Existent-ils de véritables spéculateurs sur le marché boursier de l’Afrique de l’Ouest? Ou, est ce seulement sur les grandes places financières internationales que l’on dont employer ce terme désignant une catégorie d’investisseur à l’affût de gros profits en bourse ? C’est par ces deux interrogations que nous pourrions débuter cette réflexion portant sur quelques stratégies utilisées pour spéculer efficacement sur le marché de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM), basée à Abidjan en Côte d’Ivoire.
L’élément important qui semble être royalement ignoré par beaucoup de personnes jusque là, est que plusieurs investisseurs réalisent dans la discrétion la plus totale, de grosses plus-values sur ce marché boursier tant décrié pour un manque de dynamisme. Ces chasseurs de titres volatils ont une toute une autre lecture de la bourse, ce qui leur permet de mériter non plus seulement le titre d’ « investisseurs », mais beaucoup plus celui de « spéculateurs ». Partageons ensemble quelques unes de leurs méthodes d’investissement en bourse.
La personne qui se livre à la spéculation cherche exclusivement à tirer profit par anticipation de l’évolution des valeurs boursières du marché. Contrairement à certains actionnaires qui ont pour objectifs de bénéficier des dividendes qui leur seront octroyés en fin d’année par la société dans laquelle ils ont investi, le spéculateur se focalise beaucoup plus sur les plus-values qu’il pourrait réaliser en achetant un titre et en le revendant après. Le spéculateur est un chasseur de plus-values, pendant que l’actionnaire ordinaire est en quête de dividendes. Le portefeuille d’un spéculateur est très dynamique, alors que celui du chasseur de dividendes est généralement plus stable. L’on pourrait croire qu’il n’existe pas de spéculateurs sur le marché bousier local, mais ce serait une très grave erreur de penser ainsi. Il existe bel et bel dans l’espace UEMOA plusieurs investisseurs qui adoptent le style des spéculateurs dans leurs méthodes d’investissements. Il ne serait pas exagéré de notre part si nous allions même jusqu’à affirmer que les plus grandes transactions opérées sur le marché boursier local sont pilotées par des spéculateurs.
En effet, réaliser des gains importants à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) ; place boursière de l’UEMOA basée à Abidjan est chose possible. Il suffit de regarder déjà le style d’investissement des Institutionnels tels que : les Banques, les Etablissements financiers, les Fonds Communs de Placement (FCP), les Sociétés d’investissements à Capital Variable (SICAV), les Compagnies d’assurances, les Sociétés de Gestion de Patrimoine, etc pour comprendre que celles-ci ont une approche du marché totalement différente des investisseurs ordinaires.
Ces investisseurs institutionnels sont financièrement puissants, et « dictent » leurs lois aux mouvements du marché boursier grâce à l’importance de leur volume de transaction. Ce qu’il convient de retenir, c’est que ceux-ci sont exclusivement en quête de plus-values. Ils tournent sans cesse leur portefeuille et interviennent dans le marché à des périodes bien précises. Ces professionnels du monde de la finance des marchés savent parfaitement identifier les moments propices pour effectuer des va et vient sur le marché, et engranger ainsi d’énormes gains pour leur clientèle. Ils ont ainsi cultivé un esprit spéculatif très aiguisé qui manque malheureusement à plusieurs actionnaires jusque là. Les performances boursières de la BRVM peuvent être décriées, certes, mais toujours est-il qu’un bon investisseur en bourse peut même s’en sortir avec des profits malgré une apparente nervosité du marché sur lequel il opère. Le tout se joue dans le flair d’investisseur actif qu’il est sensé avoir et qui mérite que nous nous y arrêtions un peu.
Pour spéculer gagnant à la BRVM, tout investisseur ordinaire doit pouvoir dans un premier temps réfléchir comme les investisseurs institutionnels. La priorité ne doit plus être le montant des dividendes à percevoir, mais plutôt la volatilité du titre. Le spéculateur doit mettre en place une méthode d’analyse des valeurs boursières cotées afin d’y déceler les titres qui bougent beaucoup plus pendant l’année. Cette première mesure de la volatilité débouchera par la suite sur une sélection des titres les plus performants parmi la liste des titres que nous avons jugés volatils. C’est donc cette dernière liste qui servira de panier à l’investisseur, et qui lui permettra de constituer son portefeuille final. Ce portefeuille ne doit pas être statique, il doit être modifié à chaque instant, en fonction de l’évolution du marché. Car des titres qui avaient été jugés non volatils à une certaine époque, peuvent retrouver un regain de croissance fulgurant quelques jours après, modifiant ainsi du coup les résultats du premier test de volatilité.
Certains signaux déclenchent habituellement l’intervention massive des spéculateurs à la BRVM. La publication des états financiers annuels des sociétés cotées est une période très propice. Les spéculateurs prennent des positions d’achats lorsqu’ils constatent que les résultats financiers et promesses de dividende de l’entreprise cotée sont meilleurs que ceux attendus par le marché et ceux de l’année précédente. Ils anticipent aussitôt une hausse de la valeur avant l’organisation de l’assemblée générale. Et n’étant pas intéressés par d’éventuels dividendes, ils s’empressent de liquider leurs positions par des mouvements massifs de ventes, provoquant ainsi généralement, la baisse des cours à la veille de la tenue de l’assemblée générale du titre concerné. L’actionnaire ordinaire, aspirant à la méthode spéculative devra donc imiter la mentalité des institutionnels et non plus celle des investisseurs ordinaires, au risque de voir son portefeuille bousier baisser en valeur.
Un spéculateur au parfum des informations du marché doit savoir que certains événements entraînent immédiatement la hausse technique des cours en bourse. L’augmentation de capital par accroissement de la valeur nominale d’une action, entraîne de facto un ajustement à la hausse du cours boursier dans la même proportion que celle de la valeur nominale de l’action. Il en est de même pour l’opération de regroupement d’actions, montage financier dans lequel les dirigeants de la société cotée sont conduits à réduire le nombre de titres sans modifier le capital de l’entreprise. La technique de spéculation consistera donc à prendre une position d’achat sur les titres se trouvant dans notre liste de valeurs volatiles dès que l’information financière vient à confirmer la préparation de ces opérations financières sur ces sociétés.
Ensuite, l’on devra déboucler nos positions d’achats par des ordres de vente, après constatation de la réalisation du mouvement de hausse. Il est de coutume en investissements boursiers de laisser courir ses gains, raisons pour laquelle, les premiers signaux de baisse que l’on observera à la suite de ces mouvements de hausse, pourraient être interprétés comme des points de résistance pour le cours de ce titre, d’où la déduction d’une forte probabilité de la poursuite de la baisse à éviter en positionnant un ordre de vente. Des plus-values se dégagent aussitôt pour le spéculateur.
Plusieurs autres méthodes de spéculation sont parfaitement réalisables sur les cours cotées à la BRVM, et celles-ci sont quotidiennement utilisées par les investisseurs institutionnels. Nous ne pourront pas toutes les développer dans cet article, mais ce qu’il convient de retenir, est que le marché boursier de l’espace UEMOA serait d’avantage dynamique si de nombreux actionnaires adoptaient le style d’investissement des institutionnels ; à savoir privilégier la réalisation de plus-values et non plus seulement la rémunération par d’éventuels dividendes. La gestion dynamique du portefeuille devra désormais être leur maître mot, s’ils veulent réellement jouir de la rentabilité effective de la BRVM. Mais cela passe par un suivi régulier de l’évolution du marché et une analyse très pointue des performances de chaque entreprise cotée.
LOH DAMAS
Analyste Boursier Indépendant
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