Après de très nombreuses tergiversations, le Brexit est enfin là. Ou presque ! Ursula von der Layen et Boris Johnson se sont entretenus le 13 décembre, Michel Barnier annonçait lundi 14 décembre qu’un accord était encore envisageable ! Alors que la date fatidique du 31 décembre se rapproche et que la perspective d’un « hard Brexit », c’est-à-dire avec un « no deal » se fait de plus en plus prégnante, Café de la Bourse revient sur ce feuilleton politico-financier qui tient en haleine les marchés depuis de nombreux mois maintenant.
Quel impact le Brexit aura-t-il sur les marchés ? Quelles seront les conséquences de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne pour les investisseurs particuliers ? Découvrez le point de vue de Christopher Dembik, à la tête de la recherche macro-économique chez Saxo Banque.
Brexit : vers quel scénario se dirige-t-on ?
Il existe à ce stade deux scénarios probables. Le premier consiste en une prolongation des négociations au-delà de la fin de la période de transition, fixée au 31 décembre 2020. Pour qu’il puisse advenir, encore faut-il que les parties prenantes considèrent qu’un accord est à portée de main et qu’en quelques jours ou quelques semaines tout au plus il serait possible. Déjà, des deux côtés de la Manche, tout est mis en place du point de vue légal pour permettre aux négociations de continuer après fin 2020. C’est, à ce stade, le scénario certainement le plus vraisemblable.
Le deuxième scénario repose sur un no deal. Il n’est pas encore complètement intégré dans les prix offerts par le marché, même si on voit bien depuis quelques jours que les cambistes sont de plus en plus baissiers sur la livre sterling. Du côté européen, ce scénario est privilégié par certaines capitales, notamment Paris. On sait que le président français considère qu’un no deal ne serait pas catastrophique du point de vue économique et qu’il pourrait avoir pour avantage décisif d’introduire une dose de réalisme politique dans les négociations du côté britannique. Dans ce cas de figure, les entreprises touchées par le no deal bénéficieraient d’aides directes de la part des États de l’UE (avec des dispositifs qui ont déjà été mis en place depuis longtemps) et on peut imaginer des mesures fiscales d’urgence aussi de l’autre côté de la Manche qui iraient de pair avec un accroissement des rachats d’actifs par la Banque d’Angleterre. Comme on le voit, rien n’est simple.
Brexit : quelles conséquences sur l’économie de la zone Euro en 2021 ?
Du point de vue de la balance commerciale, l’UE va être très peu touchée par le Brexit et même si certains secteurs d’activité seront plus pénalisés que d’autres, comme le secteur automobile allemand ou encore l’agroalimentaire français, il y aura suffisamment d’aides et de subventions de la part des États membres pour faire face.
Deux chiffres permettent de montrer la moindre dépendance de l’Europe et la forte dépendance du Royaume-Uni. Le Royaume-Uni achète plus de 600 produits exclusivement auprès de l’UE. À l’inverse, l’UE achète uniquement un produit exclusivement auprès du Royaume-Uni, en l’occurrence une essence de bois. Rien de très dommageable. Par rapport à la pandémie, à la vague de faillites qui s’annonce dans de nombreux pays d’Europe continentale et aux incertitudes concernant le processus de vaccination, le Brexit est la dernière des priorités pour les Européens, à juste titre. C’est d’ailleurs ce qui explique pourquoi certains responsables européens considèrent désormais que l’absence d’accord est mieux qu’un mauvais accord.
Quels valeurs et secteurs seront les plus impactés par le Brexit ?
Le Brexit est un problème domestique. Dit autrement, les entreprises européennes, y compris celles qui sont fortement exposées au marché britannique, devraient plutôt afficher une assez bonne résilience. Le problème va surtout concerner les actifs britanniques, notamment la livre sterling ou encore les indices boursiers britanniques. Mais là encore, tout dépend ce qui va advenir au niveau des négociations.
En cas d’accord, même imparfait, le processus de rattrapage qu’on a observé récemment au niveau des indices boursiers britanniques devrait se poursuivre et on pourrait avoir un redressement de la monnaie britannique, avec une paire EUR/GBP qui pourrait renouer avec les 0,88/0,89. Dans le cas contraire, s’il y a un no-deal, ce serait une catastrophe puisqu’il risque de survenir au pire moment. En effet, si ce scénario devait arriver, ce serait dans les quinze prochains jours, lorsque la liquidité est la plus faible sur le marché. Les opérateurs étant absents, les algorithmes prendraient le relais et il ne serait pas surprenant qu’on assiste notamment à un flash crash sur la livre sterling. Mais, là encore, il ne s’agit que d’un scénario. Très objectivement, il est difficile de savoir ce qui va advenir dans les jours et semaines à venir.
Brexit : quelles conséquences pour les investisseurs particuliers Français ? Que faire si je détiens des valeurs britanniques dans mon portefeuille bousier ?
Ne pas paniquer et être patient, c’est toujours la clé de la réussite en bourse. Lorsqu’on investit sur ce type de marché, il faut penser en termes de cycles, placer son argent sur une période longue, autour de sept ans. Peu importe ce qui va survenir à court et à moyen terme, à long terme l’économie britannique se remettra. On aura le phénomène de rattrapage sur les actions britanniques, actuellement très décotées, qui finira par se produire également sous l’effet des mesures de soutien budgétaires et monétaires et grâce à la vaccination qui a commencé il y a peu et qui devrait permettre de clore le chapitre de la pandémie.
Chez Saxo Bank, nous restons donc toujours optimistes à long terme concernant les indices britanniques, et notamment les grandes valeurs de la consommation et nous regardons aussi de près ce qui se fait concernant la transition énergétique, qui est un sujet particulièrement mis en avant par Boris Johnson. En revanche, nous pensons qu’il vaut mieux rester à l’écart de la monnaie britannique. S’il y a des difficultés post-Brexit, ce qui est possible, ce sera la monnaie qui sera la plus susceptible de les répercuter.
Attention, pour les particuliers qui détiendraient des actions britanniques au sein de leur PEA, enveloppe censée n’abriter que des valeurs dont le siège social est situé dans l’Union Européenne, deux solutions s’offrent à l’investisseur : vendre ses positions au sein de son PEA, sous 2 mois à la date de l’inéligibilité (Brexit : 31/12/2020) ; ou bien, également sous 2 mois post-brexit, transférer vers un compte titres ses actions britanniques qui ne seront donc plus soumises aux critères d’éligibilité de siège prévu au 4° du I article 221-30 (instruments éligibles au PEA). Passé ces 2 mois, la banque a toute autorité pour fermer le PEA du client, pour non-respect de la réglementation.
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