Peu d’entre nous ont envie de se remémorer un événement ou une expérience douloureuse du passé, en particulier lorsqu’on en est responsable. Nous ne voulons pas nous rappeler toutes ces opportunités manquées, et encore moins tous ces achats qui se sont soldés par de grosses pertes.
Plus notre ego est grand, plus de tels souvenirs sont des menaces pour notre image de soi. Comment pourrions-nous être de si bons investisseurs si l’on a fait toutes ces erreurs dans le passé ? Au lieu d’être lucide sur le passé, nous sélectionnons nos meilleurs souvenirs pour préserver l’image de nous-mêmes.
Assimiler les informations de cette façon vise à corriger notre “dissonance cognitive”, une théorie bien connue en psychologie. La dissonance cognitive suppose que nous n’aimons pas avoir deux idées contradictoires simultanément. Pour y remédier, notre psyché a recours à la mémoire sélective.
Gommer de notre esprit un mauvais choix d’investissement fait dans le passé, en particulier si nous nous voyons dorénavant comme un investisseur talentueux, justifie l’ajustement, petit à petit, de notre souvenir, pour “digérer” ce mauvais choix d’investissement. “Peut-être n’était-ce pas une si mauvaise décision de vendre cette action ?” Ou encore : “En fait, je n’ai peut-être pas perdu autant que je le pensais ?”.
Avec le temps, notre souvenir de l’événement ne sera plus objectif mais s’intégrera dans une représentation globale de soi.
Un autre type de mémoire sélective est la représentativité, un raccourci mental qui nous pousse à accorder trop d’importance aux événements récents, comme par exemple les derniers résultats trimestriels, mais trop peu de poids aux causes profondes et anciennes d’un événement actuel.
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