A 3200 milliards de dollars, le bilan de la Banque Centrale Européenne est maintenant plus gros que celui de la Fed (2900 milliards). Mais avec un levier égal à 23, la BCE affiche un niveau de levier similaire à celui de … Lehman Brothers en son temps.
Cela signifie que si les actifs détenus par la BCE perde 4,25% de leur valeur (ce qui pourrait bien se produire suite au rachat de la dette d’un pays fragile), alors le capital de la BCE serait complètement réduit à néant.
Une grosse différence toutefois entre la BCE et la Fed : alors que la Fed est transparente sur ses activités (n’importe qui peut consulter en détail la composition de son bilan), la BCE, elle, est complètement opaque.
Sans information sur à la qualité des actifs détenus par la BCE, ou sur le niveau de levier (ratio entre actifs détenus au bilan et les prêts consentis) maximal qu’elle s’autorise, les investisseurs pourraient bien commencer à douter de la capacité de la BCE à venir en aide au système financier, et exigeraient donc des taux plus élevés pour acheter les obligations de certains pays.
Les écarts de taux entre dettes souveraines pourraient à nouveau bondir si les investisseurs venaient à s’inquiéter du niveau de levier de la BCE alors qu’il n’existe aucun plan de sauvetage détaillé.
La BCE fournit des liquidités aux banques et tâche de restaurer la confiance dans le système bancaire, et dans le même temps, son propre bilan et son levier atteignent de nouveaux sommets. Les marchés vont probablement commencer à surveiller de plus en plus près le niveau de levier de la BCE.
Comme le dit bien le groupe de réflexion Open Europe dans son communiqué :
« via ses rachats de dette étatique et la fourniture de liquidités aux banques, nous estimons que l’exposition de la BCE aux pays les plus fragiles de la zone euro atteint maintenant 705 milliards d’euros, contre 444 milliards d’euros au début de l’été – une hausse de plus de 50% en seulement 6 mois – ce qui soulève de nouvelles interrogations quant à sa crédibilité, son indépendance et ses pertes potentielles en cas de défauts ».
Autrement dit, la BCE est en train de devenir un énorme frankenstein insolvable …
Laurent Curau