La majorité des économies des pays développés sont revenus fin 2021 à leurs niveaux de fin 2019. En France, en 2022, la croissance devrait se situer aux alentours de 4 % selon le Ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire.
Pourtant, l’an dernier, le monde a connu l’un des chocs économiques les plus importants de l’histoire si l’on regarde les statistiques à notre disposition depuis 1870. Avec -8 %, le choc a été similaire à celui des deux guerres mondiales. Si la stabilisation a été quasi immédiate grâce à l’intervention massive des États, il existe néanmoins 3 points à surveiller qui pourraient avoir des conséquences importantes sur les marchés en 2022.
À la suite de la conférence de Ostrum AM, Café de la Bourse présente les anticipations et perspectives 2022 concernant l’évolution de l’inflation, l’inflexion des politiques monétaires des banques centrales et le maintien des bons fondamentaux des entreprises. Retrouvez aussi les actifs à envisager en 2022, sur le marché actions comme sur le marché obligations.
L’inflation, une persistance qui affecte les marchés ?
En 2021, on a assisté à un mouvement spectaculaire de l’inflation. Tout l’enjeu désormais est de savoir si ce mouvement est pérenne ou transitoire. La dernière inflation persistante remonte aux années 1970 et l’on avait alors indexé les salaires sur les prix. Ce n’est pas le cas aujourd’hui car les marchés anticipent que la question va se résoudre dans la durée.
L’inflation trouve notamment sa source dans l’accélération considérable de la demande sur les biens, et particulièrement aux États-Unis, où cette demande est associée aux primes versées par Trump et Biden. La demande très forte et soudaine a surpris les entreprises qui se sont retrouvé avec des stocks réduits, entraînant des pénuries. Les entreprises accentuent le déséquilibre car achètent des biens pour ne pas être prise de court par la suite, avec le risque que la demande se stabilise et que les entreprises se retrouvent avec des stocks en excès. En attendant, la situation provoque embouteillage dans les ports, hausse des prix du fret, des matières premières, etc. Notez également que la hausse des prix de l’énergie est la principale source d’accélération de l’inflation. Les matières premières agricoles connaissent aussi une hausse marquée de leurs prix, ce qui n’est pas sans poser problème pour certains pays émergents dont la population pourrait avoir du mal à se nourrir.
L’inflation se situe aujourd’hui à des niveaux rarement observés depuis 25 à 30 ans. Cependant, le retour à la normale du cycle devrait faire ralentir l’inflation et donc l’impact sur les taux d’intérêt devraient être très réduits. Si l’inflation durait, en revanche, alors « une prime d’inflation serait intégrée dans les taux d’intérêt long terme » souligne Philippe Waechter, Directeur de la recherche macroéconomique chez Ostrum AM.
« L’allure de l’inflation est guidée par le prix de l’énergie et le prix des biens dopé par la politique économique » selon Stéphane Déo, Directeur de la stratégie marchés Ostrum AM, qui prédit que « les effets de rattrapage ne seront que temporaires ». D’ailleurs, selon lui « les marchés anticipent une inflation largement au-dessus de 2 % dans l’immédiat, suivi d’une baisse rapide qui se solderait finalement vers une stabilisation à un niveau proche de 2 % ».
Politiques monétaires, vers un resserrement ?
Les politiques économiques et monétaires ont permis de contenir la situation et de limiter l’impact de la crise sanitaire sur l’économie. Cependant, le traitement de la situation a été très différent des deux côtés de l’Atlantique. Aux États-Unis, on a assisté à la mise en place d’une politique économique curative (allocation chômage et primes) ; alors qu’en Europe, on a assisté à la mise en place d’une politique économique préventive (hausse des aides publiques). Le risque a été pris en charge par les États, pas par les ménages et les entreprises.
La divergence entre les politiques économiques se retrouve également dans les politiques monétaires. La BCE et la Fed n’ont pas la même perception de l’environnement et pas la même envie d’agir. La Fed poursuit son tapering avec un QE qui devrait s’achever l’été prochain et une hausse des taux est prévue dès la fin de l’année prochaine.
Quant à la BCE qui doit faire des annonces le 16 décembre, elle devrait très vraisemblablement procéder également à une baisse du QE mais très progressive, et la hausse des taux sera vraisemblablement aussi très mesurée si elle a lieu.
En résumé, la tendance de resserrement monétaire devrait se poursuivre mais les banques centrales restent très accommodantes. « On lève le pied de l’accélérateur, on n’appuie pas sur le frein » explique Stéphane Déo. Les taux devraient donc rester bas très longtemps et le glissement vers le haut s’opérer très lentement.
Les fondamentaux des entreprises, toujours excellents ?
La très forte reprise de la demande chinoise et de la demande américaine et dans une moindre mesure de la demande européenne, accompagnée de la levée d’une part des incertitudes liée au vaccin ont conduit les entreprises à renouer avec la croissance.
Les fondamentaux sont bons, excellents même. Plusieurs chiffres le montrent. Soulignons par exemple que, en Europe, 30 % des entreprises empruntent à taux négatifs et que le taux de défaut est de seulement 3 %. Le risque est donc très faible. Les « capacités d’emprunts [sont] favorables alors même que les entreprises ont restauré leurs marges et leurs flux de trésorerie qui sont revenus au niveau d’avant-crise » explique Stéphane Déo qui souligne que « la situation bilancielle, et en particulier la position en liquidité, est très solide ». Chez Ostrum AM, on est convaincus qu’il y aura plus de « rising stars » que de « falling angels » en 2022.
À noter tout de même : l’inflation est un problème sur les marchés qui doivent composer avec des coût de productions qui progressent extrêmement vite. Cela créée de vraies tensions sur les marges des entreprises, mais de façon inégale selon les secteurs. De ce fait, il est possible que l’on connaisse une rotation sectorielle très importante dans les mois qui viennent.
Dans quoi investir en 2022 ?
En tenant compte de l’inflation, des politiques monétaires des banques centrales, des bons fondamentaux des entreprises, mais aussi du contexte macro-économique global, plusieurs types d’actifs peuvent retenir l’attention de l’investisseur particulier en 2022.
Action en Bourse : quels secteurs privilégier ?
Sur le marché actions, on veillera à ne pas investir dans des sociétés qui voient leur marge se réduire à cause de l’inflation et qui sont pénalisés par les pénuries comme par exemple le secteur automobile. À l’inverse, on privilégiera celle qui peuvent profiter de l’inflation comme les sociétés du secteur de l’énergie ou celui des matières premières de base, ou encore les secteur qui résistent à l’inflation grâce à leur pricing power comme les actions du secteur du luxe par exemple. Certains secteurs peuvent aussi présenter des perspectives de croissance intéressantes comme, étant donné le contexte, le secteur de la santé, mais aussi celui des médias qui renoue avec la croissance ou encore le secteur bancaire qui devrait profiter de la remontée des taux et de la qualité des actifs, sans oublier la Tech qui peut compter sur le megatrend digitalisation.
Obligation : comment obtenir de la performance dans un contexte d’inflation ?
Sur le marché obligataire, il pourra être judicieux de se positionner sur les obligations durables, un marché incontournable aujourd’hui. 900 milliards d’euros ont été émis en 2021 et elles peuvent permettre aux investisseurs « d’accompagner les émetteurs souverains dans leur transition énergétique et sociale » selon Ibrahima Kobar, Directeur des gestions chez Ostrum AM.
Les obligations des émergents peuvent aussi représenter une opportunité. Après avoir été particulièrement malmenés avec la crise sanitaire, les conditions devraient leur être plus favorables en 2022. Ibrahima Kobar, Directeur des gestions chez Ostrum AM, souligne « un portage intéressant avec une résilience au risque améliorée ».
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