La conférence « Et Demain 2020 ?! » a rassemblé plusieurs grands noms de la gestion d’actifs de la place parisienne, l’occasion pour Café de la Bourse de vous présenter un point marchés. Retour sur les évènements marquants de 2019 et présentation des anticipations des gérants pour 2020.
Retrouvez dans cet article, un état des lieux de la situation macroéconomique, les principaux risques que les marchés ont à affronter et les principales opportunités que les marchés ont à offrir aux investisseurs.
Marchés financiers et Bourse : une situation économique sous le signe de la morosité
Entre hausse des indices boursiers et net ralentissement de la croissance
Les indices ont bondi depuis le début de l’année, dans des proportions que l’on n’aurait jamais envisagées il y a un an : + 28 % environ pour le Nasdaq, + 24 % environ pour le S&P 500, + 25 % environ pour le CAC 40, + 16,5 % environ pour le Shanghai Index. Pour Daniel Fighiera, directeur de la gestion actions chez Auris Gestion, « 2019 nous a rappelé que les marchés financiers sont une école de l’humilité » car qui aurait pu prédire, fin 2018, qu’une telle hausse se produirait ?
Et il faut aussi rappeler que ces marchés haussiers se sont accompagnés d’un net ralentissement de la croissance en 2019. Et les prévisions pour 2020 indiquent la poursuite de la baisse. Ainsi, le FMI prévoit 1,4 % de croissance seulement en 2020 pour la zone Euro, plombée par l’Allemagne.
Les banques centrales au bout de leurs possibilités
Si les marchés montent malgré une baisse de la croissance, c’est dû principalement aux politiques particulièrement accommodantes des banques centrales qui, en 2019, ont encore abaissé les taux. Selon Guillaume Dard, président de Montpensier finance : cette politique bien trop accommodante est « la seule raison pour laquelle les marchés ont monté en 2019 ». La baisse des taux qui a fait passer de nombreux emprunts d’État en territoire négatif a également fait baisser le coût du crédit et augmenter le recours à l’emprunt. Le Président de Montpensier finance fustige : « le monde est intoxiqué au crédit. Il est surendetté. »
Selon Joffrey Ouafqa, gérant chez Auris Gestion : « en 2018, le marché a pricé, une récession. Or, cette récession a été évitée par les banques centrales grâce à leurs politiques accommodantes. Si, malgré toutes les baisses, l’économie ne repartait pas, la situation serait vraiment difficile ». « Les politiques monétaires commencent à montrer leurs limites » renchérit Raphaël Elmaleh, Président de Keren Finance, allant même jusqu’à affirmer que « la baisse des taux ne sert plus à grand-chose ». Ils créent même une inflation immobilière et, sur les marchés, le risque ne paye plus. D’ailleurs, « même les banques centrales ne croient plus aux taux négatifs » souligne Marc Renaud Président-Directeur général de Mandarine Gestion.
Les politiques monétaires des États vont-elles prendre le relais et soutenir l’économie européenne ? Pour Raphaël Moreau, gérant chez Amiral Gestion, la question est cruciale et déterminante pour l’avenir.
La valorisation extrême de certains titres en Bourse
« La hausse de la valorisation des actifs financiers va plus vite que celle de la rémunération du travail » indique le Président de Keren Finance qui prévient qu’une telle situation « alimente le populisme et freine la croissance ».
Le rendement peu séduisant de certaines obligations corporate pourtant risquées
Sur le marché obligataire, « le couple rendement-risque est très compliqué » décrit Jacques Sudre, gérant chez Amiral Gestion qui explique : « le risque n’est pas bien rémunéré sur la partie la moins qualitative du marché ». Et Laure Oriez, Responsable de la gestion de taux chez Trusteam Finance alerte sur le risque que représentent des sociétés extrêmement endettées, fragiles et indique que, « si ce n’est pas encore le cas en Europe, en revanche, aux États-Unis, le taux de défaut a augmenté ».
Des risques politiques qui impactent fortement les marchés financiers
Les marchés financiers, en 2019, auront évolué au rythme des avancées et reculs de la guerre commerciale que se livrent les États-Unis et la Chine. Le feuilleton ubuesque du Brexit dont on n’est toujours pas sorti, a lui aussi particulièrement pesé sur les marchés. La volatilité a donc fait son grand retour. Et cela n’est sans doute pas près de s’arrêter car, comme le dit si bien Raphaël Moreau d’Amiral Gestion : « en Bourse, une incertitude en cache une autre ».
Une fin de cycle qui tarde à arriver
On la prédisait pour bientôt fin 2018 mais la fin de cycle se fait attendre. N’empêche, elle ne pourra éternellement se dérober et Daniel Fighiera considère même que la récession est « un risque réel à surveiller ».
Bourse : des opportunités d’investissement existent encore pour qui sait chercher
Le stock picking ou sélection de titres, plus que jamais indispensable en Bourse
Dans un marché « sans réelle tendance » comme le décrit si bien Raphaël Elmaleh, il conviendra de choisir des « sociétés peu leveragées qui ont les moyens de leur financement et de leur croissance » explique le Président de Keren finance.
Le marché est actuellement divisé en deux : une partie de la cote a atteint des prix très élevés, une autre, délaissée, est très bon marché. Ainsi, Marc Renaud de chez Mandarine Gestion indique que l’on atteint « 6 % de rendement sur une société comme Total ».
Arnaud Chesnay, gérant chez Athymis Gestion rappelle qu’il y a encore au T3 2019, des « différences considérables entre des gagnants et des perdants au sein d’un même secteur ». Cela signifie que toutes les entreprises ne se valent pas et que le stock picking est essentiel. Il doit certes se baser sur les rapports financiers mais aussi et surtout sur « la capacité à innover » de l’entreprise.
Le positionnement sur des secteurs porteurs pour gagner en rendement
L’investissement socialement responsable (ISR) est aussi une thématique porteuse sur laquelle « les flux des investisseurs internationaux vont affluer » prédit Guillaume Dard.
Mais, avec le développement de la 5G et le souhait des consommateurs d’être en permanence connecté, le secteur des Télécoms a de beaux jours devant lui prédit Jean-Sébastien Beslay, Président de Trusteam Finance.
Les investissements non conventionnels et mal-aimés : un moyen de surperformer ?
Côté actions, les small et midcaps, sous-valorisées dans leur ensemble aujourd’hui, pourraient faire un bond conséquent si le marché reprenait.
Dans les secteurs mal aimés, nombreuses sont les entreprises à avoir atteint une valorisation satisfaisante explique Daniel Fighiera, directeur de la gestion actions chez Auris Gestion qui cite « les secteurs du tabac, des armes, du pétrole ». C’est selon lui « toute une poche de la cote qui est aujourd’hui délaissée ».
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