Aujourd’hui, bientôt 8 ans après la crise des subprimes, la croissance mondiale n’est pas aussi forte qu’escomptée. Nous sommes face à une sortie de crise parmi les plus longues de notre histoire contemporaine. Pourtant, les raisons d’espérer ne manquent pas et l’heure est à l’investissement. Notre état des lieux des marchés et nos recommandations d’investissement en partenariat avec Carlton Sélection.
Une crise économique particulièrement longue
La sortie de crise actuelle est particulièrement longue, « une des plus longues crises économiques contemporaines » selon Daniel Gerino, Président et Directeur de la gestion de Carlton Sélection.
Un phénomène implacable et récurrent
Pour Daniel Gerino, comme dans toutes les crises économiques, le phénomène est le même : « le surcrédit mène à la création de bulles ».
Le crédit se développe, soit sur les actions, comme c’est le cas en Chine aujourd’hui ou comme ce fut le cas aux Etats-Unis de 1927 à 1929, soit sur l’immobilier, comme cela a été le cas aux Etats-Unis de 2002 à 2007.
À partir de là, on assiste à un effondrement du système qui conduit les États à mettre la main à la poche, entraînant un déficit budgétaire, suivi de près par une hausse des impôts et une baisse de la consommation. C’est la crise !
Pour Daniel Gerino, « l’Europe a été particulièrement touchée car on a assisté à une impulsion relativement forte de la BCE qui a injecté des liquidités et mené une politique de baisse des taux mais à la différence des autres zones géographiques s’est cantonné à donné des capitaux aux banques et aux banques seulement. »
Un impact mondial
Auparavant, les pays touchés par une crise économique se tournaient vers d’autres marchés pour retomber sur leurs pieds. « Mais aujourd’hui, dans une économie mondialisée, la crise est internationale » nous explique Daniel Gerino. « Et plus la crise est violente, plus la crise est mondialisée, plus la sortie de crise est longue. »
Cette crise est un concours de circonstances. On ne peut la réduire à un seul phénomène, insiste Daniel Gerino. Et pour lui, « la situation géostratégique difficile au Moyen-Orient n’arrange rien. La délocalisation de l’énergie dans des pays à bas coût comme la Chine et la révolution du pétrole et du gaz de schiste aux Etats-Unis a profondément bouleversé la donne. » La guerre des prix du baril à laquelle se sont livrés les pays exportateurs du Moyen-Orient et les Etats-Unis dont les Américains sont sortis vainqueurs a conduit à un appauvrissement de la région du Moyen-Orient par rapport aux pays émergents de l’Asie du Sud-Est.
En outre, Daniel Gerino nous alerte sur la situation des BRICS. « Ils ont également été très touchés par la crise. Eux qui représentaient 16,5% du PIB mondial et 70% du taux de croissance économique mondiale ont été stoppés. On imagine donc l’impact que cela peut avoir sur le reste du monde ! Des pays comme le Brésil ou l’Argentine ont connu une très forte augmentation des taux, puis une augmentation de l’inflation. C’est le monde entier qui s’est appauvri. »
Les raisons d’espérer
Une reprise lente mais réelle
La reprise est lente mais ce phénomène s’explique pour Daniel Gerino par le fait que « quand les banques centrales donnent de l’argent, il met un certain temps à se retrouver dans la sphère réelle. Aujourd’hui, pas mal de crédits arrivent, ce qui signifie que les gens consomment. Il y a plus d’investissement des entreprises dans l’appareil productif. »
Carlton Sélection table sur une croissance économique mondiale 2015 de 3%. Mais Daniel Gerino attire notre attention sur l’importance de regarder où se situe cette croissance, si elle est liée à l’investissement ; à la mise en œuvre d’infrastructures (canaux, zones aéroportuaires, écoles, …). Il faut investir sur le long terme.
On ne peut pas dire que les injections des banques centrales n’ont pas marché. Pour Daniel Gerino, « les montants des déficits sont à relativiser. En France, quand le ratio dette sur PIB était de 70%, le taux moyen d’emprunt était de 4,5%. Aujourd’hui, il est environ de 2%. Donc la dette coûte environ 2 fois moins cher. » Il importe surtout de voir à quoi l’argent est employé.
Générer de la valeur ajoutée
Globalement, on prend le chemin d’une gestion plus qualitative, particulièrement en Europe même si les Etats-Unis ont récemment opéré un gros nettoyage de leur système financier.
Selon Daniel Gerino, « quand on donne plus d’argent au rentier qu’à l’entrepreneur, on va droit dans le mur. Il faut rendre l’argent à l’argent. La baisse des taux implique un investissement dans l’appareil de production. Il faut de la capacité à pouvoir générer de la valeur ajoutée. Et pour cela, on doit créer de la confiance. Ces deux composantes rendent possible l’investissement. »
Les nouvelles technologies et la recherche et développement semblent être les principaux fers de lance de la reprise. Les Etats-Unis y consacrent beaucoup de capitaux, l’Europe moins. Le problème vient essentiellement de la perte de productivité du capital. Tout est plus cher aujourd’hui pour innover. Pourtant, pour Daniel Gerino, c’est la condition pour faire repartir la croissance. Il faut créer les conditions (fiscales, étatiques, etc) qui permettront de réenclencher le véritable investissement. »
Les dangers qui nous guettent
Malgré cet avenir plutôt optimiste, deux principaux écueils sont à surveiller de près : la baisse du dollar et les dettes des États.
La baisse du dollar représente l’un des principaux dangers pour l’Europe. Nul doute que les Américains sont tentés de manipuler leur devise. En jouant artificiellement sur leurs taux de change, ils gagneraient en compétitivité. Avec la parité de change, la situation pourrait bousculer l’ordre normal des choses. La guerre des changes est une véritable menace car nous sommes aujourd’hui dans « une situation de guerre économique globale violente. Et quand un acteur bouge, tout l’édifice bouge » explique Daniel Gerino.
Le montant pharaonique des déficits représentent également un danger, particulièrement si la dette sert à financer le fonctionnement d’un État.
Investissement : les opportunités à saisir
Les entreprises sur lesquelles se positionner
Carlton Sélection recommande de miser sur le Pricing power des valeurs technologiques telles que Tesla Motors, Store Electronic, System Electra. Ces entreprises qui commercialisent des produits quasi uniques au niveau mondial peuvent les vendre aux prix qui leur convient.
Les secteurs sur lequel se positionnel
- Pour Carlton Sélection, le secteur bancaire européen fait partie des domaines sur lequel il faut se positionner. « Les accords de Bâle 3 de 2010 ont terriblement assaini les bilans bancaires. Le crédit repart et les taux finiront par augmenter car ils sont actuellement très faibles. »
- Les Foncières cotées résistent très bien et sont particulièrement intéressantes car souvent sous-valorisées. En effet, la marge de sécurité est très importante. Elles constituent donc une opportunité avantageuse avec de belles rentes car les loyers ne baissent pas.
Le marché sur lequel se positionner
Les Etats-Unis restent une valeur sûre car ils peuvent compter sur un marché intérieur conséquent alors que l’Europe est trop dépendante des pays extérieurs. En outre, les mauvais résultats des entreprises américaines, viennent du fait qu’ils sont grevés par le secteur minier. Si l’on fait abstraction de ce secteur, la croissance est là.
Les taux très bas actuellement, favorisent une hausse des crédits à la consommation qui ont augmenté d’environ 5% ces dernières années. Le secteur de la construction devrait aussi repartir. 3 millions de jeunes américains vivent encore chez leurs parents.
Les informations de Cafedelabourse.com et de ses publications sont données à titre pédagogique. Elles ne constituent en aucun cas des recommandations d’investissement. Le lecteur se doit d’étudier les risques avant d’effectuer toute transaction. Il est seul responsable de ses décisions d’investissement.