Lévy aime suivre une combinaison de trois d’entre eux. “On regarde l’ensemble de la surface de la volatilité et comment elle interagit avec les autres indicateurs de tendance, notamment les spreads de crédit et le prix de l’or”. Pour la volatilité, Michaël Lévy suit le VStoxx, qui est l’équivalent du VIX pour l’Eurostoxx 50.
Robert de Vogüé, Arkeon Finance
Robert de Vogüé, président directeur général de Arkeon Finance, investit pour le long terme. Pour guider ses choix d’investissement, il suit de près les évolutions démographiques.
L’avantage de la démographie est que son évolution est assez facile à anticiper. Chiffres à l’appui, il est par exemple facile de savoir combien personnes arriveront à la retraite dans vingt ans. Chaque tranche d’âge ayant ses habitudes de consommation et d’investissement, on peut ainsi anticiper les tendances de fond des marchés financiers.
Teresa Marques
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