L’Australie est-elle suffisamment éloignée des marchés européens et américains pour éviter la crise de la dette et se présenter comme alternative à un occident saturé ? L’ASX peut-il échapper fuir à l’effet papillon ?
Alors que les États-Unis sont moribonds et que la zone euro se bat contre la crise de dette, l’Australie se porte bien : un rating AAA, une croissance économique soutenue, un chômage faible et des finances publiques équilibrées.
Sur les épaules de la Chine
Dette publique faible
A moins de 30% du PIB, l’endettement public est le plus faible du monde développé. Et les projections mettent la dette publique à seulement 10% du PIB en 2016.
Secteur financier solide
Le secteur financier échappe à la crise de la dette souveraine en Europe. Selon la banque centrale australienne (RBA), l’exposition totale du secteur financier australien à l’Europe était de €68,2 milliards à la fin de l’année 2011. Cela représente 2,7% de ses actifs, dont €58,4 milliards sont empruntés à des pays jugés solides, comme l’Allemagne et les Pays Bas.
Finalement, alors que l’Europe se débat avec des taux à deux chiffres, le chômage australien avoisine les 5,2% (contre 10,2% en France).
Quelques nuages à l’horizon
Malgré tous ces chiffres positifs, tout n’est pas tout rose en Australie.
La force du dollar australien pénalise les exportateurs
Principal tendon d’Achilles de l’Australie : la force de sa devise. Le dollar australien (AUD) atteint des niveaux record. L’AUD affiche une progression d’environ 8% face à l’euro, 10% face à l’USD sur un an, et quasiment 40% depuis 2009.
La force du dollar australien nuit aussi au secteur financier. Le financement offshore est passé de €31 milliards en janvier 1990 à €246 en janvier 2012. La RBA tente de lutter en baissant ses taux d’intérêts directeurs. A 4,25% au début de la crise, ils sont à 3,5% aujourd’hui.
Le boom minier ralentit
Le boom minier ne suffit pas à soutenir cette gigantesque économie qui risque de se développer à deux vitesses : au nord et à l’ouest, des régions prospères ; au sud et à l’est, une rust belt, des industries manufacturières, du tourisme et du commerce de détail.
Alors que l’industrie minière a créé plus de 60 000 emplois en 2011, le commerce de détail et l’industrie, eux, en ont supprimé 50 000. Ford va fermer sa production australienne ; Toyota a licencié 350 travailleurs et Qantas devrait supprimer 500 emplois ces prochains mois.
Un secteur matières premières très exposé au ralentissement chinois
Même le secteur des matières premières commence à perdre de sa vigueur.
Avec une Europe qui n’achète que 7% de ses exportations, l’Australie parait peu sensible à l’activité américaine et européenne, mais son principal client, la Chine, est en plein ralentissement économique. Les exportations chinoises chutent, trop chères pour les marchés occidentaux, surtout avec un yuan à parité avec le dollar US, et la demande de biens miniers australiens perd élan.
Conclusion
Même si la surévaluation du dollar australien et le ralentissement de l’économie chinoise pèsent sur sa croissance économique, l’Australie reste une alternative crédible. L’économie australienne n’a pas connu une seule récession depuis plus de 20 ans, et le gouvernement devrait même présenter un excédent budgétaire l’an prochain.
Mieux vaut une Australie trop exposée à la puissante Chine qu’à la moribonde Europe.
Teresa Marques