Depuis 1980, on observe une baisse tendancielle des taux d’intérêt sur le long terme. Cette baisse à déterminé le modèle d’épargne durant 35 années dans la zone euro. Ainsi, en France, l’épargne est majoritairement investie en obligations, notamment au travers de l’assurance-vie. Quel sera le support de placement des ménages de la zone euro dans les 30 prochaines années ?
La gestion de l’épargne des Français devra être revue sur le long terme
Les taux d’intérêt à 10 ans sur les emprunts d’Etat sont passés de plus de 10 % en 1980 à des seuils inférieurs à zéro en 2016, comme le montre une étude réalisée par Natixis. Quatre éléments prouvent que l’on se dirige davantage vers une remontée de l’inflation et des taux d’intérêt à long terme selon l’étude Natixis à savoir « la fin de la flexibilisation du marché du travail, l’augmentation des coûts de production dans les pays émergents, un retour à des prix de l’énergie élevés, l’éloignement progressif de l’application de politiques monétaires ultra expansionnistes ». Ces éléments ne seraient donc pas favorables à un modèle d’épargne en obligations, amenant les ménages à revoir la façon dont ils gèrent leur épargne. Il faudra donc trouver « un nouveau modèle d’épargne qui sera davantage investi en actions mais aussi en capital des entreprises innovantes ou startups ». La réglementation devra évidemment s’adapter à cette évolution.
En France, les épargnants n’ont pas pris beaucoup de risques au cours des premiers mois du second semestre 2016 en plaçant leurs économies sur des supports dont la rémunération est assurée. Ce comportement s’est manifesté par une redirection de leur argent vers les livrets réglementés comme les livrets A ou le compte épargne logement. Finalement, moins d’argent a été déposé sur les dépôts à vue, tandis que l’assurance-vie a été plébiscitée.
La tendance à la baisse des taux d’intérêt dans la zone euro
Dans la zone euro, les taux directeurs des banques centrales sont actuellement quasiment à zéro alors que les rendements des obligations d’Etat à long terme atteignent des seuils record. Cette baisse s’explique notamment par la faiblesse des anticipations de l’inflation mais aussi par la politique très expansionniste menée par la Banque Centrale Européenne. La désinflation et les taux d’intérêt faible ont déterminé le modèle d’épargne des ménages européens.
En effet, ces éléments ont fait apparaitre un rendement moyen élevé des obligations, restant toutefois inférieur à celui des actions. La demande s’apprête à exploser concernant les obligations, principalement sur les titres d’Etat les plus solides. Certains analystes craignent d’ailleurs l’apparition d’une bulle obligataire sur le marché qui pourrait exploser si les taux remontent. Par ailleurs, une réévaluation trop importante des anticipations d’inflation pourrait faire remonter brusquement les rendements des obligations gouvernementales.
Quel modèle d’épargne pour les ménages d’ici les 30 prochaines années ?
On ne peut pas prédire avec exactitude le comportement des ménages dans 30 ans, mais on peut déjà anticiper certains points. En effet, les réformes instaurées assorties des réactions hostiles des opinions devraient stopper le ralentissement des salaires, la déréglementation des marchés du travail devrait donc ralentir. Ensuite, les coûts de production dans les pays émergents pourraient augmenter rapidement faisant disparaitre la désinflation importée de ces pays. Par ailleurs, le retour de la hausse des prix de l’énergie devrait être effectif avec la croissance rapide de la demande mondiale de pétrole et de gaz naturel, comme le précise l’étude menée par Natixis.
Ainsi, les taux d’intérêt et l’inflation devraient remonter progressivement à l’avenir, au sein de la zone euro. Cela marquerait une rupture importante entre la situation actuelle de baisse des taux d’intérêt sur le long terme, et la situation future de hausse des taux d’intérêt sur le long terme également. Si cette hausse durable se produit dans les prochaines années, les rendements obligataires de la zone euro seront faibles voire négatifs. Ainsi, dans cette situation, le modèle d’épargne de la zone euro ne sera plus basé sur des obligations intermédiées par les assureurs. D’ici les 30 prochaines années, les ménages européens auront probablement un support d’épargne orienté vers le capital des entreprises comme des actions par exemple. Les régulateurs devront toutefois s’adapter à cette évolution, notamment en arrêtant de favoriser les placements en titres publics. Dans tous les cas, dans la plupart des pays, les placements financiers diminuent depuis l’éclatement de la crise financière. Au-delà des variations conjoncturelles, certaines différences restent notables entre les pays de la zone euro. Si en France, l’assurance-vie est un support d’épargne prépondérant, ce n’est par exemple pas le cas en Italie qui se distingue par un poids élevé des obligations détenues en direct par les particuliers.
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