Tous les analystes ne croient pas au retour de la croissance en Europe. C’est notamment le cas de Michael Hewson, analyste marchés pour CMC Markets.
Si des incertitudes quant à la solidité de la reprise demeurent dans l’esprit des spécialistes, la plupart semble persuadée que le pire de la crise économique est derrière nous. Il n’en va pas de même pour Michael Hewson, analyste marchés pour CMC Markets : “Le mois dernier, Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, a déclaré à la presse que la reprise européenne s’amorçait. Il n’en a pas fallu plus pour que tout le monde s’en persuade. Or il n’en est rien”.
En effet, la politique de la BCE a peut-être calmé les esprits, rassurés de savoir que “quoi qu’il en coûte” (dixit Mario Draghi), la BCE sauverait l’euro, mais l’argent dégagé par les opérations de LTRO – long term refinancing operations – ne bénéficie pas à l’économie : “Les entreprises ne parviennent pas à se financer. A moins qu’elles n’en aient même pas l’intention dans le contexte actuel. Dans ces conditions, le chômage peut difficilement se réduire”, se désole Michael Hewson.
La politique mise en oeuvre par la BCE, au-delà de l’effet – placebo – d’annonce, ne permet pas non plus aux Etats de la zone euro se de désendetter. Pour le Britannique Michael Hewson, “le fait que les 18 Etats membres se financent à des conditions différentes est une aberration”. La diversité des Etats constitutifs de la zone euro serait donc responsable d’une partie de sa faiblesse. Seule une action véritablement concertée et mise en oeuvre de manière collective pourrait engendrer des résultats, notamment pour ce qui concerne le Pacte budgétaire européen. Il est vrai qu’une même mesure n’aura pas les mêmes conséquences sur l’économie finlandaise que sur l’économie espagnole.
Plus d’Europe
Décidément très critique à l’égard de la politique européenne, Michael Hewson prône non pas la fin de l’Europe, mais une Europe plus démocratique, volontariste et opérationnelle. Pour lui, soit on est en dehors de l’Europe et l’on agit à sa guise (comme le Royaume-Uni), soit on est au sein de l’Europe et une politique forte s’impose. Aujourd’hui, les liens entre les Etats de la zone euro ne lui semblent pas constructifs : “Monsieur Hollande affirme qu’il veut “plus d’Europe” alors qu’il n’a pas signé le Traité de Lisbonne”. Il ajoute : “Plus d’Europe signifie de renoncer à une part plus grande de la souveraineté nationale, notamment en matière fiscale. Les Européens sont-ils prêts ?”.
Michael Hewson suggère également une délégation plus forte à l’Europe de la politique monétaire : “Un Trésor européen situé à Bruxelles pourrait être une solution”. Selon lui, la BCE devrait pouvoir imprimer de la monnaie afin de mettre en oeuvre une véritable politique d’assouplissement quantitatif et de financer les entreprises. En outre, “le processus de désendettement pourrait s’opérer plus rapidement si la zone euro pouvait dévaluer sa monnaie, beaucoup trop chère au regard de la situation économique de la plupart de ses membres. La hausse des impôts n’est pas une solution efficace pour réduire le déficit public. Les deux vont croissant en fin de compte”.
En résumé, il n’existe aucune issue de secours pour la zone euro, à moins que celle-ci ne prenne le taureau par les cornes.
Perspectives
Convaincu, comme beaucoup, que l’euro est surévalué, Michael Hewson considère qu’un “niveau de 1,10-1,15 conviendrait mieux à toute la zone euro”. Sans pour autant s’avancer sur le moment où le moment où une éventuelle baisse de la monnaie unique pourrait débuter.
Côté matières premières, il table sur une baisse mesurée du cuivre et du pétrole, en raison du ralentissement de la croissance des émergents. Hormis toute tension géopolitique naturellement.
Enfin, l’or, qui ne cesse de se déprécier, pourrait bien poursuivre sa descente jusqu’à un prix de 1200 dollars l’once. Ce peut être le bon moment pour se constituer un stock de lingots à bas prix.
Nadège Bénard
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