Entre le début des années 2000 et aujourd’hui, les petites sociétés cotées ont pulvérisé les grandes. Ces performances boursières supérieures, les small caps les doivent à plusieurs caractéristiques qui leur sont propres.
Regardez ces deux graphes :
Que ce soit aux Etats-Unis ou en France, les petites sociétés (small caps) ont atomisé les grandes (large caps).
Voici quelques caractéristiques des small caps et de leur marché de cotation qui expliquent une grande partie de cette surperformance.
Moins d’acheteurs et de vendeurs
Les small caps ont par définition moins d’actions en circulation sur le marché et on y trouve moins de participants que sur les grands marchés ; les volumes sont faibles. En d’autres termes, les actions des small caps sont moins liquides. Par conséquent, dès que les fondamentaux d’une small cap s’améliorent, les investisseurs arrivent en masse, les volumes d’échanges augmentent, et le titre bondit à la hausse.
Les small caps peu suivies par les analystes financiers
Commençons par un exemple. Le 8 janvier 2007, les analystes d’UBS passent de neutre à achat sur le titre IBM. Suite à cela, le titre prend 1%. Le 6 septembre 2005, Brean Murray améliore son avis concernant la small cap Wilson’s Leather, passant de accumuler à achat fort. A la publication de cette annonce, le titre prend 4% dans la journée, et presque 12% sur la semaine.
Pourquoi un tel écart?
Le jour où UBS revoit son avis concernant IBM, 25 autres analystes suivent aussi le titre. Il existait déjà beaucoup d’avis convergents, donc la nouvelle n’a pas eu que peu d’effet. A l’inverse, cinq analystes seulement suivaient le titre Wilson’s Leather. Un nouvel avis favorable a donc mécaniquement plus d’impact.
Les petites entreprises sont plus agiles
Au cours d’une conférence, Eric Schmidt, alors à la tête de Novell, compare les large caps à des gros bâteaux : « Il faut beaucoup de temps pour changer de cap ».
Il est vrai que pour une grosse société, lancer un nouveau produit sur le marché peut prendre des années. Cette lenteur est due à la bureaucratie qui a fini par s’y installer au fil des années : validation de budgets, vérification de produits, homologations, validation des normes, couverture des risques juridiques, plan marketing, etc.
En revanche, les petites sociétés ont tout à gagner (et rien à perdre) à jouer de leur agilité et de leur rapidité. Non seulement, c’est un de leurs avantages concurrentiels, mais leur santé financière en dépend. Par exemple, une petite chaîne de restaurants aura plus de facilité à changer ses menus et réapprovisionner ses points de ventes qu’une grosse multinationale comme McDonald’s. Un cas classique de David contre Goliath.
Acquisitions
Une grosse société peut en acquérir une autre, mais c’est rare. Les petites sociétés, elles, sont des proies faciles. Et lorsqu’une petite société fait l’objet d’une OPA, son cours bondit. L’acheteur offre souvent un prime de rachat substantielle afin de séduire rapidement les actionnaires de la cible.
Pour une grande entreprise, le rachat d’une petite entreprise est souvent le moyen rapide de s’offrir de nouvelles compétences, des brevets, ou de nouveaux produits. C’est moins cher, plus rapide et plus certain qu’un investissement dans sa propre R&D.
Laurent Curau