ProRealTime Web - Des graphiques professionnels 100% gratuit
“Les banquiers ne veulent prendre aucun risque”

“Les banquiers ne veulent prendre aucun risque”




« Contrairement aux idées reçues, la banque n’est pas là pour prendre des risques. Les risques c’est le job de l’entrepreneur.« 

Nous avons rencontré Jean Gil Boitouzet, fondateur de Bourse Direct, qui est désormais à la tête de Pmedriver, site de gestion en ligne à destination des TPE.

Dans le contexte économique actuel, quelles sont les préoccupations des TPE et PME que vous suivez avec Pmedriver ?

Tous nos clients sont en phase 2 : leur concept est validé et ils font au moins 300 000 euros de chiffre d’affaires et ont déjà recruté.

Leur problème commun, c’est le poste client. Dès qu’il y a une activité B to B, les paiements sont aux calendes grecques. Les grandes entreprises, prennent un malin plaisir à les retarder sous des prétextes divers. Elles vont placer leurs excédents de trésorerie à 1,5% l’an alors qu’elles auraient pu négocier 3% de baisse sur le contrat contre un paiement immédiat.

Mes clients font de la marge mais courent derrière leurs encaissements. Le fait d’avoir deux à trois mois de chiffre d’affaires dehors est un double handicap. D’abord la nécessité de recourir aux factors et à la loi Dailly, chers. D’autre part le manque de cash pour financer leur développement.

Pourquoi les banques ne prêtent-elles plus aux PME ?

Les PME méconnaissent les contraintes des Banques.

« Les banquiers ne veulent prendre aucun risque ». Contrairement aux idées reçues, la banque n’est pas là pour prendre des risques. Les risques c’est le job de l’entrepreneur. Le banquier doit rendre l’argent à ses déposants. Il faut donc lui présenter des financements qui trouvent leur sortie de manière quasi certaine. C’est le cas avec les grandes entreprises. Le surcroit de marge imposé aux petites ne couvre pas le cout du risque qu’elles entrainent.

En fait pour avoir du crédit, il faut convaincre son chargé de clientèle de ce que l’on sait gérer son entreprise.

Ensuite, fournir un bilan conforme à ce qu’attend le logiciel d’analyse de risques de la banque : du cash à la fin de l’année (changer sa date de bilan si nécessaire) et de la rentabilité (ne pas dépenser en novembre et décembre mais reporter à janvier).

Quelles solutions pourraient permettre aux PME françaises de se développer ? 

Pour se développer, il faut d’abord avoir des perspectives positives. C’est quand même le cas d’un bon nombre d’entreprises. Par exemple ceux de nos clients qui travaillent dans le marketing digital, ou encore les sociétés dans le secteur de l’environnement.

Mais, il faut en outre avoir du cash disponible pour financer la période entre le recrutement et le retour sur investissement du nouveau salarié.

Si les organismes sociaux se mettaient à considérer les cotisants comme des clients, elles auraient tout intérêt à leur « faire crédit » lorsqu’elles vont accroitre leur masse salariale. Nous proposons que tout nouveau recrutement s’accompagne d’un « crédit » de charges sociales : étalement sur cinq ans d’un montant représentant six mois du salaire brut du nouveau salarié. L’entreprise et l’Urssaf y trouveront leur compte toutes les deux.

En quoi votre expérience personnelle vous a-t-elle permis de mieux comprendre les besoins des entrepreneurs ?

Je gère des PME depuis 1989. D’abord des filiales d’un groupe bancaire, avec des fonds propres surabondants. Puis celles que j’ai crée ou reprise, en manque structurel de financement. C’est bien sur dans cette seconde catégorie que j’ai compris les besoins des entrepreneurs.

Dès que l’entreprise se développe, il faut impérativement devenir efficient en gestion financière : pour savoir où on va et pour rassurer les banquiers et investisseurs.

Interview réalisée par Louis Yang