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Les dessous du métier de Gérante Actions européennes dans une société de gestion

Les dessous du métier de Gérante Actions européennes dans une société de gestion

Découvrez le parcours, l’expérience et le métier de Gérante Actions européennes dans une société de gestion. Café de la Bourse vous invite à plonger dans l’univers de la finance de marché en interrogeant les hommes et les femmes qui y travaillent au quotidien.

Ce mois-ci, Ariane Hayate, Gérante Actions européennes chez Edmond de Rothschild AM, revient pour nous sur son activité, ce qui l’a poussée à faire ce métier, le fait le plus marquant de sa carrière et son sentiment de marché actuel. Un décryptage du marché utile pour investir en Bourse !

Ariane Hayate, quelle fonction occupez-vous ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?

Je suis actuellement gérante sur les actions européennes chez Edmond de Rothschild Asset Management. Je gère plus spécifiquement le fonds Tricolore Convictions, notre flagship sur les actions françaises, ainsi qu’un mandat sur le luxe européen. Je fais également partie de l’équipe Small caps & Midcaps européennes à travers la gestion du fonds EdR Smaller Companies. Mon parcours a d’ailleurs débuté dans cet univers des small & midcaps, en tant qu’analyste financier chez Euroland Finance. J’y ai rencontré Marc Fiorentino, une figure emblématique du secteur, qui m’a transmis sa passion pour ce métier.

Bien que le métier de gérante requiert une analyse constante des aspects économiques, financiers et géopolitiques, ce qui me passionne le plus dans mon métier, c’est d’échanger avec les dirigeants d’entreprises dans lesquelles j’investis. Ce sont eux les véritables acteurs de terrain, qui gèrent des équipes et des défis complexes et à qui nous devons faire confiance pour faire gagner de l’argent à nos clients.

Quel est l’événement que vous considérez comme le plus marquant de votre carrière ?

Un des événements les plus marquants de ma carrière est sans doute l’affaire Orpea, leader européen des maisons de retraite. À cette époque, nous étions investis dans le groupe et nous menions également une action d’Engagement actionnariale afin d’améliorer les pratiques sociales du groupe. Cependant, nous étions loin d’imaginer que la situation était aussi catastrophique entre mauvaise gestion des résidents, pression sur les employés ou encore fraude financière… alors que nous rencontrions régulièrement les dirigeants.

La sortie du livre « Les Fossoyeurs » m’a fait l’effet d’une énorme douche froide et malheureusement nous devions rapidement prendre une décision, mettre nos sentiments et anciennes convictions de côté et agir rapidement… Après une nuit blanche, nous avons décidé de vendre tous nos titres dès la reprise de cotation alors même que la valeur théorique des actifs et du pipeline était supérieure au cours et qu’il fallait, comme on le dit, « se couper un bon bras ». Je pense en avoir tiré une bonne leçon sur la difficulté d’investir dans des secteurs de services à la personne, aussi sensibles, car il reste très difficile de maximiser la profitabilité d’une entreprise sans entamer la qualité des soins. Nous devons être intransigeants avec la responsabilité sociale et éthique des entreprises.

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Quel est votre indicateur préféré et pourquoi ?

Mon indicateur préféré de marché est sans doute le ROCE, le retour sur capitaux employés, car il permet de mesurer l’efficacité avec laquelle une entreprise alloue ses capitaux pour générer des profits. Regarder le niveau de marge d’une société n’est pas suffisant pour évaluer sa performance, il est nécessaire de prendre en compte les capitaux initiaux nécessaires pour parvenir à ce niveau de marge. Une société qui requiert d’importantes ressources en capital pour maintenir son activité ou croître peut-être limitée dans sa capacité à créer de la valeur à long-terme.

De ce fait, je suis plus exigeante sur les sociétés qui doivent engager d’importants CAPEX (dépenses d’investissement) pour opérer et pour se développer. Le ROCE permet ainsi de véritablement distinguer les entreprises réellement efficaces de celles qui dépendent de trop lourds investissements pour générer des profits.

Quel est votre sentiment de marché actuel ?



Nous vivons actuellement une période tout à fait singulière. Une banque centrale européenne en avance de phase sur la FED et qui a déjà des niveaux d’inflation en dessous de sa cible de 2 %… une économie européenne qui ralentit mais qui ne devrait pas tomber dans la récession (scénario de soft-landing) et encore beaucoup d’incertitudes (politiques, géopolitique sur différentes zones du monde…) et c’est cela que le marché n’aime pas ! Dans ce contexte, je préfère avoir une approche plutôt équilibrée entre valeurs défensives et cycliques avec un biais positif pour les small & mid caps car nous ne pouvons plus ignorer la décote incroyable de cette classe d’actifs qui devrait à tout moment bénéficier de l’impact de la baisse des taux sur l’économie réelle. À l’heure où certaines « blue chip du marché » commencent à voir leur croissance ralentir, le stock picking et la gestion active reprennent tout leur sens.

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