On associe assez peu la finance à quelque chose de positif et constructif. Le « business » est un domaine dans lequel on ne fait pas dans les sentiments. Cela a sans doute voir avec l’opposition cœur et raison au centre de la pensée de Pascal et qui régit depuis bon nombre de fictions du chef d’œuvre de Jane Austen (Raison et sentiment) aux séries à succès Netflix (Les demoiselles du Téléphone). Et en France, la situation semble être plus marquée encore où la finance et l’argent sont honnis (pensons aux célèbres « Je n’aime pas les riches » de l’ancien président Hollande ou encore « mon ennemi, c’est la finance »), mais pas tant que ça finalement si l’on en croit la célèbre citation d’Anatole de Monzie : « Les Français ont le cœur à gauche et le portefeuille à droite ».
La monde de la finance s’est depuis plusieurs années emparée du problème et offre désormais une réponse à la recherche de sens de la part d’investisseurs particuliers désireux de changer les choses avec leur argent. Les banques coopératives défendent depuis longtemps cette cause en proposant notamment à leurs clients des produits et services bancaires solidaires à l’image du Crédit coopératif. Ce qui est intéressant, c’est que même les grandes banques privées se mettent au diapason de cette tendance forte. C’est même le nouveau positionnement adopté par la maison Edmond de Rothschild qui égrène sur papier glacé des publicités aux messages forts : « On ne spécule pas sur l’avenir, on le construit », « C’est ce qu’on fait avec l’argent qui est capital ».
Dans ce contexte, on ne s’étonnera pas que l’investissement socialement responsable qui s’est développé à partir du début des années 2010 soit devenue une tendance lourde qui ne fait que s’amplifier. Découvrez les différentes facettes de ce type d’investissement, la différence entre ISR et ESG, notre focus sur les obligations vertes, le rôle de la finance dans l’accompagnement de la transition écologique et notre analyse sur le risque de greenwashing.
ISR et ESG : quelles différences ?
L’ISR, abréviation de « Investissement Socialement Responsable », renvoie à une idée d’investissement responsable et durable. Ainsi, un fonds estampillé ISR privilégie les actions d’entreprises performantes sur le plan financier tout en prêtant une attention équivalente à la mesure de critères dits ESG. « ESG » est l’abréviation de « Environnement Social Gouvernance », et désigne donc les critères qui se rattachent à l’ISR.
L’investissement ISR sélectionne donc des entreprises en fonction de leur impact environnemental (émission de CO2 ou consommation d’eau par exemple), social (avec un fort attachement au respect des salariés et du droit du travail) et avec un modèle de gouvernance transparent (indépendance du conseil d’administration ou encore vérification des comptes par un comité indépendant par exemple).
Selon Candriam Investors Group, investir dans l’ISR, c’est « faire le choix d’entreprises qui contribuent au développement durable de l’économie, favorisent les avancées sociales et participent au bien-être des générations futures ».
Il faut aussi bien avoir à l’esprit que les entreprises qui gaspillent le moins, polluent le moins et entretiennent des relations profitables avec leurs différents partenaires sont celles qui ont le plus de chance de se développer. L’ISR part certes d’une bonne intention mais n’est pas non plus exempte de la volonté de faire du profit et de miser sur des entreprises financièrement intéressantes.
À noter : l’ « UN PRI », désignant les « Principes pour l’Investissement Responsable des Nations Unies » sont également à rapprocher de l’ISR. Lancés par les Nations Unies en 2006, il s’agit d’un engagement volontaire qui s’adresse au secteur financier et incite les investisseurs à intégrer les problématiques Environnementale, Sociale et de Gouvernance (ESG) dans la gestion de leurs portefeuilles.
Le marché des green bonds ou obligations vertes
« Alors que les engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat exigent de mobiliser des ressources sans précédent, les marchés financiers s’imposent comme une source de financement capitale » explique la Banque mondiale en présentant les green bonds comme une option « dont disposent les entreprises du secteur privé et les établissements publics soucieux de soutenir des investissements respectueux du climat et de l’environnement ». En effet, rappelons que les green bonds ou obligations vertes sont des emprunts destinés à financer un projet ou une activité contribuant à la transition énergétique ou écologique. Il s’agit donc d’une réponse organisée des marchés financiers qui peu à peu se préparent à financer la transition écologique. Leur succès témoignent de cet engouement de la finance pour la problématique environnementale. Ainsi, S&P Global Ratings anticipe un volume d’émissions record des green bonds de 200 milliards de dollars en 2018 (contre 155 milliards en 2017). Il s’agit là d’une hausse plus que significative, même si l’on constate un ralentissement de la croissance de ce marché (+30 % contre +80 % par an en moyenne au cours des cinq dernières années), signe que le marché devient aussi plus mature.
La finance est-elle prête à la transition écologique ?
La transition énergétique ou transition écologique désigne « le passage d’un système énergétique qui repose essentiellement sur l’utilisation des énergies fossiles, épuisables et émettrices de gaz à effet de serre (que sont le pétrole, le charbon et le gaz), vers un bouquet énergétique donnant la part belle aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique » souligne Novethic, filiale de la caisse des dépôts et accélérateur de transformation responsable. À l’instar de cette organisation, de nombreuses entités oeuvrent au financement de cette transition et l’on peut par exemple citer Finance for Tomorrow ou encore Global Compact.
On l’a vu, le boom des green bonds ces dernières années indique une prise de conscience du secteur. Le formidable essor de l’investissement ISR est un second indice. L’indicateur Novethic de l’ISR de conviction révèle des chiffres encourageants : en 2017, on recensait en France 404 fonds ISR, pour un encours total de 134,7 milliards d’euros, soit une progression de +14 % par rapport à l’année précédente.
L’exécutif actuel, relativement sensible aux questions écologiques, la position de la France sur la question du réchauffement climatique, mais aussi une opinion publique de plus en plus engagée dans ce combat devraient participer à asseoir le phénomène.
Finance durable : attention au greenwashing
Derrière ce nom barbare que l’on pourrait traduire par « éco-blanchiment » se cache le principal écueil du succès de l’ISR : la tentative, en usant d’actions marketing et de communication, de se construire un positionnement écologique qui ne soit en réalité qu’un positionnement et ne reflète en rien les valeurs et actions de l’entreprise. Cette terminologie est souvent utilisé par les ONG pour stigmatiser les entreprises qui tentent d’afficher des préoccupations environnementales qu’elles sont loin d’avoir dans leurs pratiques.
En effet, le fort engouement que suscite l’écologie peut mener à cette dérive qui pourrait aussi toucher la finance verte et l’investissement socialement responsable. Cependant, la finance semble relativement bien protégé contre ce phénomène car le label ISR, lancé en 2016 par Michel Sapin alors ministre de l’économie, a notamment pour mission de lutter contre ces abus et dérives.
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