Autant la première chute était assez facile à prévoir avec une belle atmosphère de bulle (surtout dans la City !), des déséquilibres flagrants entre les marchés actions et les marchés de crédit, un trop plein de dette à vil prix, la dégradation des marchés immobiliers et blablabla. Je ne commente pas plus, tout est dans la presse, de la Gazette de la Presqu’il au Figeac Express…
Ce qu’il pourrait se passer est plus intéressant à analyser. Un CAC 40 qui frôle les 4000 points avant de rebondir de 10%, cela nous laisse tout de même avec une jolie baisse de 21.6% depuis le début de l’année. Les indices internationaux ne sont pas en reste avec des baisses du même ordre.
Un esprit contrariant pourrait penser que nous avons touché le fond et que le rebond est proche. Tout contrariant que je suis, je rejette cette hypothèse et pense que le processus d’ajustement devrait encore durer quelque temps. Les vieux loups des marchés financiers décomposent les crises en 3 temps:
* Une période de négation, ou l’on ne voit le choc que comme temporaire et ou l’on clame que tout va bien. Souvenez-vous pour l’immobilier. * Un temps d’acceptation, lorsque l’on réalise que “ben oui finalement c’est la crise et que c’est comme ca, que tout etait un peu trop beau avant pour durer”. * Une capitulation finale signalant le fond du trou, comme en 2002-2003 : “Internet ca ne marchera jamais, les islamistes vont envahir l’Amérique et comme de toutes façons toutes les sociétés truquent leurs comptes comme Parmalat ou Enron, c’est la fin du monde !!”
J’ai tendance à écouter la voix de la sagesse en ces temps agités. Nous devons être au milieu du gue de notre période d’acceptation. Pas totalement vers la fin car les performances publiées (j’insiste sur ce mot) des entreprises ne se sont pas encore dégradés suffisamment, les consommateurs n’ont pas encore trop réduit leurs habitudes de consommation, l’atmosphère ambiant n’a pas encore fini d’entamer les carnets de commandes, le deleverage de nos économies n’en est qu’à son commencement, et les analystes et investisseurs n’ont pas encore tout intégré dans leur petits modèles Excel.
Pour ce qui est de l’inflation et du prix des matières premières, je reste persuadé que cette crise sera déflationniste à terme et que les développements de capacités et la baisse de la demande permettront une correction des prix. Un baril dans les 60-80 dollars est bien possible.
Pour les pays émergents, je suis prudent. Etre une usine pour les pays développés c’est bien, mais lorsque ceux-ci ont des besoins en baisse, l’outil de production est moins utilisé, les performances se dégradent rapidement en raison du fort effet de levier de vos couts fixes et les restructurations sont souvent douloureuses. A plus long terme leur potentiel est inchangé, mais une salutaire petite crise pourrait permettre de saines reformes structurelles.
Et puis, soyons réalistes sur tout ce que je viens d’écrire, en fait je n’en sais rien ! Je ne suis pas Madame Soleil non plus !