La mode est à l’hallali. Chasse aux traders, ces nouveaux flibustiers sans foi ni loi, causes de tous les tourments et des turpitudes que subit le monde apeuré en ces temps de crise. Les traders sont moqués, brocardés, mis au pilori et jetés en pâture tels de vulgaires boucs émissaires. Comme toute généralisation hâtive, il convient d’y regarder d’un peu plus près.
Les traders sont-ils responsables de la crise ? Non, assurément. Ont-ils profité du système ? Oui, pour certains en tout cas. Ont-ils fabriqués ce système dont ils sont accusés d’avoir profité ? Non. Evidemment non ! Sont-ils tous riches ? Sûrement pas ! Certains se débattent aujourd’hui même dans des difficultés sans fond.
La vie quotidienne d’un trader n’est pas une sinécure. Ce métier est l’un des plus difficile qui soit et l’un des plus stressant. Le trader commence sa journée vers 6h00 et la termine rarement avant la nuit, une nuit plus peuplée d’inquiétudes pour ses positions ouvertes sur New York ou Tokyo que de sorties bling bling.
Payer, même largement le talent et l’implication n’a rien d’aberrant. Si certaines rémunérations ont dépassé le bon sens, il ne faut pas en tenir rigueur aux traders mais plutôt à ceux qui exigeaient d’eux des rendements toujours plus forts, des affaires toujours meilleures.
Sur nos écrans de télévision, une grande marque automobile allemande invente, pour faire aujourd’hui sa pub, les Traders Anonymes, un petit groupe d’anciens traders en cure de désintoxication. La scène est drôle, habile, pertinente.
“J’ai donné à l‘agence le brief le plus court de ma carrière : les temps de crise peuvent être aussi des périodes ou l’on peut conclure de bonnes affaires.”
Il ne viendrait l’idée à personne de critiquer et de vouer aux gémonies l’acheteur de voiture à la recherche d’une bonne affaire. Il faudrait reprocher aux traders ce que l’on trouve normal chez “Monsieur Tout le Monde”. Et l’on voudrait que les traders soient responsables de tous nos maux ?
Les traders remplissent une fonction essentielle au cœur de l’économie financière. Ce ne sont ni des saints ni des escrocs. S’il ne faut pas en faire des héros il ne faut pas non plus les couvrir d’opprobre.
Bon trade !