Dans le monde des marchés financiers, où la volatilité est souvent synonyme d’opportunité, le short selling, ou la vente à découvert, se présente comme une stratégie d’investissement particulièrement pertinente. C’est ainsi que des traders ont pu amasser des fortunes en se positionnant à la baisse lors des grandes crises financières.
Toutefois, il s’agit le plus souvent de stratégies réservées aux investisseurs expérimentés, puisque nécessitant des compétences spéciales et une bonne compréhension des produits financiers permettant de se positionner à la baisse sur les marchés actions.
Cet article vise à démystifier le short selling et à fournir des informations clés pour la mise en place de ce type de stratégie en Bourse de façon réfléchie. Vous découvrirez aussi quelles sont les actions françaises et étrangères les plus shortées en 2024 et quels sont les avantages et risques à se positionner à la baisse sur des marchés avec différents type de produits financiers.
Qu’est-ce que le short selling ?
Le short selling, ou la vente à découvert, est une stratégie d’investissement qui permet aux traders de spéculer sur la baisse du prix d’un actif. Contrairement à l’investissement traditionnel où l’on achète bas et vend haut, le short selling inverse cette logique puisque l’investisseur emprunte des actions ou d’autres titres qu’il vend immédiatement sur les marchés boursiers, dans l’espoir de les racheter plus tard à un prix inférieur. La différence entre le prix de vente initial et le prix de rachat représente le profit (ou la perte si le prix augmente). Cette technique est utilisée sur divers marchés financiers, notamment les actions et les obligations.
Pour les débutants, il est crucial de comprendre que le short selling comporte des risques significatifs puisque les prix des actifs peuvent théoriquement augmenter indéfiniment, les pertes potentielles en short selling sont donc illimitées, alors que les gains sont limités (du prix de l’action à zéro). Les gains comme les pertes peuvent être augmentés par un effet de levier, un outil souvent utilisé dans les opérations de short selling. De plus, le short selling implique souvent des frais, car il faut payer des intérêts sur les titres empruntés ainsi que d’éventuels frais de transactions supplémentaires. C’est pourquoi cette stratégie est généralement réservée aux investisseurs expérimentés ou professionnels.
En dépit de ces risques, le short selling joue un rôle important sur les marchés financiers. Il peut contribuer à la stabilisation des prix d’une action en Bourse, limiter les effets de bulles spéculatives agissant comme un frein sur les hausses, permettre aux investisseurs de se couvrir contre les risques de baisse et même s’exposer sur les entreprises surévaluées ou frauduleuses pour en tirer profit. Pour les investisseurs débutants, il est vivement recommandé d’y aller très prudemment avec le short selling, le temps de maîtriser tous les aspects de cette pratique, et surtout, d’éviter d’utiliser de l’effet de levier et ne pas tenter de faire un gros coup sur une intuition.
Quelles sont les actions françaises les plus shortées en 2024 ?
Avant de vous établir la liste des actions françaises les plus shortées en 2024, nous tenons à vous rappeler qu’il ne s’agit pas forcément de la liste des actions qu’il faut shorter maintenant. D’une part, les spéculateurs peuvent s’être trompés ; de plus, il ne faudrait pas copier une bonne idée en bout de course.
Selon les données d’Euronext, les cinq actions françaises les plus shortées en date du 20 mai 2024 sont :
1. Action Eutelsat Communications (FR0000399948) : avec un flottant shorté de 15,62 %
Bien que ce soit l’action la plus shortée en 2024, les cours de l’action Eutelsat Communications progressent de + 2,28 % depuis le 1er janvier 2024. Attention donc ! En effet, si les vendeurs venaient à se retrouver acculés ils pourraient déboucler leur vente à découvert, ce qui pourrait entraîner une hausse des cours de l’action Eutelsat Communications.
2. Action Orpea (FR0000383150) : avec un flottant shorté de 12,90 %
Depuis le 1er janvier 2024, les cours de l’action Orpea accusent une baisse de plus de -15,6 %. Les short sellers de 2024 sur l’action Orpea devraient donc être majoritairement gagnants. Attention toutefois à ne pas se positionner trop tard à la baisse, les vendeurs pourraient prendre leurs bénéfices avec une telle baisse du cours de l’action Orpea.
3. Action Thales (FR0000988040) : avec un flottant shorté de 11,79 %
Les short sellers doivent être dans une position délicate avec l’action Thales qui a grimpé de +25 % depuis le 1er janvier 2024. Cependant, nous ne pouvons pas savoir ni quand ni à quel prix l’action Thales a été shortée. Il faut juste garder en tête que les short sellers pourraient créer de la volatilité s’ils venaient à déboucler leurs positions sur l’action Thales.
4. Plastic Omnium (FR0000988281) : avec un flottant shorté de 11,65 %
Avec une baisse de -8,6 % sur l’action Plastic Omnium depuis le 1er janvier 2024, on peut dire que les short sellers ont eu du flair.
5. Stellantis (STLA.PA) : avec un flottant shorté de 10,78 %
Si l’année 2023 fut exceptionnelle pour l’action Stellantis, la performance de 2024 est un peu plus morose et les spéculateurs ont visiblement saisi l’opportunité pour gagner de l’argent sur les 3,5 % de baisse observé sur l’action Stellantis depuis le 1er janvier 2024.
Comment utiliser le SRD pour shorter les actions françaises ?
Le SRD (Service de Règlement Différé) est un dispositif financier qui permet aux investisseurs d’acheter ou de vendre des actions sans avoir à régler immédiatement la transaction. Le SRD permet de différer la livraison des titres jusqu’à la fin du mois boursier. Il s’adresse aux investisseurs anticipant un écart de cours favorable (à la hausse ou à la baisse) entre le cours actuel et celui du jour de liquidation. Lors de la liquidation, l’investisseur peut lever les titres en les payant ou reporter son crédit d’un mois supplémentaire.
Seules les valeurs répondant à des critères de capitalisation boursière et/ou à un volume minimum de transactions journalières sont éligibles au SRD. Les principales sociétés d’Euronext Paris et les valeurs composant le CAC 40 peuvent se négocier au SRD.
Les titres et le numéraire déposés sur le compte titres SRD constituent une couverture, permettant de prendre des engagements supérieurs à ses disponibilités. Cet effet de levier peut démultiplier les gains, mais il comporte également des risques.
Le courtier Bourse maintient la position de l’investisseur jusqu’à la date de la liquidation, moyennant une commission de règlement différé (CRD).
Attention, le SRD peut vous exposer à des pertes qui peuvent dépasser votre mise initiale.
Tous les courtiers Bourse ne donnent pas accès au SRD, il faut donc s’assurer si vous souhaitez mettre en place ce genre de stratégie que votre courtier en Bourse le permet. Autrement, il est toujours possible d’avoir recours à d’autres solutions pour profiter de la baisse des marchés, comme nous le verrons plus tard dans l’article.
Quelles sont les actions étrangères les plus shortées en 2024 ?
Comme nous l’expliquions pour l’exemple des actions françaises, et avant de vous présenter les actions étrangères qui ont fait l’objet du plus grand nombre de ventes à découvert en 2024, il est important de souligner que cette liste ne représente pas nécessairement les actions à shorter actuellement. Il est possible que les spéculateurs aient commis des erreurs dans leurs évaluations. De plus, il est risqué de suivre une stratégie de vente à découvert qui pourrait déjà avoir atteint son apogée.
Selon S&P Global Market Intelligence, les actions étrangères les plus shortées en 2024 sont les suivantes (vous verrez aussi dans cette liste la performance de ces actions pour l’année 2024, au 21 mai 2024) :
- Action Fashion Nova Inc. : baisse de -44 % depuis le 1er janvier 2024
- Action Kandi Technologies Group Inc. : baisse de -23 % depuis le 1er janvier 2024
- Action AMC Entertainment Holdings Inc. : baisse de -19 % depuis le 1er janvier 2024
- Action GameStop Corp. : baisse de +30 % depuis le 1er janvier 2024
- Action Sundial Growers Inc. : baisse de -33 % depuis le 1er janvier 2024
- Action Blink Charging Co. : baisse de -4 % depuis le 1er janvier 2024
- Action Hut 8 Mining Corp. : baisse de -21 % depuis le 1er janvier 2024
Comment utiliser les turbos pour shorter les actions étrangères ?
Les turbos sont des instruments financiers à effet de levier qui permettent notamment de spéculer sur la baisse des actions étrangères. Pour shorter une action via un turbo, l’investisseur achète un turbo put correspondant à l’action ciblée. Le fonctionnement est simple : l’investisseur ne finance qu’une partie du prix de l’action, le reste est pris en charge par l’émetteur du turbo (effet de levier). Si l’action baisse, la valeur du turbo augmente proportionnellement à l’effet de levier. Cependant, si l’action atteint la barrière désactivante, le turbo est désactivé et peut perdre toute sa valeur. Il est donc crucial de bien comprendre les risques associés et de suivre attentivement l’évolution du marché.
Généralement, les turbos qui traquent des actions ont pour sous-jacent de grosses valeurs boursières. Il sera donc plus facile de trouver un turbo répliquant les mouvements des larges caps du Nasdaq100. À l’inverse, il sera très rare de trouver des turbos traquant des small cap par exemple.
Contrairement au SRD, le risque de perte est limité au montant investi, car le Turbo perd toute sa valeur si le prix du sous-jacent atteint la barrière désactivante.
À noter qu’il existe aussi des Turbo sans barrières désactivantes.
Peut-on shorter avec les ETF ?
Les ETF short ou ETF bear sont des instruments financiers qui permettent de spéculer sur la baisse des indices boursiers, mais pas sur des actions individuelles (sauf dans le cas de quelques rares ETP short sur les actions individuelles). En achetant un ETF short, l’investisseur parie sur la dépréciation de l’indice de référence.
Les ETF short sont conçus pour suivre la performance inverse d’un indice boursier sur une base quotidienne. Cela signifie que si l’indice baisse pendant la journée, l’ETF Short devrait théoriquement augmenter de valeur, et vice versa. Cependant, il est important de noter que cet ajustement est recalculé chaque jour, ce qui peut entraîner un phénomène connu sous le nom de beta slippage.
Le beta slippage est le décalage qui peut se produire lorsque les performances d’un ETF short ne correspondent pas exactement à l’inverse de la performance cumulée de l’indice sur plusieurs jours. Ce décalage est dû à la méthode de calcul quotidien de l’ETF et peut être exacerbé par la volatilité en Bourse.
En résumé, bien que les ETF Short puissent être des outils utiles pour profiter de la baisse d’un marché ou d’un indice, les investisseurs doivent être conscients du beta slippage et de son impact potentiel sur les rendements à long terme.
Parmi les avantages des ETF short, on note l’accessibilité et la simplicité d’utilisation. En effet, l’ETF short s’achète en Bourse comme n’importe quel autre titre. L’effet de levier est fixe (x1, x2, x3 ou x5) et la perte ne peut jamais excéder le montant de l’investissement initial.
Short Selling : comment gérer les risques ?
La gestion du risque en short selling (vente à découvert) est cruciale car elle permet de limiter les pertes potentielles face à l’illimité théorique de la hausse d’un actif. En effet, lorsqu’un investisseur vend à découvert, il emprunte des actions pour les vendre immédiatement dans l’espoir de les racheter plus tard à un prix inférieur. Si le cours de l’action augmente, les pertes peuvent s’accumuler rapidement, car il devra racheter les actions à un prix plus élevé pour les rendre au prêteur.
Une gestion du risque efficace implique l’utilisation de stop loss pour limiter les pertes, une surveillance constante du marché pour réagir aux changements de tendance, et une connaissance approfondie du produit et du marché sur lequel on intervient. Cela permet de protéger le capital investi et de maintenir une stratégie de trading durable et rentable à long terme.
N’oubliez pas qu’avec certains produits boursiers, la perte peut être plus importante que votre investissement initial, un défaut dans votre stratégie de gestion du risque peut non seulement vous amener à perdre la totalité de votre mise, mais aussi vous engager sur des dettes qu’il faudra rembourser. Ce n’est pas à prendre à la légère.
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