Découvrez la thématique d’investissement transition énergétique et décarbonation présentée par Mark Lacey, gérant spécialisé sur la transition énergétique chez Schroders.
Qu’est-ce que la décarbonation et la transition énergétique ?
La décarbonation consiste à passer d’un système énergétique fondé sur les combustibles fossiles (pétrole, gaz et charbon) qui présentent de fortes émissions de carbone à un système dominé par la production d’électricité propre et renouvelable.
La production d’énergie renouvelable représente la partie la plus visible de la transition énergétique. Cependant, elle n’est qu’un aspect de la transition en cours. Le stockage d’énergie, les infrastructures de transport électrique et les réseaux de transport et de distribution d’électricité constituent également une partie très importante de cette thématique.
Cette transition vers la décarbonation constitue une opportunité d’investissement à long terme, qui transformera l’ensemble du système énergétique au cours des 30 prochaines années et au-delà. La poursuite des objectifs climatiques impose des investissements sur l’ensemble de la chaîne de valeur de la transition énergétique, dans tous les domaines mentionnés ci-dessus.
Comment réaliser la transition de notre système énergétique ?
L’objectif de la transition énergétique vers un monde « décarboné » est de réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO2) liées à l’énergie, en vue d’atteindre les objectifs climatiques mondiaux de l’Accord de Paris adopté fin 2015 lors de la COP 21. Cet accord qui a été adopté par de nombreux pays vise à limiter le réchauffement de la planète à un niveau inférieur à 2°C et à poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5°C.
Afin de réaliser la transition de notre système énergétique, trois principaux changements structurels doivent intervenir d’ici 2050.
Le premier consiste à faire passer la part des énergies renouvelables dans le parc de production mondial d’électricité de 25 % aujourd’hui à 85 % en 2050. Le deuxième est de faire passer la part de l’électricité dans la consommation finale d’énergie de 20 % aujourd’hui à 50 % d’ici 2050. Le passage à d’autres combustibles « à faible teneur en carbone », tels que l’hydrogène vert, sera également nécessaire. Enfin, il faut améliorer de 66 % l’intensité énergétique de l’économie mondiale.
Entre 2010 et 2020, le taux d’amélioration de l’intensité énergétique – c’est-à-dire la quantité d’énergie nécessaire pour produire une unité du PIB – a été d’un peu plus de 2 % en moyenne. Ce taux doit être porté à plus de 3 % à l’avenir pour réduire la croissance globale de l’énergie consommée. Si ces trois objectifs centraux ne sont pas atteints, il sera très difficile de limiter l’augmentation de la température mondiale à moins de 2°C.
Quels sont les principaux leviers de croissance de la transition énergétique ?
Les trois moteurs de croissance à long terme de la transition énergétique sont l’amélioration des fondamentaux économiques des énergies propres, les politique de soutien des gouvernements et la demande accrue des consommateurs. Ils concernent chacun des domaines concernés par cette transition, détaillés ci-après.
Production d’énergie propre
La production d’énergie propre constitue la première étape de la transition. Il s’agit en outre d’un domaine dans lequel le soutien des gouvernements ne s’est jamais démenti, aussi bien en termes de subventions que de mesures visant à encourager la croissance du marché.
Grâce aux progrès technologiques et aux économies d’échelle, les énergies renouvelables sont désormais compétitives par rapport aux combustibles fossiles, même sans subventions. En outre, la demande de technologies générant moins d’émissions – comme les véhicules électriques – devrait alimenter la croissance de la production d’énergie propre.
Cette montée en puissance crée de nouvelles opportunités pour les entreprises de services aux collectivités possédant une expertise en matière d’énergie renouvelable ainsi que les petits producteurs d’énergie indépendants qui se concentrent sur l’énergie renouvelable. Elle bénéficie également aux entreprises qui produisent des équipements tels que les éoliennes et les panneaux solaires.
L’hydrogène a un énorme potentiel en tant que combustible clé au sein d’une économie à faibles émissions de carbone.
Alors que l’électricité renouvelable jouera un rôle essentiel dans la réduction des émissions au niveau mondial, l’hydrogène (dont la combustion n’émet pas de CO2) pourrait être déterminant pour décarboner des activités telles que les processus industriels lourds, l’industrie manufacturière et l’aviation. Il peut faire presque tout ce que le gaz naturel fait dans l’économie actuelle et peut également remplacer de nombreuses utilisations non énergétiques du charbon et du pétrole. Le problème est qu’il est encore très coûteux par rapport à des alternatives à plus forte intensité de carbone. Cela pourrait changer dans les années à venir, alors que l’UE, le Japon, la Corée et les États-Unis visent une utilisation accrue de l’hydrogène propre au sein de leurs économies.
Transport et distribution d’énergie propre
Les régions présentant les meilleures caractéristiques pour la production d’énergie renouvelable – vents réguliers ou ensoleillement important – sont rarement situées à proximité des lieux de consommation d’énergie. Par exemple, aux États-Unis, la « ceinture du vent » est située au centre du pays alors que la majorité de la population vit sur les côtes.
Le raccordement de nouveaux projets d’énergies renouvelables au réseau électrique crée donc des opportunités d’investissement pour les entreprises qui gèrent le système de transport électrique à grande échelle. Parallèlement, le besoin accru de lignes de transmission nécessite de nouveaux équipements électriques, notamment des câbles, ce qui dynamise ces segments de marché. À l’échelle mondiale, le nombre de transformateurs et la longueur des lignes électriques devront être doublés d’ici 2050 pour permettre la croissance des énergies renouvelables (source : Clean Technica, 2018). Si ces travaux ne sont pas réalisés, les parcs solaires et éoliens ne pourront tourner à plein régime et envoyer l’électricité produite au réseau.
D’autre part, l’augmentation de la demande d’électricité par rapport à d’autres sources d’énergie entraînera une augmentation de la charge quotidienne sur l’ensemble des réseaux électriques. De nombreux réseaux existants devront être remplacés ou mis à niveau pour pouvoir faire face à cette charge plus élevée et éviter des pannes fréquentes.
Afin de gérer efficacement la montée en puissance de la demande d’électricité, il convient de mettre à niveau l’ensemble du réseau de distribution (le réseau local qui relie les lignes électriques aux maisons), en s’appuyant sur des technologies plus robustes et plus intelligentes. Les services aux collectivités qui gèrent ces réseaux bénéficieront de cette évolution, tout comme les entreprises qui fabriquent des composants électriques indispensables (sous-stations, transformateurs, etc.).
Stockage de l’énergie
Si de grandes quantités d’énergie bon marché peuvent être générées en période de vent et de soleil, la situation se complique lorsque le soleil ne brille pas et que le vent cesse de souffler.
C’est alors qu’intervient le stockage d’énergie. Les solutions de stockage permettent de mieux gérer cette alimentation intermittente et de s’assurer que l’électricité est disponible au moment requis. Des opportunités apparaissent pour les spécialistes des batteries ainsi que pour les entreprises impliquées dans la conception et la fabrication d’une gamme de plus en plus étoffée de produits de stockage.
Infrastructures de transports électriques
La popularité croissante des véhicules électriques et la demande d’électricité qui l’accompagne ne font que souligner ce besoin de stockage. En effet, la capacité de recharger les véhicules électriques, au domicile ou à l’extérieur, est en passe de devenir un enjeu essentiel. La progression des véhicules électriques dans la flotte mondiale nécessite une hausse concomitante du nombre de stations de chargement. Selon la Commission européenne, un ratio véhicules/points de recharge supérieur à 10 découragerait le consommateur moyen envisageant l’achat d’un véhicule électrique.
De fait, les opportunités de bénéfices significatives liées à la fabrication, à l’installation et à l’exploitation de points de recharge ont déjà attiré un certain nombre d’acteurs, dont des entreprises de services aux collectivités, de nouvelles sociétés spécialisées et des « majors » du pétrole et du gaz.
Quels risques peuvent menacer le secteur de la transition énergétique ?
Au moment même où le mouvement en faveur de la transition énergétique commençait à s’intensifier fin 2019, l’épidémie de Covid-19 et sa propagation rapide à travers le monde ont déclenché une crise sanitaire et économique mondiale. L’activité des entreprises a été perturbée et les actions ont subi une forte correction, y compris celles du secteur de la transition énergétique. Puis est venu le temps de la reprise, qui pour les entreprises de ce secteur, a été pour le moins spectaculaire. Depuis les plus bas de mars 2020 à fin septembre 2020, l’indice MSCI Global Alternative Energy a progressé de 68,3 %, dépassant largement les plus hauts précédents.
Malgré les répercussions de l’épidémie de Covid-19, les trois moteurs à long terme de la transition énergétique, à savoir l’amélioration de la rentabilité, les politiques de soutien et l’augmentation de la demande des consommateurs, ont continué de favoriser la transition structurelle à long terme vers un système énergétique plus durable. L’ironie veut que, en raison de la crise, ils soient en fait peut-être plus forts maintenant qu’ils ne l’ont jamais été.
Quelles sont les conséquences de la crise sanitaire et économique sur la transition écologique ?
Dans l’ensemble, la crise sanitaire et économique a eu un impact négatif à court terme mais ne remet pas en cause les fondamentaux de long terme, bien au contraire. Nous attendons beaucoup des plans de relance pour faire avancer les solutions et répondre à l’urgence climatique.
Nous voyons des développements encourageants. Dans un contexte de difficultés économiques, on observe que ce sont plutôt les projets liés aux énergies traditionnelles qui pâtissent des coupes budgétaires. Les dépenses dans de nouvelles capacités d’énergie renouvelable ont augmenté de 5 % en glissement annuel malgré la Covid-19. Par ailleurs, la demande de technologies associées à la transition énergétique reste très résiliente notamment sur le marché mondial des véhicules électriques. Avec la pandémie, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique s’est considérablement accrue lorsque la demande d’électricité a diminué. Dans un certain nombre de pays, sur ces six derniers mois, la part des énergies renouvelables dans la consommation totale a atteint des records. Le point plus mitigé est lié à la mobilité durable. La pandémie et le confinement des populations que celle-ci a impliqué a bien évidemment réduit le trafic ferroviaire. Dans ce contexte, le Pacte vert européen qui promet des « investissements pour la renaissance du rail » dans le but d’aiguiller les passagers et le fret vers les principales lignes ferroviaires sera déterminant.
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