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La crise dite des subprimes : une crise financière de plus ?

La crise dite des subprimes : une crise financière de plus ?




Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés.
Jean de la Fontaine, “Les animaux malades de la peste”

La crise dite des subprimes : une crise financière de plus ?

Si la récurrence des événements conduit à leur banalisation, alors cette dernière crise est d’une grande banalité. N’a-t-on pas dénombré vingt-quatre crises financières, boursières ou bancaires depuis la première grande crise du dollar de 1971 ? Une crise tous les dix-huit mois en moyenne ! Dans cette perspective, la dernière en date, la crise des subprimes de l’automne dernier ne serait donc que l’avatar d’un processus de régulation, spécifiques de l’activité financière, par krach.

On aurait tort de banaliser cette crise. Elle se révèle dans sa nature et dans ses conséquences d’une exemplarité qui mérite toute notre attention. Le capitalisme financier se développe de bulle en bulle, un mouvement scandé par les crises. Si toutes les crises semblent différentes par leurs symptômes, par leur catalyseur, elles présentent une logique commune matérialisée par l’interaction entre l’endettement et l’évolution du prix des actifs financiers dans un cadre marqué par l’absence de capacité d’autorégulation.

Pour autant, la crise des subprimes, comme la crise du LTCM en 1998, menace de dégénérer en crise systémique. Michel Aglietta [1993] définit la crise de système ainsi :

“c’est l’éventualité qu’apparaissent des états économiques dans lesquels les réponses rationnelles des agents individuels aux risques qu’ils perçoivent, loin de conduire à une meilleure répartition des risques par diversification, amènent à élever l’insécurité globale”.

Il s’agit donc d’une crise d’une nature différente, dans la mesure où elle ne permet pas de revenir dans le champ des équilibres normaux.

Il faut revenir à la conjonction de deux phénomènes pour comprendre comment leur interaction peut conduire à une telle crise avant d’envisager les perspectives.

Le premier phénomène est lié à la globalisation financière qui marque les activités financières depuis quelques décennies : c’est le processus de déréglementation des activités financières. Ce processus de déréglementation, dont il ne faut pas oublier la contribution à la croissance économiques depuis la crise des années quatre-vingt, conduit à déresponsabiliser les banques, initiateurs de crédits, qui ne sont plus contraintes de porter ces crédits mais vont chercher à le vendre le plus rapidement possible.

Ce premier processus va se trouver enrichi par un second, plus récent, la titrisation pour créer les conditions d’une crise systémique. Fondamentalement et intrinsèquement, la titrisation est une innovation efficace pour assurer une des fonctions essentiels du système financier : le transfert des risques. C’est probablement sa mise en œuvre, dans le cadre de produits de plus en plus complexes, aggravée par la défaillance des agences de notation confrontées à un véritable “aléa moral” lié à la rencontre de leur activité de conseil et de leur activité d’évaluation qui va générer le dysfonctionnement du système.

Face à cette crise, la réactions des autorités monétaires se sont limitées aux outils traditionnels de la politique monétaire pour apporter des liquidités aux agents en crise. Pour autant, l’incertitude sur le degré de prolifération des risques non évalués conduit à redouter une contagion de la sphère réelle et une dégénérescence en récession. Dans cette hypothèse, la politique monétaire devra céder le pas à des politiques budgétaires et des politiques structurelles pour restaurer une régulation exogène des marchés financiers.

Jacky Koehl
Professeur de Finance à l’Université