Partout dans le monde, la crise des dettes souveraines ne cesse de s’accélérer avec pour conséquence directe des plans de rigueur toujours plus forts et plus nombreux, et une politique de la « planche à billet » qui amène le Japon, entre autres, à des Quantitative Easing « illimités ». Décryptage avec Daniel Gravier de XTB.
États-Unis : Fiscal Cliff, Acte III
Nous entrons dans le troisième volet du fiscal cliff US avec des négociations entre Démocrates et Républicains portant sur le nouveau budget pour 2014. A ce jour, le président Obama a proposé de réduire le déficit budgétaire en augmentant les taxes sur les ménages dont les revenus sont supérieurs à 1 million de dollars par an. Ces foyers devront verser au minimum 30% de leurs revenus au fisc, une fois leurs donations aux œuvres caritatives déduites. Obama souhaite également plafonner à 28% les déductions fiscales pour ces ménages.
Mais au-delà de cette proposition, ce qui doit interpeller l’investisseur, c’est la complexité des négociations en cours. Il y a très peu de chances qu’Obama réunisse une majorité suffisante au Parlement pour valider sa proposition de budget. Aussi, il faut s’attendre, comme en décembre 2012 et en mars 2013, à des séances de trading agitées par ce dossier aux conséquences mondiales. Seul point d’accord, Démocrates et Républicains s’entendent sur un objectif de réduction des déficits publics de 4.000 milliards de dollars sur les 10 prochaines années dont 2.500 milliards déjà validés par Barack Obama depuis le début de son second mandat.
Dans le même temps, la Maison Blanche a annoncé une baisse de ses prévisions de croissance pour 2013 et 2014. Dans les faits, le gouvernement Obama s’attend à ce que le PIB américain soit en croissance de 2,3% en 2013 et de 3,2% en 2014 avec un précédent de +2,2% en 2012 selon le Département du Commerce américain. Le taux de chômage devrait baisser de 0,4 point en 2013 en stagnant autour de 7,7% mais en baissant à 7,2% en 2014 selon les mêmes prévisions. Ces informations devraient jouer contre Obama lors des négociations avec les Républicains. Pour rappel, le camp démocrate avait remporté celles de décembre, et un blocage en mars dernier entre les deux camps avait contraint les Etats-Unis à des coupes automatiques à hauteur de 85 milliards de dollars.
Chypre : vers un relèvement du plan d’aide ?
Le président chypriote Nicos Anastasiades a annoncé vendredi 12 avril qu’il demanderait une aide supplémentaire à ses partenaires européens dans le cadre du plan de sauvetage dédié à l’île. Ce plan, d’un montant de 17 milliards d’euros, sera financé à hauteur de 9 milliards par la zone euro, 1 milliard par le FMI et Chypre devra trouver les 7 milliards supplémentaires. La Troïka attend en contrepartie que l’île réforme son système financier tout en dégageant ces 7 milliards d’euros.
Mais depuis peu, la Troïka et la Commission européenne affirment que le montant total pour sauver Chypre est de 23 milliards d’euros, la petite île devant désormais trouver 13 milliards d’euros soit l’équivalent de 75% de son PIB. Peu d’analystes seront surpris de cette augmentation tant les finances de l’Etat sont opaques. En ce qui concerne la taxe sur les dépôts supérieurs à 100.000 euros, elle devrait rapporter à Nicosie plus de 10,6 milliards d’euros.
Reste à savoir comment le gouvernement chypriote trouvera ces fonds, une somme colossale compte tenu de la taille de l’île et de sa faible population : 1,1 million d’habitants. Pour le moment, les ministres des Finances de la zone euro ont validé le premier plan d’aide à hauteur de 10 milliards d’euros en évoquant qu’il n’y aurait pas de relèvement de cette aide. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle de la Grèce où là aussi les responsables politiques européens avaient évoqué à plusieurs reprises un « dernier » plan d’aide jusqu’à alimenter à hauteur de 240 milliards d’euros le pays.
Japon : nouvelle hausse de l’EUR/JPY
En matière de politique monétaire accommodante, le moins que l’on puisse dire, c’est que la BoJ n’y va pas avec le dos de la cuillère. Le nouveau premier ministre nippon Shinzo Abe a fait de sa priorité économique un Quantitative Easing d’un montant « illimité » suscitant les critiques à son égard de la part de la communauté internationale, soucieuse d’une possible escalade de la guerre des monnaies. Lors du G20, chaque responsable des grands pays occidentaux avait appelé de ses souhaits à limiter les effets de cette politique. Nous l’avons évoqué à plusieurs reprises dans nos analyses quotidiennes. Pourtant, le Japon bénéficie désormais d’un retour de la confiance de la part des investisseurs, mais à quel prix ?
Les seules mesures monétaires mises en œuvre jusqu’à présent ne peuvent pas, aux yeux des analystes, redresser l’économie du pays. Tout au mieux, et c’est ce qui se produit, les exportations nippones se porteront mieux via la baisse de la devise, conséquence directe des injections massives de yens dans le système monétaire par la BoJ. Il y a donc du mieux, mais ce ne sera pas suffisant et tôt ou tard, il faudra que le Japon assume le coût de sa politique de la « planche à billet », à l’instar des Etats-Unis via la FED. Nous sommes donc en train de créer une bulle qui évidemment explosera, sans que l’on sache quand.
Analyse technique Dow Jones : nous anticipons une correction
Le graphique sur le Dow Jones (US.30) nous indique que le rallye haussier est désormais stoppé. Actuellement, US.30 continue d’évoluer sur ses plus hauts historiques. Nous anticipons néanmoins une baisse de l’indice suite à cette phase de stagnation. Le déclencheur pour une correction de l’indice peut être une mauvaise annonce macroéconomique comme un taux du chômage US plus élevé qu’attendu par le marché. Il faudra donc être particulièrement prudent et attentif aux chiffres macroéconomiques qui seront dévoilés dans les prochaines séances, notamment lors des jeudi après-midi. Une fois la correction lancée, nous viserons pour premier objectif à la baisse les 14.450 points.
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