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Fonds souverains : que sont ces fonds de placements financiers ?

Fonds souverains : que sont ces fonds de placements financiers ?




Les fonds souverains dont les encours n’ont cessé de croître ces dernières années soulèvent bien des interrogations. À quoi servent-ils ? D’où sont issues ces sommes faramineuses détenues par certains États ? Comment sont-ils gérés ? Avec quels objectifs ? Café de la Bourse revient sur le fonctionnement des fonds souverains et vous présente les 5 principaux fonds souverains à connaître.

Comment fonctionnent les fonds souverains ?

Les fonds souverains ou « Sovereign Wealth Funds » en anglais sont des fonds d’investissement détenus par un État qui gèrent des excédents nationaux dans un but d’investissement. Un fonds souverain place l’épargne nationale sur les marchés financiers (actions, obligations, etc.), à l’international, avec une optique de diversification du portefeuille.

Un fonds souverain est sous la tutelle d’un État qui peut en assurer sa gestion ou simplement le superviser. Le fonctionnement et la gouvernance d’un fonds souverain varie d’un fonds à l’autre.

Un fonds souverain, pour être considéré comme tel, doit remplir certains critères définis par le Fonds Monétaire International (FMI). On retrouve notamment :

  • La gestion ou le contrôle par un gouvernement national ;
  • La gestion des actifs financiers dans une logique relativement long terme ;
  • La poursuite d’objectifs macroéconomiques précis : par exemple, épargne intergénérationnelle, diversification du PIB national ou encore lissage de l’activité.

Les sommes détenues par les fonds souverains proviennent pour la plupart d’entre eux des recettes pétrolières mais aussi d’exportations importantes et diversifiées (dans ce cas, la balance commerciale du pays est le plus souvent excédentaire), ainsi que de réserves de change accumulées.

Cette épargne excédentaire est investie pour répondre à des objectifs précis. Ainsi, les fonds de constitution d’épargne intergénérationnelle ont pour but de faire fructifier les surplus de revenus pour que les générations futures puissent en recueillir les bénéfices. Les fonds de stabilisation ont pour ambition de protéger un pays des éventuelles baisses de revenus liées à une chute des exportations de matières premières. Les fonds souverains de financement des retraites sont également utilisés par les pays qui anticipent un vieillissement marqué de leur population. Les fonds souverains peuvent aussi financer la diversification de l’économie d’un pays en soutenant le développement d’un secteur d’activité encore sous-représenté au travers de grands projets industriels, écologiques, touristiques, etc. Ces fonds de développement permettent une diversification des revenus et de prétendre à une certaine indépendance dans des secteurs jusqu’alors peu développés. Enfin, les fonds d’optimisation ont pour objectif d’optimiser les profits des réserves de change d’un État.

Tous ces objectifs peuvent évoluer au cours de la vie du fonds, s’associer, coexister parfois, même si de nombreux États ont créé plusieurs fonds souverains en donnant à chacun un but précis (et une stratégie d’investissement pertinente eu égard aux objectifs d’investissement).

En mars 2018, selon le cabinet Preqin, on dénombrait 78 fonds souverains dans le monde, pour des encours s’élevant à 7 540 milliards de dollars.

Les fonds d’investissement font souvent l’objet d’interrogations, voire de controverses. On leur reproche en effet leur manque de transparence (ils appartiennent pour beaucoup à des régimes politiques opaques), leur influence considérable sur les marchés financiers (et leur poids ne cesse de grandir : en 2018, les actifs sous gestion des fonds souverains ont, au niveau mondial, augmenté de 866 milliards de dollars) ainsi que leurs prises de participation dans un but politique.

Les principaux fonds souverains dans le monde

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De très nombreux fonds souverains appartiennent à des pays du Moyen-Orient qui y trouvent un moyen d’investir les richesses issues de leur stock d’hydrocarbures. Cependant, des pays, notamment asiatiques, comme la Chine ou Singapour, se distinguent également par les encours particulièrement importants de leurs fonds souverains dus à une balance commerciale excédentaire et y trouvent un moyen d’investir leurs liquidités.

Government of Singapore Investment Corporation : fonds souverain de Singapour

Les sommes détenues par le fonds souverain de Singapour, le GIC pour « Government of Singapore Investment Corporation », est issu de la balance commerciale excédentaire de ce petit pays asiatique qui exporte massivement. La cité-État est d’ailleurs fortement dépendante de la consommation extérieure.

Le GIC a été créé en 1981 et son fonctionnement est régi par la constitution du pays. Il est indépendant du pouvoir en place puisqu’il est placé sous la tutelle de la Monetary Authority of Singapore, dont il gère les réserves officielles investies dans des actifs de long terme. « Cette indépendance revendiquée s’accompagne cependant d’une forte proximité entre la direction […] et le pouvoir politique » selon la direction générale du Trésor.

Sa stratégie d’investissement est basée uniquement sur des critères commerciaux et les actifs sont en majorité non singapouriens.

Singapour possède un deuxième fonds souverain : le Temasek qui lui aussi investit aujourd’hui principalement dans des actifs étrangers mais, à l’origine, le Temasek était un conglomérat dont l’objectif premier était de gérer ses participations dans les entreprises locales.

Sama Foreign Holdings : fonds souverain d’Arabie Saoudite

Les montants gérés par ce fonds proviennent en grande partie de l’exportation d’hydrocarbures.

Créé en 1952, le SAMA ou Sama Foreign Holdings se caractérise par un fonctionnement particulièrement opaque. Il s’agit plutôt d’une branche de la banque centrale du pays (la Saudi Arabian Monetary Agency), ce qui n’en fait pas un fonds souverain stricto sensu. Il investit en majorité sur des actifs financiers internationaux peu risqués et est donc composé principalement d’obligations d’État.

China Investment Corporation : fonds souverain chinois

Comme le fonds souverain singapourien, le fonds souverain chinois CIC (pour « China Investment Corporation ») investit les très grandes quantités de devises issues de ses exportations massives. Le CIC a été créé en 2007. Il investit à l’étranger surtout, dans les secteurs financiers, de l’énergie, avec une forte prédilection pour l’industrie minière.

La Chine possède également un autre fonds souverain d’envergure : le SAFE, qui est géré par l’Administration d’État des changes, ainsi que plusieurs autres fonds souverains de plus petite taille et dont les missions sont plus précises. On peut par exemple citer le China-Africa Development Fund qui finance des projets économiques entre ces deux pays.

Kuwait Investment Authority : premier fonds souverain au Koweït

Les fonds souverains du Golfe géraient 2 800 milliards de dollars de capitaux en juin dernier, soit 35 % du total des fonds souverains selon le Sovereign Wealth Fund Institute. Le Koweït est à fin 2018, le second fonds de la région avec 592 milliards d’encours, situé juste derrière le fonds souverain d’Abu Dhabi (683 milliards d’encours). C’est aussi et surtout le premier fonds souverain créé. Son lancement remonte à 1953. Installé à Londres alors, sous le nom de Kuwait Investment Board, il a largement investi dans l’économie du Royaume-Uni et notamment dans l’immobilier britannique à compter des années 70. Il continue aujourd’hui à investir chez nos voisins d’Outre-Manche malgré les risques de Brexit. Comme l’ensemble des fonds souverains du Moyen-Orient, il investit les fonds liés à l’exportation de pétrole.

Government Pension Fund Global : fonds souverain de Norvège

Le fonds souverain de Norvège, Government Pension Fund Global, est l’un des plus gros au monde. Il investit lui aussi les sommes liées à l’exploitation et l’exportation de ses hydrocarbures, dans des actifs étrangers principalement. Il se caractérise par une éthique stricte et exclut de son champ d’investissement les sociétés ne respectant pas certains critères établis par le Ministre des Finances. Il a pour objectif de subvenir aux financements sociaux du pays.

Il a perdu 50 milliards d’euros en 2018, signant ainsi la deuxième plus mauvaise performance de son histoire. Les actifs sous gestion étaient fin 2018 de 8 256 milliards de couronnes contre 8 488 milliards un an plus tôt. Les fluctuations des marchés financiers ont pesé sur les résultats du fonds qui a pourtant pu limiter la casse grâce à l’affaiblissement de la couronne et des versements de l’État norvégien issus de ses recettes pétrolifères.

La Norvège possède un deuxième fonds souverain : le Government Pension Fund-Norway qui réduit son périmètre d’investissement aux entreprises situées en Norvège, au Danemark et en Suède. Il a pour but le développement de l’économie du pays.

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