Comme annoncé hier par l’Eurogroup, Chypre va recevoir une aide financière de 10 milliards d’euros, mais il y a une première : les dépôts bancaires de plus de 100 000 euros sont gelés et vont être lourdement taxés. En d’autres termes, on va taper dans les dépôts. C’est un phénomène rare, car les gouvernements ne peuvent pas y recourir trop souvent. Les gens s’y font prendre une fois, mais rarement deux. Le dernier précédent remonte à 1992, en Italie.
L’Italie signe en décembre 1991 le traité de Maastricht mais elle est sous pression de ses partenaires européens pour remettre de l’ordre dans ses finances. Le gouvernement italien affiche alors un déficit budgétaire de 11% du PIB. L’Italie sait qu’elle doit remettre de l’ordre dans ses finances publiques.
En juillet 1992, le nouveau gouvernement de Guliano Amato met en oeuvre un plan de rigueur. Si on augmente la TVA, les gens vont recourir au noir. Amato annonce donc le 11 juillet aux banques qu’elles devront fermer la matinée suivante, et il prend un décret ponctionnant de 0,6% les dépôts bancaires des Italiens.
L’opération est un succès. Les banques s’exécutent sans rechigner. Les Italiens réagissent assez peu. Les dépôts sont de toute façon usés par une inflation de 5% l’an. En taxant les comptes, on atteint des gens qui d’habitude parvient à échapper à la taxation. C’est un outil qui fait que tout le monde paie !
Sauf que c’est une opération one shot. On ne peut faire ça qu’une fois que les gens ont perdu la mémoire du dernier raid bancaire.
Laurent Curau
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