Le Japon renoue avec la croissance
Le Japon suscite depuis quelques semaines un intérêt renouvelé de la part des investisseurs. Le volontarisme réformateur du Premier ministre Shinzō Abe contribue à relever le moral des ménages et des entreprises comme celui des investisseurs. “Les flux de capitaux vers le Japon connaissent une forte progression”, confirme Catherine Yeung, Investment Director chez Fidelity Worldwide Investment.
Les trois piliers de la politique économique japonaise – relance bubdgétaire, politique monétaire ultra-souple et processus de dérégulation – ont permis au pays de renouer avec une croissance de 0,9 % sur la période avril-juin, soit un chiffre annualisé attendu de 3,8 %.
Si l’annonce d’un relèvement de la taxe sur la consommation prévu pour le 1er avril 2014 implique un risque de tuer la reprise de la consommation des ménages dans l’œuf , la décision de Shinzō Abe de l’associer à un nouveau plan de relance de 5 000 milliards de yens (environ 38 milliards d’euros) se veut rassurante.
De plus, le Japon recèle un moteur de croissance jusqu’ici peu exploité : les femmes. En effet, un rattrapage du taux d’emploi des femmes au niveau de celui des hommes représente un potentiel de contribution à la croissance japonaise de 14 %. Afin de faciliter l’accès des femmes au marché du travail et de stimuler le taux de natalité en berne, la politique Womenomics de Shinzō Abe prévoit notamment le développement des modes de garde d’enfants et de la flexibilité au travail. Le Premier ministre souhaite également réduire l’écart de salaires hommes-femmes, qui demeure très élevé à 30,2 % (contre 20,1 % aux Etats-Unis par exemple).
La tenue des Jeux Olympiques sur le sol japonais en 2020 devrait parachever la politique du Premier ministre en matière de relance économique.
La Chine veut désormais une croissance de qualité
Le rythme de croissance de la Chine est passé sous la barre des 10 % et devrait y rester au cours de la décennie à venir, selon Catherine Yeung. Pour autant, une croissance annuelle de 7,5 % semble plus en corrélation avec le contexte économique mondial, d’autant que la Chine entreprend des réformes profondes pour en assurer une meilleure qualité.
Sous la poigne de fer de Li Keqiang, leader charismatique et puissant, la Chine cherche à adapter son modèle de croissance en se focalisant sur trois champs d’action :
- réforme financière : dérégulation des taux d’intérêt et internationalisation du Renminbi. A titre d’exemple, une vaste zone franche a été créée en banlieue de Shanghai le 1er octobre. Les entreprises étrangères peuvent investir sans quotas dans un environnement de taux d’intérêt évoluant librement et de convertibilité totale du yuan ;
- réforme sociale : prise en compte de la demande croissante émanant de la population pour un meilleur cadre de vie, un système de santé amélioré et la diffusion du Hukou – système d’état civil et d’enregistrement des familles qui conditionne l’accès à un certain nombre de services, dont l’école – pour les travailleurs migrants ;
- réforme environnementale : une plus grande attention portée à l’environnement est fortement attendue par les Chinois. Les niveaux de pollution urbaine ont atteint des niveaux tellement élevés que les dirigeants chinois poussent notamment le développement des énergies renouvelables non polluantes.
Le recentrage national du développement chinois doit s’avérer porteur pour une économie présentant encore certaines fragilités telles que la dépendance par les exportations et le niveau de vie de la population. La Chine veut désormais faire profiter largement et durablement les Chinois de sa croissance. En la matière, le moteur de la consommation intérieure pourrait rattraper d’autant plus rapidement celui de la demande extérieure que le commerce en ligne connaît une croissance vertigineuse – il représente près de 7 % des ventes totales et devrait atteindre 13 % en 2015 – et que les Chinois sont très friands de technologie.
Si la vigilance reste de mise sur la continuité et l’efficacité de la mise en oeuvre de ces politiques réformatrices, il semble que la Chine et le Japon suivent, chacun à sa façon, un chemin de croissance propre à susciter la confiance des investisseurs.
Nadège Bénard
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