En ces temps mouvementés où le mot crise est dans toutes les bouches et sur tous les médias, faisons un point sur la stratégie à adopter.
La bourse a connu une année, même si elle n’est pas encore terminée, horrible malgré de bons fondamentaux et des résultats pour le moment satisfaisants ! La valorisation de beaucoup d’entreprises se situe en dessous de leurs fonds propres voire de leurs niveaux de trésorerie. Ces entreprises gagnent de l’argent, alors si on veut être simpliste dans le raisonnement, ce sont plus des opportunités d’investissement à moyen terme qu’autre chose !
Face aux évènements historiques que nous vivons, il faut avoir beaucoup d’humilité mais également prendre du recul par rapport à ces derniers et les analyser froidement.
1. Personne ne sait quand, ni quel sera l’élément qui redonnera confiance aux investisseurs. La confiance ne se décrétant pas par une quelconque statistique il est difficile de l’appréhender !
2. La fin du monde, ou la fin d’un monde, n’est pas pour demain et les entreprises continueront de vivre ou survivre pour les plus faibles dans les mois qui viennent et donc de gagner de l’argent !
3. les valorisations actuelles ne reflètent plus grand-chose car beaucoup d’investisseurs (les plus gros qui plus est) ont été obligé de réduire leurs engagements pris avec effet de levier (ce qu’on nomme le “deleveraging”) et de céder des titres qu’ils avaient en portefeuille pour couvrir leurs pertes et répondre aux appels de marge !
4. On ne sait pas si ces cessions d’actifs sont pour le moment terminées.
Toutefois, nous avons constaté des niveaux de volume et de volatilité élevés sur octobre mais force est de constater que les volumes sont moins présents depuis Novembre et que la volatilité a baissé. Ceci est du à l’absence d’acheteurs et d’investisseurs à moyen long terme.
5. Au niveau fondamental on constate d’une manière globale que :
- les PER sont faibles et très en dessous des moyennes historiques,
- le rendement moyen du CAC 40 est supérieur au rendement des obligations d’Etat (sous réserve d’une distribution de dividendes similaire à cette année ce qui ne sera pas tout à fait le cas)
- les bilans des entreprises se sont assainis après l’explosion de la bulle internet et les évènements qui ont suivis (attentats du 11 septembre, crise d’Enron, Parmalat, etc …).
Partant de ces constats, que va t-il se passer demain pour l’économie ?
Trois scénarii s’ouvrent à nous : une récession de faible ampleur, une récession beaucoup plus violente et longue, ou une période de déflation.
Evidemment le pire des maux serait la 3ème option : une spirale déflationniste où la baisse des prix mènerait à une réduction générale de la production, engendrant par la même une baisse des salaires, un recul de la consommation, et donc de la demande, accroissant ainsi la baisse des prix.
Si les craintes existent et sont ravivées par le parallèle fait entre la crise actuelle et celle des années 1930, la probabilité de ce scenario reste très faible et ce pour plusieurs raisons :
Réactivité des banques centrales, qui mènent une politique inflationniste (baisse des taux, augmentation de la masse monétaire), plan de soutien à l’économie (que ce soit aux Etats-Unis, en Chine et dans une moindre mesure en Europe).
Dynamisme des pays émergents et économie globalisée.
Bref, nous ne croyons pas à cette hypothèse qui de toutes façons sera négative sur toutes les classes d’actifs, en premier lieu desquelles les actions. Il ne nous reste plus que le choix entre une récession forte mais brève, avec une reprise vers la fin de l’année 2009, et une récession plus longue et douloureuse.
Pour le moment, il est difficile d’opter pour une des deux solutions sachant que nous sommes au début de la récession. Cette certitude est une bonne chose d’un point de vue boursier car on sait, statistiquement, que la bourse repart généralement six mois avant la fin de la récession !
Aussi, ce n’est pas la première fois qu’on en rencontre une et on connaît les remèdes : investissements publics (qui généreront d’autres problèmes à terme avec l’envolée de l’endettement des Etats), politique plus expansionniste (notamment en Europe où la BCE va prochainement baisser ses taux) aidée par la baisse ces derniers mois de l’inflation (grâce à la baisse des matières premières et au coup de frein puissant donné par les industriels face à la récession à venir). La BCE a été, comme toujours, très tardive dans sa politique d’action sur les taux d’intérêts à la différence des Etats-Unis qui repartiront beaucoup plus vite que chez nous ce qui d’une certaine manière nous tirera aussi vers le haut (la majeure partie du chiffres d’affaires de nos grandes entreprises se réalisant à l’internationale !).
Nous croyons réellement que les économies devraient repartir au cours de l’année 2009 mais personne n’en connaît pour le timing pour le moment ! La question réside donc dans la durée de la récession et de son ampleur.
Evidemment, plus les signes avant-coureurs d’une reprise tarderont à apparaître, plus la récession s’installera dans la durée et plus grand sera l’impact sur les actions, mais personne ne sait pour le moment quel niveau de récession les marchés valorisent. On sait seulement qu’ils prennent en compte une baisse significative des profits des entreprises ! Sommes-nous encore dans une exagération des marchés financiers cette fois-ci à la baisse ?
Samuel You