Chaque année, les contribuables doivent rendre leur déclaration d’impôt sur le revenu dûment remplie courant mai-juin (la date exacte varie selon le département). Et les heureux propriétaires de Bitcoin, Ethereum, Ripple, Dash et autres crypto monnaies doivent mentionner sur leur déclaration les gains réalisés.
Quelle est la fiscalité en vigueur en 2024 pour les monnaies virtuelles ? Comment déclarer ses gains en crypto à l’administration fiscale ? Toutes nos explications pour remplir sa déclaration d’impôt 2024 des revenus 2023 quand on possède des crypto monnaies.
Sommaire
- Est-ce que les crypto sont imposables ?
- Quelle imposition pour mes cryptos si je suis un investisseur non professionnel ?
- Investisseur professionnel en crypto monnaies ou investisseurs privé en crypto monnaies : quel régime s’applique ?
- Quelle imposition pour l’activité de minage de crypto monnaie ?
- Quelle imposition pour le Staking de crypto monnaies ?
- Quelle imposition pour le lending de crypto monnaies ?
- Quelle imposition pour les NFT ?
- Comment calculer ses gains en monnaie virtuelle pour les transmettre aux impôts ?
- Comment déclarer ses cryptos aux impôts en 2024 ?
- Comment déclarer les comptes en crypto monnaies détenus à l’étranger ?
- Quand payer ses impôts cryptos en 2024 ?
- Comment payer ses impôts sur son trading de crypto monnaies via des produits dérivés ?
- Comment ne pas payer d’impôt sur les crypto monnaies ?
Est-ce que les crypto sont imposables ?
La fiscalité des monnaies virtuelles évolue régulièrement, en même temps que l’investissement en crypto actifs se démocratise.
Mais les gains réalisés en crypto sont imposables depuis 2014 et continuent de l’être. Il est obligatoire de déclarer annuellement au fisc ses opérations imposables en crypto monnaies et de dresser la liste des plus-values et moins-values. Notez toutefois que seules les transactions crypto-monnaies / monnaies fiat sont imposables. Les transactions crypto-monnaies / crypto-monnaies ne sont pas imposées. Vous serez également imposé en cas d’achat d’un bien ou d’un service en crypto-monnaies.
La taxation des gains réalisés en cryptos dépend du statut de l’investisseur. L’imposition n’est pas la même selon que l’on est un investisseur non professionnel ou un investisseur professionnel.
Quelle imposition pour mes cryptos si je suis un investisseur non professionnel ?
Avant le 1er janvier 2019, les monnaies virtuelles étaient soumises à la même imposition que les biens meubles, ce qui impliquait de déclarer chaque cession, dont la plus-value était imposée à hauteur de 36,2 %. Depuis cette date, les crypto monnaies sont imposables au titre des « actifs numériques », une nouvelle catégorie née de la volonté de l’État de donner un cadre réglementaire aux crypto actifs.
Depuis la loi de finances 2019, le traitement fiscal des cessions de crypto actifs réalisées est encadré. Les Français ont l’obligation depuis cette année-là de calculer et déclarer leurs gains imposables en crypto devises en même temps que leur déclaration de revenus. De fait, le contribuable est imposé sur les plus-values générées par son activité d’achat et de revente d’actifs numériques à titre occasionnel.
Le nouveau régime prévu par l’article 150 VH bis CGI soumet la plus-value globale sur actifs numériques à un impôt forfaitaire de 30 % (flat tax). La fiscalité de ce nouveau type d’actifs est donc similaire aux gains du capital puisque c’est le prélèvement forfaitaire unique ou flat tax qui s’applique (12,8 % d’impôt et 17,2 % de prélèvements sociaux). En cas de moins-value globale, cette dernière n’est ni déductible d’autres revenus, ni reportable sur l’année suivante.
À noter : il existe un abattement de cession de 305 euros par an pour les investisseurs non-professionnels. Ainsi, si le montant total des ventes n’a pas excédé 305 euros, il n’est même pas nécessaire d’indiquer le montant de la plus-value.
Depuis le 1er janvier 2023, les investisseurs peuvent choisir entre le PFU (prélèvement forfaitaire unique) à 30 % ou l’application du barème progressif de l’impôt sur le revenu (IR) sur les plus-values engendrées par leurs activités en crypto-monnaies. Ainsi, les investisseurs ne payant pas d’impôt seront taxés à 17,2 % seulement (montant des prélèvements sociaux) et ceux se situant dans la tranche d’imposition à 11 % seront taxés à 28,2 % seulement (11 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux).
Notez également que la CSG payée (9,2 %) sera déductible des revenus imposables à hauteur de 6,8 %, alors que celle incluse dans le PFU ne l’est pas.
Investisseur professionnel en crypto monnaies ou investisseurs privé en crypto monnaies : quel régime s’applique ?
Il était auparavant particulièrement difficile de savoir si l’administration fiscale vous considérait comme un investisseur professionnel ou non.
La situation est bien plus claire depuis le 1er janvier 2023, date à laquelle les règles du jeu ont évolué et se clarifient. Sont donc désormais considérés comme vendeurs non professionnels, les investisseurs vendant des crypto monnaies dans le cadre de la gestion de leur patrimoine privé, peu importe s’ils réalisent des ventes de manière occasionnelle ou habituelle ou qu’ils gèrent un gros volume de transaction.
Si vous vous posez la question, il y a fort à parier que vous soyez considéré comme investisseur particulier et non comme investisseur professionnel. En effet, selon l’administration, la qualification de professionnel doit rester l’exception et l’utilisation fréquente de l’outil informatique pour réaliser des échanges, tout comme le fait que les revenus de l’activité de trading soient supérieurs aux revenus professionnels ne sont pas des critères suffisants à eux seuls pour requalifier un contribuable de professionnel.
Quelle imposition pour l’activité de minage de crypto monnaie ?
Si vous pratiquez une activité de minage de crypto-monnaie, les gains liés à cette activité sont également imposables. Le minage relève du régime des bénéfices non commerciaux (BNC). Lors de la cession des crypto-monnaies, c’est bien sûr l’imposition sur les plus-values sur actifs numériques qui s’appliquera.
Quelle imposition pour le Staking de crypto monnaies ?
Rappelons que le staking correspond à l’immobilisation de crypto monnaies dans le cadre du bon fonctionnement d’une blockchain proof of Stake. Le verrouillage des jetons donne bien évidemment lieu à une rémunération. Comme pour le minage, les revenus du staking devraient donc relever des bénéfices non commerciaux au titre de l’année de perception et des plus-values sur actifs numériques au titre de l’année de cession. Certains estiment toutefois que les récompenses sont acquises à titre gratuit et sont simplement ajoutées aux portefeuilles, ce qui signifie qu’elles sont seulement imposées à 30 % lors d’une cession à titre onéreux. Mais ce point fait débat et le législateur serait bien inspiré de clarifier l’imposition des gains liés au staking.
Quelle imposition pour le lending de crypto monnaies ?
Le lending qui, comme son nom l’indique désigne un prêt, correspond à un prêt d’actifs numériques à une plateforme ou un protocole, afin de lui fournir des liquidités contre intérêts. En toute logique, ces gains relèvent donc de la fiscalité des revenus de créance au titre de l’année de perception (PFU à 30 %) et du régime des plus-values sur actifs numériques au titre de l’année de cession. Toutefois, certains estiment qu’ils devraient être considérés comme acquis à titre gratuit pour l’application du régime des plus-values sur actifs numériques lors de leur cession. Là encore, la question reste en suspens.
Quelle imposition pour les NFT ?
En ce qui concerne les NFT, la fiscalité n’est pas très claire. On pourra en effet les considérer :
- comme un actif numérique (PFU à 30 % ou barème de l’IR+PS si vous êtes un investisseur non professionnel) ;
- comme une œuvre d’art (6,5 % du montant de la cession ou 36,2 % du montant de la plus-value) ;
- ou comme un bien meuble (plus-value taxée à 36,2 % avec un abattement de 5 % par année de détention après 2 ans et cessions inférieures ou égales à 5 000€ exonérées).
Dans le doute, la qualification en actif numérique est sans doute celle à retenir. Cependant, en cas de gains importants, mieux vaut se rapprocher d’un avocat fiscaliste qui pourra réaliser une analyse personnalisée de votre situation.
Comment calculer ses gains en monnaie virtuelle pour les transmettre aux impôts ?
L’ensemble des portefeuilles numériques est concerné par la fiscalité et entre en compte dans un portefeuille global. Il conviendra donc de prendre en compte, pour calculer la valeur globale du portefeuille, toutes les crypto monnaies possédées et échangées au cours de l’année (Bitcoin, Ripple, Ether, Solana, Dogecoin, etc.) sur les différents comptes détenus sur toutes les plateformes utilisées (Coinbase, Bitpanda, Binance, Litebit, Kraken, etc.). Pour chaque opération imposable, il est recommandé d’évaluer la valeur de la plus-value (ou moins-value) en s’aidant de sites internet proposant des historiques de cotation journalière pour les différentes crypto monnaies.
Vous devrez ensuite faire le calcul de vos gains (ou pertes) en faisant la somme de toutes les plus values et moins-values réalisées sur l’année de toutes les « opérations imposables », ce que les spécialistes du sujet Waltio et ORWL Avocats décrivent comme « une cession d’un actif numérique avec une contrepartie autre qu’un actif numérique », précisant que « les échanges entre actifs numériques ne constituent pas des opérations imposables ».
Les transactions ne sont donc imposables que lors de leur passage en monnaie « fiat » comme par exemple l’euro, le dollar, le franc suisse ou toute autre monnaie nationale, y compris si l’argent reste sur la plateforme d’exchange sans bouger. Mais les arbitrages entre crypto-monnaies ne sont pas concernés. Si vous vendez des Litecoin pour acheter des jetons Cardano, vous ne serez pas imposés.
L’imposition intervient sur l’éventuelle plus-value (ou moins-value) dégagée lors d’une conversion contre une devise ayant un cours légal, d’un échange contre un bien (autre qu’un actif numérique) ou un service (donc un paiement) ou bien d’un échange avec soulte contre un autre actif numérique. Pour chaque opération imposable, la plus ou moins-value correspond au prix de cession des actifs numériques diminué d’une fraction des cash in (montant investi) égale à la fraction du cash out. Prenons un exemple : vous cédez 20 % de votre portefeuille. Vous devrez donc déduire du montant de la cession 20 % de ses cash in (c’est-à-dire le montant en fait dépensé pour l’achat d’actifs numériques) pour déterminer la plus ou moins-value.
Attention, si les plus et moins-values réalisées la même année se compensent entre elles, notez qu’en cas de moins-value globale, cette dernière n’est ni déductible d’autres revenus, ni reportable sur l’année suivante.
Soyez vigilant, ces calculs nécessitent de votre part de suivre minutieusement l’ensemble de vos cash in, mais aussi de pouvoir valoriser en euros l’ensemble de votre portefeuille lors de chaque opération imposable (pour déterminer la fraction que représente l’opération imposable sur le portefeuille).
Comment déclarer ses cryptos aux impôts en 2024 ?
Le montant annuel de la plus-value imposable doit être indiquée dans la case dédiée (« Plus ou moins-values sur actifs numériques ») de la déclaration de revenus.
En outre, il vous sera demandé de remplir une annexe jointe à la déclaration de revenus, fournissant le détail de toutes les opérations imposables de l’année. Il s’agit du formulaire Cerfa 2086 intitulé « Déclaration des plus ou moins-values de cessions d’actifs numériques » qui reprendra notamment :
- le prix de cession des actifs numériques ;
- le prix total d’acquisition du portefeuille ;
- la valeur globale du portefeuille d’actifs numériques au moment de la cession ;
- le montant de la plus ou moins-value réalisée sur l’opération imposable.
Comment déclarer les comptes en crypto monnaies détenus à l’étranger ?
Le contribuable doit également déclarer les comptes détenus sur des sites et plateformes domiciliés à l’étranger comme CoinBase, Bitpanda, Kraken, Binance, etc. Si le site sur lequel vous détenez des jetons de monnaie virtuelle est français (comme Coinhouse, Paymium, etc.), il est inutile de le mentionner.
La déclaration doit se faire à partir du formulaire 3916 Bis intitulé « Déclaration par un résident d’un compte d’actifs numériques ouvert, détenu, utilisé ou clos à l’étranger ». Là encore, ce formulaire est accessible depuis votre espace personnel de déclaration des impôts en vous rendant à l’étape 3 « Déclarations annexes ».
Attention, mêmes vides, les comptes détenus à l’étranger doivent être déclarés. Vous devrez également déclarer les comptes sur lesquels vous possédez des crypto devises pour lesquelles la conversion en devises traditionnelles émises par des États ne sont pas possibles. En revanche, les actifs numériques détenus sur un Ledger ou wallet cryptos physique ne sont pas concernés par cette obligation déclarative. Vous pouvez en effet détenir sur un portefeuille physique des jetons sans avoir à les déclarer. Toutefois les opérations de votre Ledger doivent évidemment être prises en compte dans le cadre du calcul de plus-value.
Attention : ne pas déclarer ses comptes crypto monnaies détenus à l’étranger est passible d’une amende de 750€ par compte.
Quand payer ses impôts cryptos en 2024 ?
Vous devrez tous les ans joindre à votre déclaration de l’impôt sur le revenu votre formulaire Cerfa 2086 pour payer les impôts liés à vos gains en crypto.
À noter : l’ouverture de la déclaration des impôts sur le revenu débute le 13 avril 2024. La date limite de déclaration varie selon le département de résidence.
Comment payer ses impôts sur son trading de crypto monnaies via des produits dérivés ?
Peut-être avez-vous fait le choix de vous positionner sur le marché des cryptodevises sans en détenir, au travers de produits dérivés ? Trader les crypto monnaies via des produits dérivés auprès de courtiers spécialisés comme eToro, XTB ou encore IG est en effet possible.
Dans ce cas, c’est la fiscalité des valeurs mobilières qui s’applique.
Cela signifie que vos gains sont taxés à la Flat Tax (30 %) mais que, exactement comme dans le cas de l’investissement en direct de crypto monnaie, vous avez également la possibilité d’opter pour l’imposition au barème progressif de l’Impôt sur le Revenu (IR) auquel vous devrez ajouter 17,2 % de prélèvements sociaux si cela est plus avantageux pour vous, ce qui est généralement financièrement plus intéressant pour les particuliers dont la tranche marginale d’imposition est à 0 et à 11 %. Enfin, et c’est là un gros avantage par rapport à la fiscalité de l’investissement en direct dans les crypto-monnaies, avec l’investissement en monnaie virtuelle via des produits dérivés, les moins-values peuvent être déduites des plus-values de même nature et sont reportables pendant 10 ans.
Comment ne pas payer d’impôt sur les crypto monnaies ?
Comme indiqué précédemment, il existe pour les investisseurs non professionnels un abattement de cession annuel d’un montant de 305 euros.
Mais il existe également un autre moyen de retarder et réduire l’imposition en jouant sur le fait que les arbitrages entre monnaies virtuelles ne sont pas fiscalisés. Il peut donc être judicieux de convertir la crypto monnaie que l’on veut vendre en un stable coin indexé sur une devise fiat (euros, dollars, etc.) pour ne pas payer d’impôt, surtout si l’on envisage ensuite de réinvestir cette plus-value latente sur une autre crypto monnaie.
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