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Les dessous du métier de Managing Director dans une société de gestion

Les dessous du métier de Managing Director dans une société de gestion

Découvrez le parcours, l’expérience et le métier de Responsable de la gestion obligataire dans une société de gestion. Café de la Bourse vous invite à plonger dans l’univers de la finance de marché en interrogeant les hommes et les femmes qui y travaillent au quotidien.

Ce mois-ci, Patrick Barbe, Managing Director et Responsable de la gestion obligataire européenne chez Neuberger Berman, revient pour nous sur son activité, ce qui l’a poussé à faire ce métier, le fait le plus marquant de sa carrière et son sentiment de marché actuel.

Patrick Barbe, quelle fonction occupez-vous ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?

Je suis responsable de la gestion obligataire européenne chez Neuberger Berman. J’y ai créé cette activité il y a 6 ans, avec une équipe de 5 gérants provenant tous de la même société de gestion filiale d’une banque française, où pour ma part j’avais fait toute ma carrière professionnelle. Mes clients sont principalement basés en Europe et comprennent aussi bien des investisseurs institutionnels que des banquiers privés. Ma formation d’actuaire m’a permis d’acquérir les compétences nécessaires pour réaliser une carrière de gérant puis de responsable d’équipe de gérants. Dans ce métier, il faut allier rigueur pour la construction des portefeuilles en maîtrisant les risques ; esprit de synthèse pour digérer les (trop) nombreuses informations ; expertise en économie et finance des entreprises pour pouvoir juger des opportunités d’investissement ; et enfin capacité à savoir prendre des risques. Pour cela, sont nécessaires des compétences académiques en statistique et économie, qu’il faut connecter avec la réalité de la vie des pays, de leurs ménages comme de leurs entreprises.

Comprendre et comparer les caractéristiques des pays et de leurs entreprises et comment y vivent leurs habitants sont des sujets qui me passionnent, d’autant plus que nous avons l’opportunité de nous y déplacer pour cela.  Il faut faire preuve d’une certaine curiosité et d’une bonne capacité d’observation car l’objectif est de pouvoir en déduire des prévisions économiques puis de marché.

Ce métier repose sur un travail d’équipe que j’apprécie en tant que responsable, car une personne ne peut suivre tous les pays et leurs entreprises, qui conduit à de nombreux échanges de vues et à l’identification d’idées d’investissement.

Quel est l’événement que vous considérez comme le plus marquant de votre carrière ?

Lors de la crise des dettes d’États des pays périphériques en 2011-2012, les taux de ces dettes se sont envolés, alimentés par une spirale de baisse des prix de ces obligations entraînant des ventes forcées des expositions à ces dettes. Cette tendance baissière a été amplifiée par de mauvaises conditions de marché comme une faible liquidité et donc une forte volatilité quotidienne des cours. Ainsi, les pays périphériques ont vu les taux nominaux de leurs obligations atteindre des niveaux de plus de 10 % !

Nous avions adopté une exposition prudente à ces dettes mais lorsque le président de la BCE Mario Draghi a annoncé le soutien total de la Banque Centrale, nous avons changé de point de vue même si le marché s’est montré sceptique. Nous nous sommes intéressés au cas du Portugal dont nous connaissions bien la situation économique, financière et budgétaire. Lorsque le taux de son obligation d’État à 10 ans s’est envolé à plus de 12 % fin 2011, nous avons vérifié les ordres à la vente conduisant au franchissement de ce niveau. Nous avons interrogé les teneurs de marché qui nous ont annoncé un volume total de 50 millions d’euros d’obligations à la vente cherchant en vain des acheteurs. J’ai alors décidé de passer l’ordre d’achat pour toute cette taille… Finalement nous n’avons acheté que quelques millions ! Nous avons pu acheter au plus bas des cours (but suprême de tout investisseur) juste avant que le marché comprenne l’importance de l’action de la BCE.

Consulter également notre article Les chiffres économiques à suivre

Quel est votre indicateur préféré et pourquoi ?

Mon indicateur préféré change au cours du temps selon le positionnement dans le cycle économique. En effet, notre métier consiste à tenir compte des conditions économiques, politiques, comme de marché, et donc à déterminer les indicateurs clés pertinents pour anticiper l’évolution de l’activité et donc des marchés. Aujourd’hui la faiblesse de la croissance économique persiste et menace de tomber en récession : en l’absence du soutien habituel des exportations, la sortie se fera par la demande domestique soit en récession soit en reprise d’activité : l’évolution de l’emploi est aujourd’hui l’indicateur qui sera le déterminant de l’évolution de l’activité domestique. Nous regardons tous les mois le détail des créations comme des destructions d’emplois, dans quels secteurs, comme les cycliques ou ceux en difficulté comme l’automobile. Pour l’instant, quelques premiers signes de fermetures de postes mais surtout nous notons que les entreprises ne veulent pas se séparer de leurs employés alors que ces dernières années elles ont eu beaucoup de difficultés à recruter de la main d’œuvre qualifiée.

Quel est votre sentiment de marché actuel ?



Depuis mi-2022, la tendance à la désinflation est clairement établie en zone euro et le retour au niveau souhaité par la Banque Centrale Européenne (BCE) de 2 % est maintenant devenu une question de temps. Cependant en octobre l’an dernier, l’inflation Euro a cessé de baisser malgré une croissance économique faible : le marché obligataire a donc sous-performé au premier semestre. Mais depuis juillet le reflux de l’inflation est de retour, ce qui a conduit la BCE à commencer à baisser ses taux directeurs. Nous pensons que la Banque Centrale va continuer pour amener rapidement, d’ici la fin de l’été prochain, son taux directeur vers 2 % pour ne pas peser sur l’activité toujours moribonde. Nous pensons que le marché obligataire Euro va rester soutenu, même si l’essentiel de sa performance est déjà réalisé avec +2,5 % depuis le début d’année pour l’indice obligataire Barclays Euro Aggregate Bond. De plus, les flux acheteurs se renforcent : les investisseurs cherchent à sortir de leurs placements à court terme anticipant la baisse des taux monétaires et notamment achètent les obligations en euros. Le taux des obligations d’État français à 10 ans devrait baisser en-dessous de 2,5 % contre près de 3 % début septembre.

Source des images : Freepik

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