Après une année 2018 mouvementée sur les marchés financiers, 2019 s’annonce elle aussi compliquée. Découvrez les perspectives macro-économiques de notre panel d’experts pour anticiper au mieux les événements à venir et investir en Bourse avec succès !
Finance et Bourse : fortes divergences au sein de l’économie mondiale
2019 s’inscrira-t-elle dans la continuité de 2018 ? Il faut dire que l’an dernier, les sujets d’inquiétude ont été nombreux. BFT Investment Managers souligne notamment « la hausse des droits de douane américains, les craintes sur la croissance mondiale, le sentiment de fin de cycle aux États-Unis, la résurgence du risque politique en Italie et la baisse des prix du pétrole en fin d’année ». À ce titre, l’année 2018 a bel et bien marqué « une rupture et nous a fait entrer dans un nouvel environnement économique et de marché. » Et que dire de la « succession de turbulences qui a douché les traditionnels espoirs de rallye de fin d’année » comme le fait justement remarquer Cholet Dupont.
La croissance mondiale est attendue en léger ralentissement pour 2019, après une année 2018 qui devrait se terminer autour de 3,7 % de croissance.
Dans ce contexte, ce n’est une surprise pour personne, comme le souligne CPR Asset Management.
Mais la croissance chinoise attendue est à +6,2 %. Notez également que les indices PMI restent nettement au-dessus des 50 points aux États-Unis et dans la plupart des pays d’Europe. Les indicateurs ne sont donc pas si mauvais. Mais comme l’explique si bien BFT Investment Managers, « c’est [leur] tendance qui fait douter les investisseurs, car ces indicateurs de bonne santé économique se tassent progressivement. »
Autre point singulier qui mérite d’être noté, c’est ce que Allianz Global Investors appelle la « désynchronisation et fragmentation de l’économie mondiale » ou ce que Christopher Dembik, responsable de la recherche macro-économique Saxo Banque nomme, lui la « fin de la croissance mondiale synchronisée ». Norman Villamin, Chief Investment Officer (CIO) Private Banking à l’UBP (Union Bancaire Privée) parle lui de « croissance économique globale désynchronisée, [qui] combinée à la montée de l’instabilité politique au niveau régional et mondial, devrait continuer à alimenter la volatilité ». Même son de cloche chez Lombard Odier Private Bank où Stéphane Monnier, Chief Investment Officer explique que « les actifs risqués étant désormais plus sensibles aux facteurs macroéconomiques et l’incertitude politique jouant un rôle croissant, la volatilité des marchés financiers paraît appelée à durer. »
Retour sur ce nouvel ordre mondial en pleine décorrelation et marqué par la volatilité.
États-Unis : ralentissement ou récession pour la première économie mondiale ?
L’économie américaine est sur le point de tomber de son piédestal, pour Generali Investments.
Même si elle pourrait prochainement « célébrer son plus long cycle, les craintes d’un ralentissement demeurent ». Gaspal Gestion, pour qui « les États-Unis constituent l’une des principales sources d’incertitudes du fait que le cycle économique est désormais très mature », abonde également dans ce sens. Pour Blackrock, « l’économie américaine [entre] dans une phase de fin de cycle. […] les marchés anticipent un ralentissement à venir, même si le risque réel d’une récession aux États-Unis est faible en 2019 ». Pour Cholet Dupont aussi, « l’économie américaine finit par enregistrer des signes de ralentissement plus large. » Mais quels sont-ils ?
Christopher Dembik, responsable de la recherche macroéconomique chez Saxo Banque, revient sur ces risques et souligne que « le déficit du budget avoisine les 1 000 milliards de dollars sur douze mois, un niveau sans précédent en période de forte croissance, et s’accompagne d’une hausse des risques financiers (dette des entreprises US) ».
Pour CPR Asset Management aussi, « des éléments de fragilité apparaissent dans l’économie américaine. Le premier d’entre eux concerne le secteur de l’immobilier. En effet, depuis le début de l’année 2018 nous observons un ralentissement dans la plupart des indicateurs de ce secteur, le premier à souffrir des hausses de taux de la Fed depuis le début du cycle de normalisation. Autre élément d’inquiétude pour la pérennité de la croissance américaine, la faiblesse récente de l’investissement en équipement, alors que l’on attendait un fort soutien des mesures fiscales notamment le rapatriement des profits réalisés à l’étranger pour dynamiser les dépenses des entreprises ». Ajoutons à cela, comme le souligne Allianz Global Investors, la « persistance des tensions commerciales entre les États- Unis et d’autres pays [qui] pourrait nuire à toutes les parties concernées. » CPR Asset Management explique également que « l’accroissement de l’endettement est traditionnellement un sujet de préoccupation en fin de cycle ». Or, « la Réserve fédérale se préoccupe de l’endettement des entreprises dans son rapport sur la stabilité financière ».
Conséquence : Saxo Banque craint « une fin de cycle assez compliquée. Le principal risque est que les États-Unis ne soient pas en mesure de mettre en œuvre une politique budgétaire contracyclique lorsque ce sera le plus nécessaire. » Pictet Asset Management, dans ce contexte, maintient sa « position sous-pondérée sur les États-Unis », expliquant « que la croissance des bénéfices des entreprises américaines va chuter à 7 %, contre 23 % cette année, la plus forte baisse parmi toutes les grandes régions. »
Brexit et montée du populisme hantent le marché européen
Le Brexit est évidemment l’un des événements les plus attendus de l’année 2019. Il interviendra officiellement le 29 mars 2019 mais les circonstances de la sortie demeurent cependant toujours très floues. Le no deal qui donnerait lieu à un hard Brexit a tendance à effrayer les marchés financiers. Allianz Global Investors prédit que « l’économie britannique risque de connaître de nouveaux accès de faiblesse si les incertitudes liées au Brexit se prolongent », expliquant que « dans l’hypothèse d’un « no-deal », la livre sterling et les rendements obligataires britanniques sont susceptibles d’accuser un repli », ajoutant que « les actifs britanniques en général sont actuellement délaissés et sous-représentés dans les portefeuilles. Leur performance en 2019 dépendra autant de la fin du cycle économique que des incertitudes liées au Brexit ».
Quoi qu’il en soit, l’incertitude qui entoure ce dossier est sans aucun doute ce qui a fait et continue de faire le plus de torts aux Britanniques comme aux Européens. Allianz Global Investors exhorte cependant les investisseurs à « ne pas exclure des régions ou des marchés entiers compte tenu d’un seul événement (par exemple, le Brexit) », rappelant qu’il « est important de comprendre quels titres et secteurs tireront leur épingle du jeu selon des scénarios spécifiques».
Mais le Brexit est loin d’être la seule ombre au tableau pour les marchés européens. Pour Neuberger Berman, c’est « la conjugaison d’événements tels que le Brexit, le budget italien, le virage populiste à l’Est de l’Europe, le gouvernement affaibli en Espagne, la fin de l’ère Merkel en Allemagne et de l’ère Draghi à la Banque Centrale Européenne » qui devraient causer un certain remous sur le vieux continent. Sans compter, comme le rappelle Allianz Global Investors, « les élections européennes de mai 2019 [qui] seront un rendez-vous existentiel pour la région, divisée entre les partis populistes eurosceptiques et les candidats des partis établis. » Le groupe d’Asset Management va même plus loin, estimant que « l’avenir de l’UE deviendra un sujet essentiel dans la mesure où celle-ci n’est pas encore parvenue à renforcer suffisamment ses piliers fondateurs, qui ont été ébranlés lors de la crise de la zone euro de 2010-2012.»
Pour BFT Investment Managers, ce contexte n’est cependant pas si noir et « l’actuelle conjoncture mitigée pourrait […] connaître une sortie par le haut ou par le bas. Le risque politique sera certes toujours présent, aussi bien en Italie qu’au Royaume-Uni, mais n’enterrons pas la croissance européenne trop vite. Celle-ci devrait rester en 2019 supérieure à son potentiel de long terme. En effet, la France a connu en 2018 une croissance décevante lors des trois premiers trimestres et conserve donc du potentiel pour accélérer et rattraper son retard l’an prochain. En Allemagne, une relance budgétaire semble quant à elle possible et permettrait de soutenir la croissance du Vieux continent dans un contexte où la BCE sera moins interventionniste. »
Gaspal Gestion rappelle à juste titre que l’ensemble des incertitudes économiques auxquelles est exposé le vieux continent a « fortement pesé depuis le mois d’octobre sur les marchés actions, réduisant les multiples de valorisation. Les actions européennes du MSCI Europe ont ainsi vu leur ratio P/E (PER) revenir à un niveau de 12 fois les bénéfices attendus à 12 mois, soit un niveau inférieur à leur moyenne sur 30 ans (13 fois les bénéfices). Ces valorisations plus raisonnables permettent aux actions européennes de rester attractives pour les investisseurs dans une optique de long terme » même si « la prudence reste de mise car les résultats des entreprises européennes sont rentrés dans une phase de révision à la baisse. Dans ce contexte, les secteurs défensifs sont à privilégier, notamment les télécoms, la pharmacie et la défense. Quelques opportunités méritent également d’être saisies sur des secteurs cycliques récemment pénalisés, notamment le luxe et le pétrole. » Pictet Asset Management adopte également un optimisme très prudent et conserve un « positionnement neutre sur la zone euro, arguant que : « bien que nous ayons pu observer une légère amélioration de l’économie de la région et que les valorisations y sont relativement bon marché, les craintes liées à la dette italienne pourraient s’étendre au cours des mois à venir et toucher l’activité des entreprises. »
La Chine pénalisée par les tensions avec les États-Unis
« Des frictions commerciales et une lutte américano-chinoise pour la suprématie dans le secteur des technologies pèsent de plus en plus sur les marchés », pour Blackrock.
Même analyse chez Allianz Global Investors qui parle de « guerre froide technologique », et chez Saxo Banque qui décrit « une guerre commerciale concernant les technologies de pointe ». Pour Christopher Dembik, responsable de la recherche macroéconomique chez Saxo Banque, « le principal et premier objectif des États-Unis est de freiner l’inéluctable leadership de la Chine dans le domaine. Le prochain champ de bataille de la guerre froide entre les deux superpuissances sera la 5G, comme en témoigne l’action en justice contre Huawei. » Allianz Global Investors va même plus loin, estimant que dans ce contexte, « les États-Unis comme la Chine pourraient chercher à créer des écosystèmes technologiques distincts. La « guerre froide technologique » qui risque d’en résulter aurait pour effet de peser sur les marges bénéficiaires, de freiner l’innovation et d’induire des disruptions au sein des chaînes logistiques internationales des entreprises du secteur de la technologie en Asie et aux États-Unis. »
Pour BFT Investment Managers, il convient de suivre de près l’évolution des tensions sino-américaines car, « en l’absence d’accord commercial entre les États-Unis et la Chine, les marchés resteront sous pression au premier semestre 2019. En revanche, en cas d’accord, un déclic est à anticiper : révision à la hausse des perspectives de croissance en Chine, soulagement sur les marchés émergents et reprise du cycle pour les entreprises de la « tech » ayant souffert en 2018. »
Rappelons en outre, comme le souligne si bien Allianz Global Investors, que « la Chine s’est engagée à rééquilibrer son économie en privilégiant la consommation et les services aux exportations. Le pays entend également réduire son endettement et encourager les entreprises publiques à maximiser leurs profits plutôt que l’emploi. Face à ces défis, la Chine a tout sauf besoin d’une guerre commerciale et technologique avec les États-Unis. »
Politique monétaire : la fin du QE, retour à la normale ou réajustement brutal ?
Le contexte de normalisation des politiques monétaires devrait insuffler « un regain de volatilité sur les marchés » selon Allianz GI. « Pour la première fois depuis la crise financière mondiale, [Pictet Asset Management prévoit] que ces cinq grandes banques centrales [États-Unis, Chine, zone euro, Japon et Royaume-Uni] vont, au total, revendre les actifs financiers qu’elles ont accumulés en raison de l’assouplissement quantitatif. »
La Fed marche sur des œufs avec la hausse des taux d’intérêt
Allianz GI souligne que « la Réserve Fédérale Américaine (Fed) relève ses taux d’intérêt et entame un « resserrement quantitatif » en réduisant son portefeuille obligataire. »
La hausse des taux d’intérêt américains sera bien une réalité en 2019. Elle pourra cependant être moins importante que l’a d’abord laissé entendre Jérome Powell, son annonce de resserrement monétaire ayant entraîné une chute brutale des marchés boursiers américains. Il ne pourrait donc y avoir que deux hausses consécutives des taux d’intérêt en 2019, relativement circonscrites. Mais l’incertitude domine. Pour Gaspal Gestion, « la remontée des taux de la Fed est devenue un sujet de crispation, le nombre de hausses à venir l’an prochain restant encore incertain. Le niveau des taux est particulièrement important dans un contexte où l’endettement des entreprises américaines est revenu à son plus haut niveau depuis 2008 ».
Mais les investisseurs pourront cependant tirer la situation à leur avantage selon Norman Villamin, CIO chez UBP, qui prévoit qu’en 2019, « le dollar devrait profiter d’une stabilisation de la croissance économique et de l’écartement des différentiels de taux d’intérêt entre les États-Unis et ses principaux partenaires commerciaux. »
La BCE se montre prudente
En zone euro, la fin de l’assouplissement quantitatif et la hausse des taux d’intérêt sont également à l’ordre du jour et là aussi le mouvement devrait être mesuré et progressif. Norman Villamin, CIO à l’UBP, s’attend « à ce que l’arrêt soit progressif afin d’éviter de faire dérailler une reprise encore fragile au sein de la région. » Il parie également sur le fait que la hausse des taux ne sera « pas attendue avant le second semestre 2019, au plus tôt », soulignant que « les différentiels de taux d’intérêt et de croissance devraient peser sur l’euro, qui aura ainsi du mal à rester fort tout au long de l’année. »
Les risques sont en effet nombreux. Allianz Global Investors craint que le resserrement quantitatif puisse « ébranler les valorisations excessives et accroître la volatilité des marchés », ce qui, chez CPR Asset Management, incite à penser que :
« La normalisation de la politique monétaire européenne pourrait être repoussée à 2020. »
Action, obligation, thèmes d’investissement, zone géographique : comment investir en 2019 ?
Pour investir, sélectivité et diversification avant tout !
Fini l’insouciance ! L’âge d’or qui a suivi la crise de 2008, avec la lente remontée des marchés, leur consolidation et les sommets atteints par les places boursières en 2018, est bel et bien terminé. Nous tenons d’ailleurs à rappeler que même si le Dow Jones a multiplié l’an dernier les records historiques, que le CAC 40 a versé des dividendes records cette même année (57 milliards d’euros tout de même), les places boursières ont aussi été largement chahutées l’an dernier, les fluctuations, fortes, ayant marqué les esprits et annoncé la fin d’un cycle boursier. AllianzGI parle même de « repli des marchés », décrivant « une tendance amorcée en 2018 ». Pour Allianz Global Investors, aujourd’hui vient la « nécessité de se montrer sélectif et d’opter pour une gestion active. Alors que s’ouvre une période marquée par une baisse des corrélations entre les actifs, une volatilité accrue et des performances en repli, en particulier sur les marchés d’actions, la gestion active (en termes d’allocation d’actifs et de sélection de titres) devrait jouer un rôle de plus en plus décisif. » BFT Investment Managers confirme : « la sélectivité devient primordiale ». Blackrock, dans ce contexte, rappelle l’importance d’un bon stock-picking en déclarant : « en ce qui concerne les actions, nous aimons la qualité : flux de trésorerie, croissance durable et bilans sains. »
L’originalité dans ses investissements permettra aussi de profiter des opportunités et l’investissement contrarien devrait signer son grand retour en 2019. Allianz Global Investors l’exprime en ces termes :
« comme les stratégies de diversification ne sont plus aussi efficaces car l’assouplissement quantitatif a donné lieu à des anomalies de valorisation dans de nombreuses classes d’actifs, les idées à contre-courant et les thèmes hors consensus pourraient susciter l’intérêt. »
Cet avis est partagé par BFT Investment Managers qui explique que « les bilans cumulés des trois principales banques centrales vont se réduire pour la première fois depuis 2009. La réduction de la liquidité apportée par les banques centrales aura un effet direct sur la liquidité des marchés. Dans ce contexte, il sera nécessaire d’intégrer ce critère de liquidité dans le choix des stratégies, en évitant notamment les « crowded trades » (stratégies trop répandues). »
Les obligations : une piste à explorer pour vos investissements
Actions ou obligations ? Que choisir ? Il est difficile de s’y retrouver comme l’explique BFT Investment Managers qui résume bien la situation : « l’évolution des corrélations entre les classes d’actifs en 2018 a mis à rude épreuve les techniques de construction de portefeuille, les obligations n’ayant pas rempli leur rôle d’actifs de repli. La corrélation entre actions et obligations va rester instable en 2019, avec des phases au cours desquelles les actions réagiront négativement à un mouvement de hausse des taux, et d’autres phases où les taux bénéficieront de l’effet de « flight to quality » lors de baisses des marchés actions. »
Dans cet environnement mouvant, la sélectivité sera le facteur clé de réussite. L’investisseur devra en effet déceler des opportunités de rendement dans un marché chahuté. Plusieurs pistes sont à explorer et notamment les marchés du crédit euro « investment grade » et « high yield » […] avec des spreads qui ont fortement augmenté en 2018 comme le souligne BFT Investment Managers. Attention cependant, la société de gestion alerte sur le fait que « sur le crédit européen, les spreads sont d’ores et déjà remontés à leurs niveaux antérieurs au plan d’achat d’obligations du secteur privé de la BCE. L’arrêt du « quantitative easing » (« QE ») européen devrait donc avoir peu d’impact sur ce segment de marché en 2019. Aux États-Unis, en revanche, les spreads ont moins remonté et les fondamentaux des entreprises paraissent moins solides (plus d’endettement) qu’en zone euro. » La prudence est donc de mise !
Les pays émergents recèlent d’opportunités de rendement
Autre piste à explorer : la dette des émergents. Attention cependant car pour BFT Investment Managers, si « la fin du cycle de resserrement monétaire américain rendra les pays émergents moins vulnérables, […] nombre d’incertitudes demeurent : politiques en Amérique Latine (Brésil, Mexique, Argentine) et géopolitiques en Asie avec l’impact de la guerre commerciale. Il faudra donc être encore une fois sélectif. »
Côté actions, les émergents sont aussi plébiscités par de nombreux experts. Pour Neuberger Berman : « avec […] une dynamique de milieu de cycle, ce sont le Japon, la Chine et les pays émergents qui offriront sans doute une meilleure source de rendement », estimant même que « les marchés émergents constituent l’opportunité la plus attrayante si nous ne connaissons pas un ralentissement mondial majeur pour 2019. » Pour Pictet Asset Management aussi « les actions des marchés émergents sont […] attractives. L’activité économique des pays en développement résiste mieux que dans les économies avancées, notamment grâce à la solidité de la Chine. Les actions des marchés émergents présentent des valorisations intéressantes, principalement en raison des devises de ces pays, qui s’échangent à des niveaux inférieurs à la juste valeur que nous leur attribuons. Les prévisions croissantes sur un ralentissement du rythme des resserrements monétaires de la Fed pour l’année à venir, qui pourraient affaiblir le dollar, devraient également soutenir les marchés émergents. En outre, de nombreux investisseurs redoutent toujours les marchés émergents dans leur ensemble, ce qui constitue pour nous un indicateur contraire haussier. »
Chine : miser sur le plus attractif des pays émergents
Enfin, il pourra également être intéressant de miser sur le marché chinois afin de profiter de l’influence croissante de la Chine en Asie soulignée par plusieurs analystes, qui insistent sur le rôle décisif de ce géant dans la région Asie, dans un contexte de diminution de l’influence américaine dans la région. Allianz Global Investors précise par exemple que « le programme d’investissement « One Belt, One Road » de la Chine constitue une source de financement importante pour les grands projets d’infrastructures dans toute la région. » Christopher Dembik, responsable de la recherche macroéconomique chez Saxo Banque va plus loin et prête à la Chine un rôle majeur bien au-delà de l’Asie, précisant que « le rôle de la Chine en tant que moteur de la croissance mondiale est central.
Le stimulus chinois représente 34 % de la croissance mondiale (soit l’équivalent du stimulus combiné des USA et de la zone euro), environ 70 % de la croissance du secteur manufacturier dans l’Asie émergente, et la Chine est le plus important importateur de près de 50 autres pays. » Et même si la relance semble trop tardive et insuffisante, Christopher Dembik considère que « le pays devrait de nouveau davantage apporter un soutien bienvenu à l’économie mondiale à partir du premier trimestre 2019, sous l’effet de la série de mesures annoncées lors de l’Economic Work Conference qui a eu lieu mi-décembre ». Le discours est très encourageant aussi chez Pictet Asset Management qui désigne le marché chinois comme le plus intéressant du moment en déclarant : « Nos indicateurs du cycle conjoncturel se sont dégradés pour les États-Unis, le Japon et la Suisse par rapport au mois dernier. Les principales mesures présentent dorénavant des évolutions économiques neutres ou négatives dans pratiquement toutes les régions. La seule exception est la Chine, où les stimulations menées par le gouvernement commencent à se convertir en dépenses d’infrastructures supplémentaires et les ventes au détail, hors automobile, tiennent plutôt bien le coup. »
Action : profiter d’un potentiel rebond en pariant sur des thèmes d’investissement porteurs
Que dire des autres actifs ? Pour certains experts, à l’image d’Amplegest, la baisse récente des indices actions est étonnante de par son ampleur. La société de gestion concède qu’elle revoit « légèrement à la baisse [ses] prévisions de croissance mondiale en 2019 » mais ne souscrit pas « au scénario de récession, ni aux États-Unis, ni en Europe », expliquant que « les marchés anticipent donc aujourd’hui beaucoup de mauvaises nouvelles ». Attention car la faible visibilité géopolitique ne permet pas à court terme d’augmenter le risque dans les investissements. Mais Amplegest tient à rappeler que « le potentiel de rebond des actions reste important en cas de bonnes nouvelles politiques ».
Il pourra notamment être intéressant de privilégier des titres de société dans des secteurs porteurs comme l’intelligence artificielle qui cette année encore s’impose comme un thème d’investissement favori. Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont également plébiscités par les investisseurs. L’ISR ou Investissement socialement responsable a donc la cote. Au cœur des préoccupations des investisseurs, les critères ESG représentent un intérêt à la fois sur le plan éthique mais aussi sur le plan financier. En effet, comme le souligne Allianz Global Investors, «l’intégration exhaustive des facteurs ESG dans les décisions d’investissement produit une valeur ajoutée qu’il serait difficile de répliquer par le biais d’un indice. » Dès lors, pourquoi s’en priver ?!
Or : le refuge ultime dans lequel investir ?
Enfin, pour conclure, nous reviendrons sur l’or, valeur refuge par excellence, qui pourrait bien cette année, dans un environnement compliqué, atteindre des sommets. Pour Christopher Dembik, responsable de la recherche macroéconomique chez Saxo Banque :
« L’or retrouve son statut d’actif stratégique ».
Il en veut pour preuve l’achat massif d’or, depuis début 2017, par plus de 20 pays à travers le monde, une première depuis plusieurs décennies. Quels facteurs expliquent ce nouvel âge d’or du précieux métal jaune ? Selon Christopher Dembik, « de nombreux pays cherchent à acquérir une plus grande indépendance politique et financière (dédollarisation) ; l’or sert d’outil de hedging face au dollar du fait des craintes concernant le déficit budgétaire américain ; et il constitue un actif idéal pour se diversifier en période d’accroissement substantiel du risque politique. »
Cholet Dupont ajoute : « le rôle protecteur de l’or pourrait être renforcé par l’interruption attendue de la hausse des taux de la FED ». De quoi en faire un actif phare en cette période troublée ! Pictet Asset Management l’a bien compris et affirme rester « surpondéré vis-à-vis de l’or, qui s’est bien comporté cette année et constitue encore une bonne couverture contre toute hausse-surprise de l’inflation », précisant que « l’association d’un affaiblissement de la dynamique économique, d’un changement de ton de la Fed et de pressions inflationnistes toujours en hausse constituent un soutien fort pour le métal jaune. »
Sources des images : Unsplash et Pexels.
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