On s’intéresse à un phénomène graphique largement commenté chez les investisseurs : une inversion de la courbe des taux. Que veut-on dire par inversion de la courbe des taux ? Qu’est-ce que cela implique ? Quels investissements privilégier et éviter dans ce contexte ? On vous dit tout dans cet article.
Qu’est-ce qu’une inversion de courbe des taux ?
Le 31 mars dernier, les courbes de rendements des bons du Trésor américain à 2 ans et à 10 ans se sont inversés pour la première fois depuis 2019. Ce phénomène sur le marché obligataire signifie que le taux des obligations à 2 ans s’est retrouvé supérieur au taux des obligations à 10 ans. En effet, le rendement des bons du Trésor à 10 ans est tombé à 2,331 %, tandis que le rendement des bons du Trésor à 2 ans était à 2,337 % à un moment donné en fin de séance. Après une brève inversion, les deux rendements se négociaient essentiellement au niveau de 2,34 % dans les derniers échanges.
Le même phénomène s’est observé quelques jours avant – le 28 mars – entre les obligations à 5 ans et celles à 30 ans, qui se sont inversées pour la première fois depuis 2006, lorsque les rendements à cinq ans ont atteint 2,63 %.
On parle donc d’inversion de la courbe des taux lorsque le taux des obligations d’État sur une courte échéance dépasse le taux des obligations d’État sur une échéance supérieure.
Qu’implique une inversion de la courbe des taux ?
Une courbe de rendement inversée est inhabituelle : elle reflète les attentes des investisseurs obligataires concernant une baisse des taux d’intérêt à long terme, généralement associée aux récessions.
La justification habituelle du pouvoir prédictif d’une telle inversion est que les investisseurs ne laisseront le gouvernement emprunter à un coût moindre à long terme qu’à court terme que s’ils croient que les taux seront plus bas à l’avenir qu’ils ne le sont maintenant : cela n’a tendance à se produire que lorsque les banques centrales tentent d’éviter une récession avec des politiques accommodantes.
Une telle inversion a servi d’indicateur de récession relativement fiable dans l’ère moderne : elle a précédé les huit récessions américaines depuis 1955 et fait l’objet d’un examen minutieux de la part des investisseurs sur les marchés financiers, y compris sur les marchés actions.
Bien que la courbe des taux ait envoyé des signaux assez fiables sur les récessions à venir, il est nécessaire d’avoir des preuves corroborantes avant que les investisseurs ne craignent une récession. Parmi ces autres signaux, on peut citer un ralentissement de la création d’emploi, et une augmentation soudaine du chômage, ou des avertissements sur les indicateurs des activités manufacturières. Pour l’instant, les mouvements sur les marchés des actions indiquent que de nombreux investisseurs restent optimistes – le S&P 500 n’a montré aucun signe de baisse durable.
Une autre interprétation avancée par les investisseurs s’articule autour du fait que les marchés obligataires adhèrent à la stratégie de la Fed et pensent que l’inflation se stabilisera à long terme. La perspective serait beaucoup plus inquiétante avec une forte hausse des rendements à long terme : cela indiquerait que le marché est convaincu que des taux élevés seront nécessaires pendant un certain temps pour assurer la stabilité des prix.
Quels investissements privilégier dans ce contexte ?
Dire qu’une récession se prépare peut sembler perspicace, mais sans date précise, c’est moins utile. D’une certaine manière, il y a toujours une autre récession à venir dans l’économie et elles en font partie intégrante.
Plus précisément, l’inversion de la courbe des taux a tendance à précéder les récessions d’environ 6 à 18 mois, ce qui est encore une fois une large fourchette durant laquelle beaucoup de choses peuvent se produire. D’ailleurs, bien souvent, les marchés d’actions augmentent durant cette période.
Techniquement, les inversions de la courbe de rendement ont tendance à avoir moins d’impact sur les entreprises de consommation de base et du secteur de la santé qui ne sont pas dépendantes des taux d’intérêt. Dans le cas d’une anticipation de récession, les investisseurs ont tendance à se tourner vers les valeurs défensives, comme celles des secteurs de l’alimentation, du pétrole et du tabac, qui sont généralement moins touchées par les ralentissements de l’économie.
Quels investissements éviter ?
Sur les marchés obligataires, dans des circonstances normales, les investissements à long terme ont des rendements plus élevés ; comme les investisseurs risquent leur argent sur de plus longues périodes, ils sont récompensés par des paiements plus élevés. Une courbe inversée élimine la prime de risque pour les investissements à long terme, permettant aux investisseurs d’obtenir de meilleurs rendements avec des investissements à court terme. Il est donc préférable d’éviter les obligations de long terme dans ce contexte.
Du côté des marchés d’actions, lorsque la courbe de rendement s’inverse, les marges bénéficiaires diminuent pour les entreprises qui empruntent des liquidités à des taux à court terme et prêtent à des taux à long terme. C’est notamment le cas de certaines banques.
Enfin, en cas de récession, il faut éviter les actifs qui sont fortement endettés, les actifs cycliques, les valeurs de croissance et enfin et surtout les actifs spéculatifs.
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