L’actualité des dernières semaines a été particulièrement riche. Dans cette analyse, nous vous proposons de revenir sur l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et les États-Unis, sur un possible défaut de paiement organisé au sein de la zone euro et sur le soutien de la BoJ à Shinzo Abe en pleine période électorale. Décryptage avec Daniel Gravier, Directeur Général à XTB France.
États-Unis : Fortes divergences entre l’UE et les États-Unis
Début juillet, les premières négociations entre l’Union Européenne et les Etats-Unis ont commencé à Washington sur fond de suspicions suite au scandale Prism révélé par Edward Snowden. Ces négociations visent à créer un vaste accord de partenariat commercial entre les deux rives de l’Atlantique. Si les négociations ont été jugées « productives » par les deux protagonistes commerciaux, elles ont néanmoins été marquées par de vives divergences. Ignacio Garcia-Bercero, le négociateur en chef pour l’Europe a ainsi évoqué « Les négociateurs ont identifié des zones de convergence […] et ont commencé à explorer les moyens de rapprocher leurs vues sur les points de divergence ».
Plusieurs points sensibles bloquent toujours la création de cet accord libre-échange : les barrières non tarifaires, les normes sanitaires et phytosanitaires ainsi que les questions de transparence. A ce stade, ces normes réglementaires doivent être examinées par Washington et Bruxelles en vue de les uniformiser. A titre d’exemple, certains médicaments pourront être autorisés sur le sol européen via l’accord des autorités sanitaires européennes, puis automatiquement validés par les autorités américaines sans qu’un dossier d’homologation ne soit nécessaire. Ce type de dossiers peut facilement coûter des millions d’euros et constitue bien souvent un frein majeur à l’export.
Le Commissaire au Commerce européen, Karel de Gucht a garanti ce week-end que certains dossiers garderaient néanmoins une forme de statu quo. Par exemple, le bœuf aux hormones restera interdit en Europe, puisque certaines études laissent craindre le pire quant aux effets nocifs que peuvent avoir ce type de produits sur la santé des consommateurs. A ce jour, les premières négociations sont restées relativement informelles et les grands dossiers n’ont pas encore été déballés sur la table. Les « véritables » négociations commenceront en automne prochain et promettent d’être particulièrement complexes. Le mois d’octobre 2013 sera en effet marqué par les premiers rounds de négociation entre les deux grands partenaires commerciaux à Bruxelles. A suivre donc.
Zone euro : Le défaut de paiement peut-il être organisé ?
Dans nos récentes analyses quotidiennes, nous développions ces derniers jours la crise politique qui a agité le Portugal. Ce nouveau dossier semble raviver la flamme de l’implosion de la zone euro aux yeux des investisseurs. Le risque systémique des dettes européennes est en effet toujours devant nous et les actuelles cures d’austérités ne font qu’aggraver cet obstacle majeur. Les institutions et les gouvernements européens ont néanmoins fourni des efforts colossaux pour limiter cette implosion. Rappelons-les brièvement.
Le Fonds européen de stabilité financière (ou « FESF »), puis le Mécanisme européen de stabilité (ou « MES ») ont vu le jour après de difficiles tractations entre les partenaires européens. Depuis quelques mois, la création d’une réelle Union bancaire est à l’ordre du jour et semble, petit à petit, avancer dans le bon sens. Fin juin, les partenaires européens ont même totalement modifié leur paradigme quant au sujet épineux des recapitalisations bancaires. En d’autres termes, les recapitalisations des banques ne se feront désormais plus par les gouvernements mais par le secteur privé.
Bien que ce choix soit dur à avaler pour les actionnaires et les déposants fortunés, la crise chypriote a laissé des marques bien plus profondes que l’on ne veut le croire. Ainsi, l’association du risque souverain et du risque bancaire s’est quelque peu allégée. Dernier point, et non des moindres, les efforts gigantesques auxquels se sont prêtés les gouvernements et les populations des pays en difficulté au sein de l’Union sont évidemment à mentionner. Les indices PMI des directeurs d’achats semblent d’ailleurs se redresser légèrement en Espagne qui enregistre une petite baisse de son énorme taux de chômage. De quoi redonner un peu d’espoir.
Malgré ces avancées intéressantes, la plupart des économistes s’accordent à dire que la Grèce aura besoin dans les mois à venir d’une deuxième restructuration de sa dette pour éviter un défaut de paiement. Et qu’en est-il du Portugal ? Il semble là aussi que la dette devra être restructurée avant que cette page ne soit durablement tournée. Mutualiser les dettes légales de chaque état européen semble une solution intéressante pour approcher d’une vision globale et plus pérenne mais nous en sommes encore loin. Ces dettes dites « légales » représentent pour chaque pays de la zone euro moins de 60% de son PIB. Une telle organisation du défaut de paiement au niveau européen permettrait d’abaisser le coût de la dette en allongeant, dans le même temps, sa maturité. Comme on peut aisément s’y attendre, le seul pays qui y perdrait serait l’Allemagne mais il n’est pas exclu que cette idée germe petit à petit dans les prochains mois.
Japon : Petits arrangements entre amis
Faut-il parler d’optimisme forcé ? La Banque du Japon (ou « BoJ ») vient de dresser un bilan particulièrement satisfaisant de la situation économique nippone. La BoJ estime en effet que le Japon est désormais entré dans une phase de reprise économique, en grande partie grâce aux mesures de relance voulue par le Premier ministre conservateur Shinzo Abe. Mais ni le calendrier, ni le ton des commentaires de la BoJ ne sont un hasard. En effet, des élections sénatoriales auront lieu dans dix jours et M. Abe compte bien les remporter.
Replaçons les choses dans leur contexte. Le comité de politique monétaire de la BoJ s’est réuni pendant deux jours afin de juger la situation économique de l’archipel. Le bilan est sans appel, la troisième puissance économique mondiale serait en train de « se reprendre ». Ce vocabulaire avait totalement disparu des déclarations et des rapports de la BoJ depuis plus de deux ans et demi. Dans une certaine mesure, il est vrai que les exportations et les investissements (qu’ils soient privés ou publics) se portent mieux qu’avant l’arrivée au pouvoir de Shinzo Abe.
De même, la BoJ se félicite quant à ses mesures ultra-accommodantes et voulues par le Premier ministre Abe. Ces mesures de soutien économique expliqueraient d’après la Banque du Japon les récents signes de reprise industrielle et d’amélioration du moral des entrepreneurs en plus des précédents bénéfices évoqués ci-dessus. Néanmoins, la BoJ a très légèrement revu à la baisse ses prévisions de croissance et d’inflation pour l’économie nippone après les avoir très fortement relevées en avril dernier. Les nouvelles prévisions restent tout de même très bonnes.
Selon les neufs membres du comité de politique monétaire de la Banque du Japon, l’archipel devrait enregistrer une croissance de son PIB de 2,8% pour l’exercice budgétaire de 2013/2014. La BoJ table sur une prévision de 1,3% pour l’exercice de 2014/2015. Ces attentes reposent notamment sur les bons résultats du premier trimestre où le PIB avait crû de 1% vis-à-vis du premier trimestre de 2012. Dans le même temps, le FMI a également rehaussé ses prévisions de croissance pour cette année à 2%.
Ces différents signaux visent à rassurer les marchés quant au bien-fondé des « Abenomics » ; les mesures de soutien à l’économie réelle souhaitées par Shinzo Abe et évoquées ci-dessus. Mais, comme nous le développions en introduction, la BoJ intervient à quelques jours des élections sénatoriales. Rappelons que M. Abe avait lui-même désigné le gouverneur de l’institut d’émission, récemment arrivé en poste : Haruhiko Kuroda … Si M. Abe remporte ces élections, il aura alors un boulevard devant lui pour les trois prochaines années afin de poursuivre sa politique. Il est donc nullement surprenant, bien que contestable, que les sphères financières et politiques nippones se soutiennent au moment où le pays tente de se sortir de plus de quinze années de déflation.
Analyse Technique : Dow Jones
Comme nous l’anticipions dans nos précédentes analyses, le rallye haussier sur le Dow Jones a été dans un premier temps interrompu. La phase corrective a en effet été renforcée par la déclaration du 19 juin de Ben Bernanke à propos du calendrier de retrait progressif du programme de soutien à l’économie américaine par la Fed. Toujours est-il que l’amplitude de cette correction baissière vient d’être intégralement retrouvée par la reprise du rallye haussier.
La hausse reste donc d’actualité depuis que Ben Bernanke est partiellement revenu sur ses propos du 19 juin en assurant que la Fed resterait accommodante dans un avenir proche. Un premier objectif haussier peut être fixé à 15.723 points avant le possible test-clé de la zone des 16.100 points points sous quelques jours. En cas de retour de la tendance baissière, la zone des 14.932 points sera notre premier objectif à la baisse. Le seuil des 14.140 points donnera dans ce cas une légitimité bien plus importante au possible mouvement baissier.
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