Le marché des actions européennes semble renouer avec des performances durables. Si les anciens avaient coutume de conseiller d’acheter à la baisse et de vendre à la hausse, de bonnes opérations peuvent être réalisées en Bourse sur un horizon 6-12 mois. Nos conseils.
À l’issue d’un tour d’horizon des convictions des gestionnaires français, à l’exception de Fidelity – lire la rubrique Allocation d’expert sur Café du Patrimoine – il semble clair que les actions américaines sont trop chères. Celles-ci ont déjà fortement anticipé la reprise économique et fortement progressé.
L’Europe est ainsi redevenue le terrain de jeux favori des gestionnaires d’actifs, par conviction tout comme en réponse à la forte demande des investisseurs soucieux de participer à la hausse du marché observée depuis plusieurs mois.
Europe et émergents en ligne de mire
D’abord, par conviction parce que les marchés saluent la gestion positive des problèmes politiques de la zone euro et anticipent la reprise tant espérée.
De plus, les taux d’intérêt sont attendus durablement bas, ce qui est positif pour les actions et pour les souscriptions, ainsi que pour la santé financière des entreprises. Les perspectives semblent favorables au moins pour quelques mois.
Ensuite, en réponse à la demande. Face à un marché américain survalorisé aux yeux de beaucoup et aux incertitudes nées sur les marchés émergents en milieu d’année, les investisseurs sont en quête de performance dans un cadre de risque mesuré. Or, après les Etats-Unis, l’Europe est la zone d’investissement la plus “sûre”. La sortie de récession du vieux continent encourage aussi ce repositionnement déjà visible dans les flux d’investissement – 19,2 milliards de flux vers l’Europe en 2013, au 25 septembre, après plusieurs années de flux négatifs* – venus du monde entier.
Les marchés émergents, après des difficultés principalement liées au change (hausse passagère du dollar dans un mouvement de repli vers le marché américain durant l’été), présentent des valorisations attractives et des perspectives de croissance encourageantes, en dépit d’un certain ralentissement. Ils constituent donc le deuxième axe de réallocation en actions envisagé par les asset managers, notamment pour 2014.
Gestion value et recherche de dividendes
Gestion qui consiste à privilégier les valeurs décotées, à condition que celles-ci présentent des qualités et perspectives suffisantes, la méthode value n’a pas généré des performances comparables à celles de la gestion growth depuis 2010, surtout en Europe.
Si depuis le début de l’année – au 30 octobre 2013 – les indices EMU Value et World Value de MSCI rivalisent largement avec leurs équivalents growth, sur trois et cinq ans, ils restent effectivement à la traîne:
MSCI EMU Growth
2013 : 19,54%
3 ans : 8,13%
5 ans : 9,80%
MSCI EMU Value
2013 : 24,62%
3 ans : 0,04%
5 ans : 5,45%
MSCI World Growth
2013 : 20,61%
3 ans : 10,56%
5 ans : 13,44%
MSCI World Value
2013 : 20,60%
3 ans : 8,84%
5 ans : 10,13%
Il est donc possible que la gestion value entame un processus de rattrapage là où les valeurs growth pourraient commencer à voir ralentir leur progression.
De la même façon, quelques secteurs d’activité présentent un certain retard de performance sur la Bourse. Cyril Collet, Directeur de la Gestion Actions de CPR Asset Management, affirme porter une attention renouvelée aux secteurs de la consommation cyclique, de l’énergie, de l’information/technologie et, surtout, des télécommunications, d’autant que ces derniers présentent des valorisations peu élevées. Il ne s’agit pas pour autant d’aller piocher au hasard dans cet univers d’investissement. Une analyse fondamentale poussée doit précéder toute décision d‘investissement.
Miser sur les dividendes
Autre axe stratégique pour se repositionner sur le marché actions : la quête de dividendes, qui montre sa pertinence dans un contexte de taux d’intérêt durablement atones.
La sélection de valeurs s’avère ici d’autant plus rémunératrice qu’elle mise sur deux moteurs de performance : le dividende, bien sûr, mais aussi la performance du titre. Il s’agit donc, là encore, de choisir les sociétés à la fois les plus saines sur le plan financier, les plus largement bénéficiaires et les plus généreuses dans leur politique de distribution.
Si vous ne souhaitez pas prendre ces décisions vous-même, vous pouvez acheter des parts de fonds de placement ou d’ETF qui misent sur les dividendes. Quelques exemples de fonds éligibles au PEA (performances au 30 septembre 2013) :
- BFT Europe Dividendes C : 12,4% en 2013 ; 16,3% en 2012
- CPR Euro High Dividend P : 16% en 2013 ; 20,5% en 2012
- LBPAM Actions Dividendes Europe : 17,8% en 2013 ; 7,8% en 2012
Attention, qui dit fonds axé dividendes ne dit pas nécessairement fonds qui verse des dividendes. Les dividendes générés par les investissements peuvent être, en effet, capitalisés en vue de grossir les plus-values du fonds.
Retour sur les banques
Tous les gestionnaires d’actifs ne partagent pas la même analyse du secteur bancaire. Certains le jugent encore trop risqué et craignent les stress tests (1) qui débutent en Europe en novembre, d’autres considèrent que le secteur est assaini et que quelques banques proposent des valorisations attractives.
John Bennett, Directeur actions Europe et gérant du Henderson Gartmore Continental European Fund, affirme dans un Point Marché daté du 21 octobre 2013 : “Aujourd’hui, l’aversion et la défection ne sont plus d’actualité. L’un des éléments déclencheurs a été le discours de Mario Draghi, président de la BCE, affirmant sa détermination à préserver l’euro. Cette déclaration a alors induit que le risque extrême lié à la zone euro s’était fortement réduit. Dès lors, les banques qui avaient su se recapitaliser rapidement ont présenté de bonnes opportunités d’investissement pour les stock pickeurs – sélectionneurs de valeurs”.
Didier Le Menestrel, Financière de l’Echiquier, considère également que les banques ont quelques arguments : des fonds propres correctement alloués et bien rémunérés et d’importantes restructurations possibles (Source: www.sicavonline.fr).
* Source : CPR Asset Management
(1) Le stress test est un test de résistance bancaire visant à étudier la qualité des actifs des banques et leur niveau de risque. La Banque centrale européenne lance un stress test en novembre 2013 sur 130 institutions de crédit dans 18 Etats européens, pour une durée d’un an. Cet exercice constitue un préalable à l’instauration de la supervision bancaire unique, dans le cadre du projet d’Union bancaire.
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Les informations ci-dessus sont données à titre pédagogique. Elles ne constituent en aucun cas des recommandations d’investissement. Le lecteur se doit d’étudier les risques avant d’effectuer toute transaction. Il est seul responsable de ses décisions d’investissement.