Découvrez le parcours, l’expérience et le métier de Directeur de la gestion au sein d’une société de gestion. Café de la Bourse vous invite à plonger dans l’univers de la finance de marché en interrogeant les hommes et les femmes qui y travaillent au quotidien.
Ce mois-ci, Camille Barbier, Directeur de la gestion chez Apicil AM, revient pour nous sur son activité, ce qui l’a poussé à faire ce métier, le fait le plus marquant de sa carrière, son secteur préféré et son sentiment de marché actuel.
Camille Barbier, quelle fonction occupez-vous ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?
Je suis Directeur de la gestion d’Apicil Asset Management. Apicil AM est la filiale de gestion d’actifs du Groupe Apicil (3ème Groupe de protection sociale en France avec 1,8 million de clients). Apicil AM gère 10 milliards d’euros en mandats et en OPC principalement en gestion directe au travers de stratégies de gestion actions, taux et diversifiés. Je dirige une équipe de 13 gérants et analystes depuis mon arrivée en janvier 2020. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été intéressé par le suivi de l’actualité et la compréhension du monde qui m’entoure. J’ai par exemple toujours été passionné par l’histoire et par l’étude des grands tendances historiques. La gestion financière est, à mon avis, le seul métier qui vous permette de mettre en pratique cette curiosité pour le monde et pour ces changements.
Quel est l’événement que vous considérez comme le plus marquant de votre carrière ?
Incontestablement pour moi, la crise financière de 2008 qui avait en réalité commencé en juillet 2007. J’ai commencé ma carrière à l’été 2001 en pleine crise internet mais finalement peu de temps avant la franche reprise des actions de 2003. Biberonné au bull market, je n’avais pas été préparé à ce qui allait suivre. Était-ce ma perception de gérant peu expérimenté ou bien l’importance des événements, en tout cas la crise financière et la lente descente aux enfers des marchés tout au long de 2008, jusqu’à l’apothéose qu’a constitué la faillite de Lehman Brothers, a laissé une empreinte indélébile en moi. À l’époque, en charge de la gestion financière d’un grand assureur de la place, j’éprouvais, à la vision des moins-values s’accumulant dans les portefeuilles, le sentiment de tomber dans un vaste puit sans fond. Puis, progressivement, à partir du printemps 2009, la situation s’est améliorée, mais le sentiment du boxeur groggy qui craint un nouveau KO est resté longtemps en moi.
Quel est votre indicateur préféré et pourquoi ?
Nous avons développé chez Apicil AM un indicateur, nommé IRMA, pour Indicateur de Risque de Marché Apicil. Cet indicateur nous permet d’identifier « l’état de la nature » dans lequel se trouve les marchés d’actifs risqués à un instant. Cet indicateur n’a pas vocation à prédire l’évolution des marchés, mais à nous permettre d’identifier dans quel environnement de marché nous nous trouvons. S’agit-il d’un environnement propice à la prise de risque dans lequel les stratégies de gestion peuvent être plus fondamentales ? Ou bien s’agit-il d’un environnement de volatilité élevée et donc de faible visibilité dans lequel les stratégies de gestion doivent principalement rester tactiques ?
Quel est votre sentiment de marché actuel ?
Nous avons adopté en novembre dernier un positionnement acheteur sur les actifs risqués que nous avons conservé en ce début d’année 2023. Plusieurs éléments ont concouru à ce positionnement. Tout d’abord, nous avons une vision beaucoup plus optimiste de la croissance européenne et américaine en 2023 que le consensus de marché. La majorité des prévisionnistes s’attendent à une récession en Zone euro et aux États-Unis du fait de la hausse des taux d’intérêt et d’un ajustement baissier de la consommation des ménages. Nous ne partageons pas ce point de vue. Si le risque d’ajustement de la consommation des ménages est réel à la suite de la baisse du pouvoir d’achat constaté depuis 18 mois, nous pensons que la solidité du marché du travail qui devrait se maintenir cette année couplée à la baisse de l’inflation et à la hausse retardée des salaires devraient être de forts soutiens à la consommation. Déjà depuis quelques jours, certaines institutions commencent à revoir à la hausse leurs prévisions de croissance constatant que le ralentissement attendu en fin d’année dernière ne s’est pas produit. Par ailleurs, la baisse du prix du gaz depuis quelques semaines et le maintien des stocks de gaz à de bons niveaux rassurent quant à la préparation du prochain hiver 2023/2024.
Enfin, le consensus de marché étant très prudent tant pour l’économie que pour les indices boursiers en 2023, l’exposition en actifs risqués des investisseurs sur la fin d’année dernière est restée pour le moins limitée, laissant entrevoir un possible mouvement de réallocation de portefeuille si le pire ne se produisait pas.
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