Situation des marchés
Au lendemain d’une séance insignifiante en raison des fermetures des places londoniennes et américaines avec un volume d’échange sur Paris atteignant à peine le milliard d’euros à 17h et 1,5 Mds d’euros à la clôture, la séance du mardi 1er juin aura été plus mouvementée. En effet, après une première partie de séance en forte chute avec le CAC40 ayant abandonné près de 2,8% au plus bas, le marché a effectué un vif rebond dans le sillage des marchés US et ce malgré la dégradation de la note souveraine de l’Espagne et les inquiétudes en provenance de la Chine qui envisage un scénario possible d’une reprise mondiale “contrariée” du fait des plans d’austérité des nombreux pays européens.
Malgré quelques prises de bénéfices après une série d’accélérations significatives les 25, 26 et 27 mai derniers (graphe ci-dessous), le début de semaine aura permis de confirmer les gains de la semaine précédente. Même si le contexte reste fragile, les 8 dernières séances auront été plus que bénéfiques puisque l’indice vedette parisien a récupéré plus de 9% par rapport à ses plus bas du 25 mai (3287 points).
Le milieu de semaine viendra conforter ce retour de tendance, le CAC40 enregistrera une vive accélération à la faveur de données macroéconomiques conformes aux attentes mais qui suggèrent néanmoins la poursuite de la reprise, telles que la solide progression, pour le troisième mois consécutif, de 6% des promesses de ventes de logements US, la forte hausse des dépenses de construction aux US (+2,7% en avril), la poursuite de la progression de l’indice PMI final pour l’industrie manufacturière de l’Eurozone ou la stabilité du taux de chômage dans l’UE à 10,1% contre 9,2% en avril 2009.
Malheureusement, la fin de semaine prendra un tout autre visage. En effet, juste avant l’annonce officielle des chiffres sur l’emploi US, les marchés prennent connaissance des déclarations du gouvernement hongrois, par la voix du porte-parole du premier ministre, faisant état de la situation économique “très grave” du pays. Les réactions sur les marchés financiers ne se sont pas fait attendre ; après l’annonce, les coûts d’une protection contre le risque de défaut des pays européens se sont aussitôt envolés. Ainsi, selon les dernières données compilées par Markit, les spreads (coûts des crédits) des Credit Default Swap de la Grèce, du Portugal, de l’Irlande et de l’Espagne se sont tendus de respectivement 28, 62, 74 et 62 points de base. Quant à la Hongrie, son spread de CDS s’est envolé de 116 points pour atteindre 430 points. Cela signifie que pour protéger un portefeuille de 10 Millions d’euros de dette hongroise il faut payer 430 000 Euros.
Comme les mauvaises nouvelles ne viennent jamais seules, le Département américain au Travail a dévoilé ce vendredi 4 juin que les États-Unis avaient créé sur le mois de mai environ 431.000 emplois non-agricoles, contre un consensus voisin de 510 000. Les créations de postes en mai reflètent l’embauche de 411 000 travailleurs temporaires pour le recensement américain 2010, sans quoi les créations d’emplois à 20 000 postes auraient été extrêmement maigres. Résultats, le CAC40 a enregistré une violente chute pour repasser en séance sous le seuil des 3450 points, perdant près de 150 points en moins d’une heure, et l’euro a chuté sous la barre des 1,21, nouveau plancher depuis 2006. L’indice parisien a enregistré une performance hebdomadaire négative, il a clôturé vendredi soir à -2,86% et à 3455 points.
Les marchés pourront-ils “enfin” répondre aux fondamentaux macroéconomiques ? La confiance des investisseurs est à nouveau mise à rude épreuve…
Difficile mois de mai
Sale temps pour les marchés financiers et forte nervosité de la part des investisseurs. Pour preuve, l’indice VIX mesurant la volatilité implicite sur le marché des actions US qui varie généralement autour des 20% a violemment atteint les 45% le 20 mai dernier. Cette forte volatilité ne s’est pas faite ressentir uniquement sur le marché des actions mais également celui des obligations et des changes. Elle a par ailleurs dépassé le pic du 11 septembre 2001 (43%) et celui lors de la faillite de Lehman Brothers (38%) en mars 2008.
Ce sentiment de nervosité généralisée s’explique par :
- les inquiétudes d’une éventuelle propagation de la crise des dettes souveraines grecques aux pays du sud de l’Europe suivies d’une brutale dépréciation de la monnaie européenne, laquelle a chuté à un plus bas de 4 ans face au dollar à 1,21
- un possible ralentissement de la reprise économique mondiale. La Chine a par ailleurs fait part fin mai de ses inquiétudes quant à l’éventualité d’une reprise “contrariée” par les plans d’austérité de nombreux pays européens. En outre, la BCE a publié un rapport selon lequel les banques pourraient vivre une seconde vague de pertes, les banques européennes pourraient ainsi faire état de lourdes dépréciations estimées par l’organisme à plus de 500 milliards d’euros d’ici fin 2011
Toutes les attentions se sont donc portées sur les différents rebondissements relatifs aux dossiers des dettes publiques, notamment les dégradations successives des notes souveraines ainsi que sur le manque d’unité de la zone Euro et ce malgré les vaines tentatives de stabilisation par les institutions européennes comme par exemple le rachat massif des dettes publiques par les banques centrales ou les réunions des ministres des Finances à Bruxelles censés plancher sur la modification de la gouvernance des politiques budgétaires de l’Europe pour renforcer la pérennité financière de la zone.
Les dernières publications du Président de la BCE exhortent par ailleurs les gouvernements à des améliorations significatives des réformes structurelles, il ajoute “Nous sommes une fédération monétaire. Nous avons maintenant besoin d’avoir l’équivalent d’une fédération budgétaire en termes de contrôle et de surveillance de l’application des politiques en matière de finance publique“.
L’ensemble des places financières mondiales a subi de plein fouet la crise des dettes européennes, rares sont les classes d’actifs ayant échappé à ce mini-tsunami. L’indice vedette parisien a clôturé le mois de mai sur une perte de 8,11%, sa plus forte baisse mensuelle depuis février 2009. Depuis le 1er janvier, le CAC40 a perdu plus de 10%. Outre-atlantique, le Dow Jones a enregistré une chute mensuelle de 7,9%, l’euro a perdu 7,5% face au billet vert, les matières premières ont dégringolé d’environ 8% et les marchés de la dette ont été notablement bouleversés, notamment ceux des pays du sud de l’Europe (Grèce, Espagne Portugal…). Parmi les rescapés, les emprunts d’Etat de pays encore notés en Triple A comme l’Allemagne, les US ou la France qui ont vu leurs cours progresser sur le mois de mai.
Synthèse par Cafedelabourse.com de l’analyse de Thierry Lou
Interactive-trader.fr