Warren Buffett est considéré aujourd’hui comme le meilleur investisseur de tous les temps. Cependant, la taille son fond d’investissement, Berkshire Hathaway, est pour lui un handicap.
En effet, un petit investisseur a plus de facilité de générer d’importants rendements du fait de positions beaucoup plus petites.
Pourquoi cette situation apparemment paradoxale ?
L’art de l’investissement “valeur”
Warren Buffett était un étudiant passionné de Benjamin Graham et de sa théorie d’investissement basée sur l’évaluation de la valeur intrinsèque d’une société (1920), dans laquelle il excelle. Cette stratégie consiste à acheter les titres des sociétés sous-évaluées par le marché, c’est à dire dont le prix est inférieur à sa valeur fondamentale.
Dans un premier temps, Buffett recherche donc des sociétés bien gérées, faiblement endettées, avec un modèle économique simple qui dégage de fortes marges. Il détermine ensuite ses perspectives de croissance sur les cinq ou dix ans à venir et, si le prix actuel est inférieur à ses prévisions, alors ces sociétés entrent dans son portefeuille en tant qu’investissements long terme.
C’est en procédant ainsi que Buffett a pu bâtir sa holding Berkshire Hathaway qui vaut aujourd’hui près de 200 milliards de dollars. En 2005, une étude de Gerald Martin et John Puthenpurackal a montré qu’entre 1980 et 2003, la stratégie d’investissement de Warren Buffett a surperformé le S&P500 vingt années sur vingt-quatre, affichant un rendement annuel supérieur de 12.24% à celui de l’indice.
Un seul mot : croissance
Les titres qui retiennent l’attention de Buffett sont ceux qui ont de bonnes chances d’afficher un rendement annuel d’au moins 10%. Lorsqu’il débuta, Warren Buffett avait déjà un large choix de titres qui correspondaient à ses critères de croissance.
Aujourd’hui, paradoxalement, la taille de son portefeuille et son succès sont des désavantages pour Buffett.
En effet, pour continuer à générer un taux de rentabilité important sur un portefeuille aussi gros, il doit prendre d’énormes positions, ce qui n’est possible que sur de grosses capitalisations. Le problème est que les sociétés qui correspondent à ses critères de sélection se font de plus en plus rares. Il n’y en a pas assez pour pouvoir investir 100% de son capital.
Par exemple, en 2007, Warren Buffett entre au capital de US Bancorp à hauteur de 59.1% soit 14 millions d’actions. malgré la taille de cette position, l’impact sur son portefeuille n’a été que de 0.74%. Il acheta 3.5 millions d’actions de la société Sanofi-Aventis et l’impact sur son portefeuille a été de 0.18%.
Petits investissements, rentabilité importante
Selon Buffett, il serait en mesure de générer des rendements supérieurs à 50% s’il avait moins d’argent à placer. En effet, les petites capitalisations boursières (les “small caps”) sont celles qui peuvent offrir un rendement élevé très rapidement. Mais cela pose deux types de problèmes pour un fond de la taille de Berkshire Hathaway :
- Si Buffett prenait une position sur une société dont la valeur boursière est de 240 millions de $ et que sa valeur doublait, cela ne représenterait qu’une appréciation globale de 0,3% pour Berkshire Hathaway. Compte tenu des frais engagés en recherche et études financières, cela ne serait pas rentable.
- Il reste à l’écart des petites capitalisations car, bien qu’elles puissent fournir un rendement potentiel important, ses positions feraient évoluer sensiblement les cours du fait du caractère peu liquide de ces titres.
Warren Buffett n’est pas le seul à être victime de son succès. D’autres fonds mutuels importants connaissent le même type de problèmes et sont obligé de refuser l’entrée à de nouveaux investisseur pour ne pas devenir trop gros et trop difficiles à gérer.
En conclusion, le fait d’avoir un “petit” capital est un gros avantage pour l’investisseur moyen. Grâce à l’investissement par internet, à la prolifération des “small caps” et aux possibilités d’investir directement dans des petites compagnies par des plans de réinvestissement des dividendes (DRIP) ou des achats directs, être un petit investisseur procure bien des avantages. De plus, il est possible de procéder à une diversification efficace même avec un petit capital.
Il faut travailler, rechercher, suivre sa discipline d’investissement, détecter les bonnes occasion et les garder sur le long terme afin de se procurer un taux de croissance que Warren Buffett lui-même envierait.