La pandémie de Covid-19 a un réel impact sur l’épargne des Français. Les particuliers mettent en effet davantage de sous de côté pendant les périodes de restriction des libertés que sont le confinement et le couvre-feu. Alors que le premier confinement qui a eu lieu du 17 mars au 11 mai 2020 avait déjà marqué les esprits, les mesures de couvre-feu déployées les dernières semaines n’auront pas suffi à empêcher le reconfinement.
Café de la Bourse se penche sur les conséquences de ces périodes de restriction des libertés sur vos finances. Pour quelles raisons les Français mettent-ils davantage de sous de côté en période de confinement et de couvre-feu ? Quel est le montant de cette épargne ? Comment est-elle répartie entre les Français ? Sur quels supports est-elle détenue ? Toutes nos explications sur les répercussions du confinement et du couvre-feu sur l’épargne des Français.
Confinement, couvre-feu et reconfinement : une hausse de l’épargne due aux mesures de restriction
La pandémie de Covid-19 a donné lieu à des mesures exceptionnelles dans les différents pays touchés comme le confinement des populations ou encore le couvre-feu. Ces situations, si elles peuvent inquiéter les défenseurs des droits qui y voient une atteinte aux libertés fondamentales, sont aussi des mesures qui freinent fortement l’activité économique et pendant lesquelles les particuliers peuvent voir leurs revenus baisser (chômage partiel, arrêt ou baisse de l’activité pour les indépendants). Mais ces périodes permettent aussi souvent une diminution des dépenses et un accroissement de l’épargne. Cela a été flagrant pendant le confinement.
Selon une évaluation au 26 juin 2020 de l’impact économique de la pandémie de COVID-19 et des mesures du confinement et du déconfinement en France réalisée par l’OFCE, le centre de recherche en économie de Sciences Po, ce sont 55 milliards d’euros, soit 230 euros par ménage et par semaine en moyenne qui ont été mis de côté par les Français durant le confinement.
Cette épargne « forcée » est bien sûr née de la crainte du chômage, des inquiétudes qui pèsent sur l’avenir et l’issue de la crise sanitaire, mais aussi et surtout aux restrictions de sortie, à la fermeture des commerces hors alimentation, à l’impossibilité de se déplacer, et donc, à une baisse drastique de la consommation.
Le couvre-feu a vraisemblablement produit des effets similaires mais moindres. D’abord, n’étaient concernés « que » quelques 20 millions de Français dans un premier temps, puis 46 millions environ puisque la mesure ne s’étendait pas au territoire dans son ensemble mais seulement aux départements dans lesquels le virus circulait le plus activement. Ensuite, de nombreux commerces restaient ouverts toute la journée et fermaient aux alentours de 21 heures. Avec le nouveau confinement qui entre en vigueur le vendredi 30 octobre à minuit et devrait s’étendre au moins jusqu’au 1er décembre, les Français devraient de nouveau épargner davantage. Le montant du trésor de guerre ainsi mis de côté dépendra évidemment de la durée de ce reconfinement.
Graphique estimation de l’évolution du patrimoine financier net des ménages français entre février 2019 et août 2020
Un renforcement des inégalités flagrantes entre les Français
Attention cependant, l’épargne massive provoquée par ces mesures est bien loin de concerner tous les Français. Tous n’ont pas épargné pendant le confinement et parmi ceux qui ont pu mettre des sous de côté, tous ne l’ont pas fait dans les mêmes proportions. En effet, selon une étude du Conseil d’analyse économique sur les dynamiques de consommation dans la crise publiée en octobre 2020, les deux tiers des Français ont économisé 70 % de l’épargne accumulée pendant le premier confinement quand les 20 % les moins aisés ont mis zéro de côté, voire se sont endettés sur cette période.
Les Parisiens ont le plus épargné avec 5 500 euros mis de côté en moyenne. Ce sont les plus aisés qui ont davantage mis de côté car ce sont eux qui allouent la plus grosse part de leur budget aux dépenses sorties/vacances/loisirs/plaisir, bien plus difficiles, voire impossibles à réaliser pendant le confinement, tandis que les autres emploient la quasi-totalité de leurs revenus à couvrir les dépenses fixes (loyer, électricité, gaz, téléphone, assurance, etc.) ainsi que les dépenses de nourriture, santé, etc. pour lequel le confinement n’a rien changé. En toute logique, ce sont de nouveau les plus aisés des grands centres urbains qui ont fait croître leur épargne pendant le couvre-feu et devraient de nouveau mettre des sous de côté pendant le reconfinement.
Graphique contribution à la croissance du patrimoine financier net par décile de dépenses avant Covid
Source : Conseil d’analyse économique Dynamiques de consommation dans la crise : les enseignements en temps réel des données bancaires, octobre 2020
Quels supports pour l’épargne liée aux mesures destinés à lutter contre la pandémie ?
Depuis mars, ce sont 75 milliards d’euros environ que les Français ont épargné. Où sont-ils conservés ? Sans surprise, les Français ont avant tout privilégié les liquidités. Les soldes de comptes courants des Français en capacité de mettre des sous de côté ont ainsi très fortement progressé souligne l’étude du conseil d’analyse économique, tout comme les comptes épargne, c’est-à-dire les supports de l’épargne réglementée ou bien les livrets bancaires classiques. On note également une nette diminution de la dette.
En revanche, l’investissement en Bourse n’a pas la cote. Les placements sur compte titres ont très peu progressé tandis que les encours de l’assurance vie ont eux carrément dégringolé.
Graphique contribution des classes d’actifs à l’évolution du patrimoine financier net
Notons cependant que 150 000 investisseurs ont mis à profit le confinement et la crise économique pour faire leur entrée en Bourse comme le révèle l’étude de l’AMF sur le comportement des particuliers en Bourse réalisée en avril 2020. Mais les sommes restent relativement modestes. « En 5 semaines pendant la crise du Covid-19 (semaines 10 à 14 de 2020), un solde positif de l’ordre de 3,5 milliards d’euros a été investi par des particuliers dans les actions du SBF120 » souligne l’étude de l’AMF. On est loin des 55 milliards épargnés pendant le confinement. Il y a fort à parier que l’épargne engendrée par le couvre-feu et le reconfinement suive la même logique que celle accumulée pendant le premier confinement. Le trésor de guerre du Covid est en grande majorité détenu sur des placements à capital garanti !
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