Depuis que le Ministre des Finances du Brésil a parlé de cette guerre des monnaies, tout le monde en parle.
Cette “guerre” a commencé bien avant qu’on la qualifie de “guerre”. On parlait alors de dévaluation compétitive qui signifie bien que l’on dévalue pour être plus compétitif.
En effet, une dévaluation rend les produits et services moins chers et donc plus compétitifs à l’export et les produits importés plus chers donc moins compétitifs.
C’est donc une forme de protectionnisme. Le protectionnisme nuit aux échanges commerciaux entre les différents pays ce qui réduit la croissance et est donc dommageable. Et ceci d’autant plus que les échanges commerciaux mondiaux n’ont jamais été aussi importants et en telle croissance. On attribue au protectionisme la grande crise des années trente et quarante.
En outre, il est relativement facile de faire baisser sa monnaie, car il suffit que la banque centrale en crée davantage, par exemple comme aux USA actuellement avec un taux directeur pratiquement nul, par l’achat d’obligations émises par l’Etat et par la vente de monnaie sur le marché des changes, comme la Suisse et le Japon viennent de le faire.
Cependant, la création de monnaie est génératrice d’inflation et de bulle à plus ou moins long terme.
Or, il est de notoriété publique que l’objectif d’inflation durable et souhaitable est de l’ordre de 2%. L’inflation de 2% est un équilibre instable et l’on risque en permanence de basculer dans la déflation ou dans l’hyperinflation.
Outre l’inflation des produits et services, il peut y avoir une inflation d’une ou l’autre classe d’actifs. On reproche ainsi à Alan GREENSPAN d’avoir provoqué la bulle immobilière aux USA en laissant le taux directeur trop bas pendant trop longtemps dans les années 2000.
Actuellement, les pays matures ont un risque de déflation et ont besoin de retrouver une certaine compétitivité vis à vis des pays émergents beaucoup plus compétitifs. Tout concourt donc à une création de monnaie et une baisse de cette monnaie surtout aux USA et au Japon. L’Europe elle n’a pas encore fait baisser sa monnaie, sans doute du fait de l’Allemagne qui préfère relever le défi de la compétitivité par ses propres moyens. Mais cela pénalise beaucoup les autres pays de la Zone Euro comme la France.
Par contre, les pays émergents eux ont plutôt un problème d’inflation contre lequel ils doivent lutter en faisant tout le contraire de dévaluer ce qui renchérirait leurs importations et augmenterait donc l’inflation plutôt que de la réduire.
S’il y a guerre des monnaie, cela sera dommageable à tous, mais surtout aux pays émergents avec leur risque d’inflation.
Quoiqu’il en soit nous touchons aux limites des dévaluations compétitives lorsque la quasi totalité des pays tendent à les pratiquer. On peut alors parler de guerre des monnaies, guerre qui ne peut mener nul part, les dévaluations des uns annulant les dévaluations des autres, et ce qui ne peut produire qu’une inflation excessive.
Comme toute guerre, la guerre des monnaies doit autant que possible être stoppée le plus tôt possible.
L’Union Européenne est un exemple de ce qui peut être fait au niveau international autre que la guerre. Je pense qu’il faut s’en inspirer au niveau mondial, par exemple dans le cadre du G20 afin de négocier des compromis plutôt que de se faire la guerre. L’Europe s’est fait la guerre, puis a trouvé des compromis par exemple sur le charbon et l’acier et sur la politique agricole commune. On parle toujours de compétition et de concurrence et trop rarement de “Coopération” qui est pourtant la seule solution durable.