Investisseur, il convient de savoir repérer les entreprises en difficulté. Comment s’y prendre ? Découvrez les 6 signes qui devraient vous alerter et vous amener à ré-envisager votre investissement dans une entreprise.
Est-il vraiment à la portée des investisseurs particuliers de repérer les entreprises en difficulté ? Heureusement, la réponse est oui. En général, quand une entreprise va mal, les symptômes sont bien visibles. Alors si l’un des voyants ci-après est rouge, posez-vous des questions. Si plusieurs des affirmations détaillées ci-dessous correspondent à la situation de la société, passez votre chemin ! Et si vous possédez déjà des titres de la société en portefeuille, pensez à vendre.
L’entreprise a une activité unique et ne propose qu’un seul produit
Si une entreprise dépend trop lourdement d’un seul type d’activité, elle se rend vulnérable aux changements du marché ou à un ralentissement économique. Ne serait-ce qu’un rapide coup d’œil sur les rapports annuels peut vous donner ce genre d’indications. Un symptôme évident est la sur-dépendance vis-à-vis d’un seul produit qui peut être facilement remplacé ou rendu obsolète par un autre produit moins cher.
L’industrie de la musique en est un parfait exemple. L’apparition de la musique en format mp3 et du streaming a rendu le CD obsolète. Nous sommes de moins en moins de mélomanes à arpenter les rayons de la Fnac, et la tendance ne donne aucun signe de retournement. Les entreprises qui dépendent trop lourdement de cette activité sont en grande difficulté.
L’entreprise est dépendante d’un seul client ou d’un fournisseur unique
Un autre problème courant est la sur-dépendance vis-à -vis d’un seul client ou fournisseur.
Il fut un temps où Apple dépendait exclusivement d’IBM pour ses processeurs. La santé de l’un dépendait très étroitement de celle de l’autre.
De même, de nombreux petits agriculteurs dépendent lourdement de leurs clients, les grandes surfaces.
Cette caractéristique ne doit pas vous amener à solder vos positions ou à ne pas investir mais à redoubler de vigilance.
L’entreprise qui fusionne ou achète d’autres sociétés
Il y a deux façons de faire grossir une entreprise : la première, plus traditionnelle, est via la “croissance interne”. L’entreprise génère des bénéfices qu’elle investit ensuite dans son développement, créant un cycle vertueux de croissance. Google (Alphabet aujourd’hui) s’est développé de cette façon jusqu’à son introduction en bourse en 2004.
En général, le processus est long. Un moyen plus rapide, du moins en théorie, est de racheter d’autres entreprises, purement et simplement. Les puristes aiment alors parler de “croissance externe”. On parle alors de fusions-acquisitions.
Les banques d’investissements, qui s’engraissent grâce aux commissions, sont friandes des fusions-acquisitions, mais ce n’est pas forcément la meilleure solution pour les investisseurs.
Les fusions-acquisitions fonctionnent parfois. Mais une étude du cabinet Arthur D. Little a découvert qu’une fusion peut en réalité éroder jusqu’à 4 % de la valeur de la cible pour l’acquéreur. La liste des raisons possibles est longue. La plus courante est le “choc des cultures” et des cadres dirigeants distraits qui perdent de vue leur mission principale.
L’entreprise ne génère pas de cash flow
Il est facile pour l’investisseur particulier d’être trompé par un joli compte de résultat, et de perdre de vue ce qui compte par-dessus tout : le cash-flow. Certaines entreprises à forte croissance, dans des secteurs comme les logiciels informatiques ou les biotech sont particulièrement vulnérables aux crises de liquidités.
Comment une crise de liquidité se produit-elle ?
Prenons le cas de STET, une entreprise fictive. Sur son premier mois d’activité, les ventes atteignent 10 millions d’euro, les achats de produits finis destinés à la vente atteignent 6 millions d’euro et à la fin du mois STET compte 1,5 millions d’euros de stock invendu dans ses entrepôts.
Pour réaliser son chiffre d’affaires de 10 millions d’euros, l’entreprise a vendu ses 6 millions d’euros de produits finis acquis durant le mois.
Le résultat opérationnel est donc 10 millions d’euros – 6 millions d’euros = 4 millions d’euros. Tout semble aller pour le mieux. Mais jetons un œil au cash-flow.
Parce que l’entreprise STET est petite et essaie de se développer, elle fait 75 % de ses ventes à crédit. Les clients emportent les produits et ne paient que le mois suivant. En parallèle, STET règle ses fournisseurs à hauteur de 75 % à la commande.
Du coup, le cash-flow positif généré par les ventes sur le mois est 10 millions d’euros x 25 % = 2,5 millions d’euros, tandis que la sortie de cash vaut 6 millions d’euros x 75 % = 4,5 millions d’euros. Au final, pour le mois, STET a un cash flow négatif de 2 millions d’euros !
La situation de la société STET sera cependant assainie le mois suivant via l’encaissement du solde de ses créances clients.
Certaines situations de plus long terme peuvent avoir un impact significatif sur les cash flows d’une société.
Les principales raisons pouvant faire basculer en négatif un résultat opérationnel à l’origine positif sont :
- Des besoins importants et réguliers en CapEx car ils ne sont pas comptabilisés en charges au compte de résultat mais ont un impact sur la trésorerie, seuls les amortissements seront visibles au compte de résultat au fil du temps. Pour rappel, les CapEx sont les dépenses nécessaires en immobilisations (machines de productions par exemple) ou leurs améliorations pour assurer le maintient des niveaux de production, et donc la pérennité du chiffre d’affaires.
- Un coût élevé en intérêts au titre de l’endettement bancaire ou obligataire (ces charges financières sont comptabilisées en bas de compte de résultat, après le résultat opérationnel).
- Des créances clients impayées significatives et, de ce fait, un manque de trésorerie.
Lorsqu’une créance client est déclarée comme définitivement impayée, il est possible en comptabilité de l’enregistrer en charge (créance irrécouvrable). De ce fait, le résultat avant impôts sera diminué et la société obtiendra un avantage fiscal.
Notez cependant que de telles entreprises, qui “brûlent” du cash, ne durent généralement pas.
(Et le cas STET devient un casse-tête …) !
L’entreprise connaît une hausse des stocks ou créances clients élevée
Dans l’exemple précédent, l’entreprise STET démarre avec 1mEUR de stock et termine avec 1,5 millions d’euros.
Un niveau de stock élevé est parfaitement acceptable, tant qu’il est financé par des ventes en hausse. Sinon, il est possible que l’entreprise soit en train de perdre le contrôle de sa croissance.
Surstocker comporte de nombreux risques. Une chaîne de magasins de vêtements, par exemple, prend le risque de se retrouver avec des stocks de modèles dépassés. Stocker est également très cher, et chaque euro dépensé pour le faire pourrait être investi plus efficacement ailleurs.
Les entreprises en croissance ont bien sûr besoin de constituer des stocks, mais pour faire simple, si les stocks d’une société grossissent beaucoup plus vite que les ventes (50 % plus vite, disons), il faut que cela vous amène à vous interroger.
Il en va de même pour les créances clients. Il est courant qu’une entreprise vende ses produits à crédit. Mais là encore, si les créances clients augmentent 50 % plus rapidement que le chiffre d’affaires, cela peut être le symptôme d’une mauvaise gestion des crédits clients.
L’entreprise est très endettée
Une entreprise doit être capable de rembourser ses emprunts tout en gardant une marge de manœuvre pour se développer. Tout comme un consommateur, il est risqué pour une entreprise de se trouver surendettée, et particulièrement en période de hausse des taux d’intérêts.
Investir en Bourse recèle bien des opportunités mais peut aussi être source de déconvenues. À vous de bien garder en tête ce signaux d’alerte qui vous permettront d’éviter les entreprises en difficulté.
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