Alors qu’Emmanuel Macron a été élu président de la République, Café de la Bourse revient sur les conséquences et opportunités de ce changement politique pour l’investisseur particulier, épargnant et contribuable en se penchant sur les impacts du programme du Président nouvellement élu sur l’économie, l’épargne et la fiscalité.
Les conséquences financières et économiques de la victoire d’Emmanuel Macron
Le candidat de la finance, de l’entrepreneuriat, de l’Europe et du libre échange
Macron le candidat pro-européen et pro-business l’a emporté face à Le Pen, candidate populiste et protectionniste. C’est ce que les marchés espéraient et envisageaient tout à la fois.
Et les experts motivent l’enthousiasme des marchés pour Emmanuel Macron : « Le programme économique d’Emmanuel Macron semble assez favorable aux marchés. Il ne propose certes pas de relever l’âge du départ en retraite, actuellement à 62 ans, mais il n’a au moins pas promis de le réduire à 60 comme Marine Le Pen. » explique Salman Ahmed, directeur de la stratégie d’investissement chez Lombard Odier. Andrew Garthwaite chez Credit Suisse partage la même vision : « La victoire attendue d’Emmanuel Macron à la présidentielle est une bonne nouvelle pour l’économie française et pour les marchés. Le candidat donne en effet la priorité à la compétitivité des entreprises et prône une plus grande intégration de la zone euro. » Salman Ahmed, directeur de la stratégie d’investissement chez Lombard Odier explique notamment cet enthousiasme des marchés par quelques mesures phares du candidat En Marche ! qui laissent présager un sursaut de l’économie française : Emmanuel Macron « prévoit une réduction des dépenses publiques de 60 milliards d’euros pour ramener le déficit en-dessous de la limite européenne, mais aussi de baisser l’impôt sur les sociétés de 33,3 % à 25 % et de dépenser 50 milliards d’euros sur cinq ans dans des mesures pro-croissance telles que l’apprentissage et les infrastructures. »
Un engouement des marchés financiers pour le plus jeune président de la Vème République
Les marchés financiers, dès le 1er tour, ont montré des signes d’enthousiasme certains quant à la possible accession d’Emmanuel Macron à la présidence. Le CAC 40 a gagné plus de 7% entre les deux tours de l’élection présidentielle, soit un gain de 400 points environ ! Après une consolidation le 8 mai (un repli de 0,91 %), il repart à la hausse. Notons aussi qu’au lendemain du 1er tour de l’élection présidentielle française, l’écart entre le taux de rendement des obligations françaises et allemandes à 10 ans a baissé, passant de 70 à 50 points de base. Enfin, la devise européenne s’est appréciée de près de 2% face au dollar.
Michael Aflalo, Directeur des gestions chez BFT Investments Managers, après les résultats du premier tour, prédisait en cas de victoire de Macron « les derniers indicateurs d’activité confortent le scénario d’une croissance en zone euro au-dessus de son potentiel. Dans un contexte marqué par une augmentation du taux d’utilisation des capacités de production, l’intensification des nouvelles commandes à l’industrie indique que l’investissement des entreprises restera soutenu au cours des prochains mois. »
Et en effet, il faut souligner que le contexte actuel est particulièrement porteur pour le président fraîchement élu. Defait, le contexte conjoncturel n’a pas été aussi porteur depuis l’année 2011. Cette dynamique positive devrait permettre à Emmanuel Macron de mettre en place ses réformes. La situation est donc plutôt favorable pour l’économie française et pour le nouveau président de la République.
Entreprise : les secteurs qui profitent à l’élection de Macron
Pour profiter au mieux de l’engouement des marchés financiers, il convient de se positionner sur les actions européennes. Credit Suisse maintient sa « recommandation positive sur ces actifs avec un objectif de fin d’année sur l’EuroStoxx 50 à 3.800 points ». En effet, selon la banque suisse, les indicateurs avancés permettent d’anticiper une croissance proche de 3% du PIB de la zone euro, supérieure à celle des États-Unis. Elle insiste aussi sur le fait que « la dynamique des profits d’entreprises est favorable, meilleure que celle du reste du monde, et seulement 20% des capitaux qui sont sortis d’Europe depuis début 2016 sont revenus. »
Au sein du marché actions européens, les bancaires sont à privilégier. Andrew Garthwaite, Managing Director and Global Equity Strategist chez Crédit suisse considère que ces dernières « devraient être supportées par des ventes d’obligations ». Enfin, notez que les « actions françaises jugées bon marché, qui ont fait moins que l’indice depuis le début de l’année comme Orange, Vinci, Crédit Agricole, ou des entreprises cycliques exposées aux débouchés européens, comme Assa Abloy, Legrand, SAP, Ryanair, Zalando, Capgemini, Randstad » représentent de bonnes opportunités d‘investissement considère Andrew Garthwaite dans les colonnes du Revenu.
Les conséquences de l’élection de Macron pour le particulier
Les retombées pour l’épargnant
Avec la victoire de Macron, on a échappé à une sortie de l’UE et surtout de l’Euro, situation qui aurait induit des dommages considérables pour l’épargne des Français.
Mais que prévoit exactement le nouveau président sur la question de l’épargne ? Emmanuel Macron, au travers de mesures fiscales ciblées souhaite orienter l’épargne des Français vers l’investissement. À l’heure actuelle, les prélèvements que subissent les particuliers Français sont parmi les plus élevés d’Europe. Et des taxes sont prélevées « : à la formation du capital, à sa détention, à sa transmission, en cas de cession, en cas de revenus générés… » comme le souligne Guillaume Maujean, Rédacteur en chef finance et marché pour Les Echos, dans son édito du 30 mars 2017. La conséquences, on la connaît : les Français privilégient la pierre et sont de très gros investisseurs immobiliers.
Pour encourager l’investissement mobilier, Emmanuel Macron souhaite mettre en place deux réformes clés : la mise en place d’une « flat tax » uniforme à 30 % des revenus du capital (12.8% + 17.2% de prélèvements sociaux) d’une part et la modification de l’ISF en ne tenant compte que du patrimoine immobilier et non du patrimoine mobilier d’autre part. Autant d’incitations à privilégier le risque à la rente et à transformer son épargne en investissement dans l’économie réelle !
On pourrait s’inquiéter des conséquences de la mise en place du Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) sur une enveloppe comme l’assurance-vie.
Emmanuel Macron assurait en mars dernier dans Les Echos que « Les placements à revenus fixes, intérêts et dividendes, seront soumis à un prélèvement forfaitaire d’environ 30 % qui comprendra les prélèvements social et fiscal. Toutefois, il sera possible d’opter pour le barème à l’Impôt sur le Revenu. En cas d’option sur le barème à l’Impôt, un ménage non imposable à l’IR ne supportera donc que les prélèvements sociaux (15,5 % + 1,7 % de hausse de CSG). » En effet, avec un taux autour de 30%, seule l’assurance-vie, dont le taux est actuellement de 7.5% après 8 ans, pourrait être pénalisée. Mais Emmanuel Macron a déjà précisé qu’il n’égratignerait pas l’assurance-vie, placement préféré des Français à la fiscalité particulièrement avantageuse en expliquant que cette taxe de 30 % serait appliqué à des cas spécifiques (sans que l’on sache trop ce que cela signifie mais l’assurance-vie en sera exemptée).
Immobilier : les retombées pour le particulier investisseur
En plus de la transformation de l’ISF, en impôt sur la fortune immobilière qui ne comptabiliserait donc que le patrimoine immobilier, Emmanuel Macron s’est également saisi du thème de l’immobilier au travers de l’annonce de la disparition de grands programmes mis en place par l’État. Dans un communiqué En Marche ! de février 2017, il déclarait : « Il est temps de mettre fin à des dispositifs nationaux de type PTZ ou Pinel au profit d’aides ciblées géographiquement ».
Si les dispositifs Pinel et PTZ sont bien connus des Français, on ne sait en revanche pas encore réellement ce qui se cache derrière ces « aides ciblées géographiques ».
L’impact pour le contribuable
Les conséquences de l’élection d’Emmanuel Macron sur la fiscalité devraient être nombreuses. Nous détaillons ici point par point, avec l’aide de la note de Thaline Melkoniana, Responsable de l’Ingénierie Patrimoniale chez Degroof & Petercam, ce qui devrait changer au regard du programme du nouveau Président. Nous ne revenons pas sur les thèmes qui ne devraient connaître aucun changement comme par exemple la fiscalité des successions.
L’impôt sur le revenu
Emmanuel Macron propose donc comme nous l’avons vu plus haut l’instauration d’un prélèvement forfaitaire unique (PFU) de l’ordre de 30% sur l’ensemble des revenus issus du capital mobilier (intérêts, dividendes, plus-values mobilières etc.) mais aussi la création d’une option d’individualisation de l’impôt sur le revenu ainsi que la transformation du Crédit d’Impôt Transition Energétique (CITE) en prime immédiatement perceptible au moment des travaux et non l’année suivante.
Le prélèvement à la source : quand et comment ?
Emmanuel Macron propose d’expérimenter le prélèvement à la source avant de le généraliser. Le 1er mars 2017 sur Europe 1, il confiait : « Je souhaite qu’on expérimente le prélèvement à la source au 1er janvier prochain mais je ne souhaite pas qu’il soit généralisé tout de suite. Il y aura immanquablement des loupés techniques et je n’ai pas envie de plonger le pays dans l’incertitude totale. »
N’empêche, cette déclaration plonge dans l’incertitude et mériterait quelques explications : qui sera concerné par cette expérimentation ? Comment l’administration fiscale jonglera entre les contribuables qui seraient imposés sur les revenus de l’année en cours et les autres sur les revenus de l’année précédente ? Si effectivement, le prélèvement à la source devait être généralisé, quand le serait-il ? Autant de questions auxquelles il faudra apporter rapidement des réponses vu la proximité des échéances.
ISF : transformé en IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière) ?
Emmanuel Macron dans son programme envisage de réformer l’ISF en le transformant en « Impôt sur la Fortune Immobilière ». Seraient donc exclus de cet impôt l’ensemble des investissements dans des actifs financiers (actions, parts, titres de société). Il serait remplacé par un ISF nouvelle version, un « impôt sur la fortune immobilière » qui visera uniquement sur les biens immobiliers, dans les mêmes conditions que l’ISF aujourd’hui.
En outre, il est important de préciser que le vainqueur de l’élection ne reviendra pas sur l’ISF 2017, à payer cet été par les assujettis
À noter : l’investissement dans les PME restera un des outils principaux pour réduire son ISF En mars 2017, dans Le monde des artisans Emmanuel Macron déclarait en effet : « Je défendrai le maintien des incitations fiscales à l’investissement dans le capital des PME : PEA-PME, réduction d’impôt pour souscription au capital des PME. »
Impôts locaux : baisse de la taxe d’habitation
Emmanuel Macron propose l’exonération de la taxe d’habitation pour tous les Français des classes moyennes et populaires (environ 80% des ménages), sans que l’on en sache beaucoup plus sur ce que désignent les « classes moyennes et populaires ». L’État devrait compenser le manque à gagner pour les collectivités territoriales que représentera cet suppression partielle de la taxe d’habitation mais de très nombreuses associations de propriétaires s’inquiètent de l’inflation de la taxe foncière qu’une telle mesure pourrait provoquer.
La CSG
Emmanuel Macron a fait des modifications des charges sociales un des éléments majeurs de sa politique d’augmentation du pouvoir d’achat. Il s’en explique en ces termes dans une interview RMC-BFM TV en décembre 2016 : « Ce que je veux faire, c’est supprimer les cotisations maladies (0,75%) et les cotisations chômage que paie le salarié (2,4%). Sur tous les salaires et pour les indépendants aussi. On va augmenter un peu la CSG (1,7 points) qui a une base plus large mais tous les petites retraites auront leur pouvoir d’achat protégé ».
La fraude et l’évasion fiscale
Enfin, parce qu’un volet de politique fiscale n’est pas complet sans la partie relative à la fraude et l’évasion, notons que le président élu souhaite lutter contre les arrangements fiscaux entre États et entreprises multinationales et se positionne en faveur de l’alourdissement des sanctions contre la fraude fiscale.
En conclusion, n’oublions pas qu’il s’agit ici seulement des mesures qui ont été proposées par le président nouvellement élu. Au-delà du décalage qui existe entre les promesses de campagne et la réalité, rappelons que cette politique ne saurait être menée avec une chambre et un gouvernement du même bord que le président. Rendez-vous donc au lendemain du second tour des législatives le 18 juin 2017, la composition de l’assemblée nationale pourrait en effet venir considérablement bousculer la donne !
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