ProRealTime Web - Des graphiques professionnels 100% gratuit
Fintech et banque traditionnelle : le mariage de raison ?

Fintech et banque traditionnelle : le mariage de raison ?




À l’heure où l’on assiste à des rapprochements stratégiques de géants de l’industrie bancaires et jeunes pousses du secteur financier, notre portrait de ces deux opposés qui semblent tout de même s’attirer. Enquête sur un mariage de raison qui a tout, pour l’un comme pour l’autre, d’une nécessité.

Quelles différences entre fintech et banque traditionnelle ?

On a beaucoup écrit déjà sur les fintechs, les start-ups de la Tech des services financiers mais aussi sur les banques traditionnelles, dans nos colonnes bien sûr, mais aussi dans la presse généraliste et spécialisée, sans pour autant souligner à quel point ces deux modèles s’opposent.

Clément Coeurdoeil, CEO de Budget Insight, lors de la Table ronde « Comment les données vont-elles réinventer les business models des services financiers ? » qui s’est tenue lors de le la manifestation Fintech Revolution 2018 soulignait bien les différences existantes entre fintech et banque traditionnelle. Il s’agit selon lui d’un « miroir parfait en terme d’agilité, de richesse, de business model ».

Si l’on comprend bien la différence qui les oppose en termes de richesse : les banques traditionnelles brassent des milliards quand les fintechs sont heureuses de lever quelques millions, on peut en revanche s’attarder sur les différences en termes d’agilité et de business model.

Nous examinerons ces différences en s’intéressant aux thèmes des données. Les banques traditionnelles en regorgent, les fintechs se battent pour y avoir accès car elles servent de base à la construction de leurs services. Clément Courdoeil explique la situation en ces termes : « les banques et les institutions financières sont riches de données. Pourtant, elles ont du mal à en tirer de la valeur. » Pourquoi ? Deux phénomènes peuvent expliquer cela. D’abord, pour Charles de Gastines, CEO de Paylead, parce que « les banques sont des mastodontes, piégés dans un cadre réglementaire qui les étouffe ». Clément Courdoeil explique que « quand une banque veut exploiter ses données, elle se dit, est-ce que j’ai le droit de le faire ? Une Fintech se demande d’abord est-ce que je vais créer de la valeur pour le client ? » Il s’agit d’un prisme totalement différent : la Fintech est agile, inventive, pleine d’initiatives ; la banque traditionnelle est elle paralysée. L’autre explication au fait que les banques accumulent les données sans les utiliser, c’est le millefeuille de systèmes informatiques. Clément Courdoeil explique qu’elles sont incapables « d’extraire des données dans un environnement où elles pourront les exploiter à cause d’une agrégation invraisemblable de systèmes d’informations ». Une situation qui lui fait dire : « Je vends aux banques les données qu’elles ont déjà ». Les fintechs se contentent souvent en effet de les extraire et de les exploiter.

L’un des enjeux majeurs derrière ce process, c’est tout de même la transparence, caractéristique de la Fintech qui vient se heurter à l’opacité de la banque traditionnelle. Pour la fintech, la data est un moyen d’améliorer les process et l’expérience client ; pour la banque traditionnelle, la data est non exploitée, secrète, son extraction représente un problème. Le règlement général pour la protection des données (RGPD) issue d’une directive européenne va aussi davantage encadrer et clarifier la situation actuelle.

Deux modèles éthiques s’affront ainsi selon Jonathan Herscovici, CEO de WeSave, membre du bureau de France Fintech qui parle de la transparence de la Fintech quand la banque traditionnelle a érigé « l’opacité en modèle éthique ». La donne devrait changer rapidement selon lui car « jusqu’à aujourd’hui le business model de distribution de l’épargne était orienté vers la vente du produit. Avec Mifid 2, la limitation de la rétrocession et l’exigence de transparence vont changer la donne. La rémunération pour l’acteur financier ne se fera plus via une commission lors de la vente du produit au particulier mais sur le conseil qui lui aura été apporté. »

Le business model de la Fintech est la simplification de l’expérience utilisateur, celui de la banque traditionnelle, c’est le secret bancaire. Les deux entités ont pour objectif via ces business models d’obtenir la confiance du client. Or, les clients sont de plus en plus demandeurs de transparence, surtout les jeunes générations qui représentent la clientèle de demain.

On peut supposer de ces deux modèles antagonistes qu’ils s’opposent dans tous les sens du terme et se vouent une guerre sans merci. Et pourtant ! Comme le décrit si bien Emmanuel Touboul, Directeur des programmes d’accélération L’Atelier BNP Paribas pour Fintech Revolution 2018 : il y a quelques années encore «  les fintechs et les banques étaient en guerre. Les premières annonçaient la mort des secondes et les secondes ignoraient les premières ». Mais le tableau a bien changé depuis ! Comme le souligne Caroline Lamaud, co-fondatrice d’Anaxago, membre du bureau France Fintech : « le secteur se réorganise : les évolutions prennent différentes formes : de l’incubation au rachat et M&A ».

Fintech et banque traditionnelle : les raisons d’un rapprochement

Banque traditionnelle : un passage obligé pour la fintech ?

Caroline Lamaud, co-fondatrice d’Anaxago, membre du bureau France Fintech dépeint la situation actuelle : « De nombreuses entreprises fleurons de l’industrie fintech ont fait le choix de se rapprocher d’institutions financières pour écrire la nouvelle étape de leur croissance : BNP Paribas pour Compte Nickel, La Banque Postale pour le groups KissKissBankBank, Natixis pour Payplug et Dalenys. »

Pour accompagner les consommateurs et réellement croître aujourd’hui grâce à une intégration complète de la chaîne de valeur, se faire racheter est devenue pour les Fintechs une option plus qu’envisageable, enviable même.

Emmanuel Touboul, Directeur des programmes d’accélération L’Atelier BNP Paribas l’explique ainsi : « Les Fintechs, face à un marché complexe à pénétrer, verrouillé par nature, ont commencé à développer des modèles B2B, voyant dans les banques traditionnelles des clients, des partenaires stratégiques qu’il leur faudrait séduire pour lever des fonds. La situation s’est donc apaisée, les banques cherchent de plus en plus de synergies avec les Fintechs, ce qui se traduit par des partenariats, des prises de participation ou des acquisitions. »

Côté Fintech, on en convient également. Jonathan Herscovici, CEO de WeSave lors de l’après-midi Fintech Revolution 2018 déclarait : « il est difficile pour une Fintech d’attaquer le marché en B2C car les coûts d’acquisition sont très élevés ». Hugues Le Bret, CEO de compte Nickel explique lors de l’évènement Fintech Revolution 2018 que le rapprochement de sa fintech avec BNP Paribas a permis « une synergie de coûts, une synergie de clientèle, une potentielle synergie de revenus ».

Il semble alors qu’une fintech ne peut vivre à long terme loin des institutions financières. À moins qu’elle n’arrive via le crowdfunding ou le crowdlending à lever suffisamment de fonds pour se développer et se faire connaître.

Rachat de fintech : une nécessité pour la banque traditionnelle ?

La vague de rachat des fintechs par les grands groupes bancaires permet aux acteurs traditionnels de rattraper leur retard et d’adapter leur offre. « Les fintechs sont une formidable opportunité pour les banques » déclare Emmanuel Touboul, Directeur des programmes d’accélération, L’Atelier BNP Paribas. John Egan CEO de l’Atelier BNP Paribas confirme lors de l’évènement Fintech Revolution 2018 expliquant qu’elles permettent « un changement profond de la banque de détail » qui l’amène à revoir son attitude même vis-à-vis de ses clients qui passent du statut de « consumer » à « User ».

Transparence et expérience utilisateur s’invitent ainsi peu à peu dans l’univers des banques de détails, les incitant à davantage mettre le client au centre d’offres de service plus claires et lisibles, notamment via la déclinaison de leurs services avec des banques en ligne (Boursorama appartient à la Société Générale et Hello Bank ! à BNP Paribas) et neobanques (Compte Nickel a été racheté par BNP Paribas).

Ce couple Fintech/banque traditionnelle représente-t-il réellement l’avenir de l’industrie financière ? Pas sûr ! Pour Caroline Lamaud, co-fondatrice d’Anaxago, membre du bureau France Fintech : « ensemble et intégrées, les fintechs représentent une véritable alternative ». Elle va jusqu’à avancer la forte probabilité « que l’on puisse bientôt se passer de banque traditionnelle. L’Homme de 2020 disposera d’un compte N26 pour ses achats du quotidien, fera appel à Younited Credit pour son prêt à la consommation, investira sur Anaxago en capital et prêtera sur Lendix, il sera conseillé par WeSave, etc. ». D’autant que « les attentes en termes de services bancaires sont très différentes entre les 50 ans et les Millenials » comme l’a si bien fait remarqué Clément Coeurdoeil, CEO de Budget Insight lors de l’évènement Fintech Revolution 2018.

Toutes nos informations sont, par nature, génériques. Elles ne tiennent pas compte de votre situation personnelle et ne constituent en aucune façon des recommandations personnalisées en vue de la réalisation de transactions et ne peuvent être assimilées à une prestation de conseil en investissement financier, ni à une incitation quelconque à acheter ou vendre des instruments financiers. Le lecteur est seul responsable de l’utilisation de l’information fournie, sans qu’aucun recours contre la société éditrice de Cafedelabourse.com ne soit possible. La responsabilité de la société éditrice de Cafedelabourse.com ne pourra en aucun cas être engagée en cas d’erreur, d’omission ou d’investissement inopportun.