L’Etat français a une dette colossale de 1 600 milliards d’euros. Mais qui lui prête ? Difficile à dire avec précision car l’opacité est de mise. Voici tout de même les quelques résultats de notre enquête.
On sait que ce sont des banques, des compagnies d’assurance, des fonds de pension et d’autres Etats, mais il est presque impossible de connaître les créanciers de la France par leur nom.
C’est l’Agence France Trésor (AFT) qui a pour mission de gérer la trésorerie de l’Etat. Elle anticipe les entrées et sorties d’argent au jour le jour, place les excédents (quand il y en a …) et fait en sorte d’emprunter de l’argent au meilleur coût.
L’AFT propose des obligations du trésor français (OAT) à une vingtaine de banques autorisées, qui se chargent de leur distribution sur le marché financier, où ils peuvent être achetés par des banques, des fonds d’investissement ou des compagnies d’assurance.
La seule entité qui connait l’identité des détenteurs d’OAT est Euroclear France, car c’est elle qui se charge de verser leurs intérêts, mais rien ne l’oblige à divulguer ces informations.
Nos créanciers : les banques et les compagnies assurances
L’AFT dispose tout de même d’une cartographie des premiers acheteurs ; non pas ceux qui reçoivent les intérêts mais ceux qui ont acheté en premier aux banques pour les revendre ensuite.
Avec 57% de la dette, les non-résidents sont le plus gros créanciers de la France (contre 53%, en moyenne pour la dette des pays européens), suivi par les compagnies d’assurance (20%), les établissements de crédit (15%) et les OPCVM (3%).
Reuters a publié en décembre dernier une liste des 50 premiers détenteurs connus de dette française.
On y retrouve dans les premières positions les compagnies d’assurances AXA, Allianz Global, MMA, la banque Crédit Mutuel, ainsi que des sociétés étrangères, comme le Hollandais AEGON, l’Américain Pacific Investment ou le Crédit Suisse.
Qui sont ces investisseurs non-résidents ?
Difficile de connaître l’identité des créanciers non résidents. Il peut tout à fait s’agir d’institutions financières françaises installées à l’étranger.
Jérémy Lemière