Quand la terre trembla à Kobe au Japon en 1995, elle trembla aussi à la Barings. Au coeur du séisme financier se trouvait Nick Leeson, un trader de futures de 28 ans qui avait gravi les échelons de la Barings pour se retrouver à la tête de sa filiale de Singapour.
Au départ, Leeson avait eu la main chanceuse dans ses opérations spéculatives et était parvenu à réaliser de gros bénéfices pour sa banque, ce qui lui avait permis de monter en grade.
Malheureusement, alors que ses opérations spéculatives se faisaient plus nombreuses, sa chance tourna. En 1995, on découvrit qu’il dissimulait les pertes de ses trades sur un compte secret. Leeson avait profité d’une faille dans la gestion de sa banque, qui lui avait donné la responsabilité de pointer et vérifier ses propres opérations, plutôt que d’en confier la mission à un supérieur hiérarchique.
Au lieu de réduire ses prises de risque, Nick Leeson se mit à miser des sommes toujours plus grosses dans l’espoir de se refaire et d’éponger ses pertes.
Ironie du sort : c’est un trade classique, assez peu risqué, qui mena Leeson et la vénérable banque bicentenaire à leur perte. Leeson plaça un short-straddle sur le Nikkei, pariant que le taux de change resterait stable durant la nuit (overnight). Normalement, Leeson aurait dû être à l’abri avec une telle position, mais le tremblement de terre à Kobe provoqua un krach sur le Nikkei et tous les marchés asiatiques.
Face à l’énormité de ses pertes, Leeson, pris de panique, tenta alors de compenser ses pertes avec des positions de plus en plus désespérées, pariant sur la reprise du Nikkei.
Seulement, la gravité de la catastrophe fit s’envoler tout espoir de rebond de l’indice japonais. Leeson quitta le pays, mais fut finalement arrêté en Allemagne. La Barings, qui avait perdu plus d’un milliard de dollars, soit plus de deux fois son capital, fit faillite.
Leeson écrivit le livre Rogue Trader durant son incarcération à Singapour. Pendant plus de dix ans, Leeson a détenu le record du monde des pertes dues à des transactions non réglementées. Son triste record fut battu le 25 janvier 2008, lorsque la Société Générale annonça qu’un de ses traders avait perdu plus de 7 milliards de dollars.
Un certain Jérôme Kerviel …
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