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Comment se couvrir du risque de change ?

Comment se couvrir du risque de change ?

La question du risque de change est souvent mise de côté par les investisseurs en Bourse, et pourtant, c’est un point crucial pour parvenir à performer sur les marchés boursiers étrangers. Par exemple, depuis 2023, le cours de l’euro contre le yen a augmenté de +24 %. Durant la même période, le Nikkei a enregistré une performance de +44 %, ce qui signifie que pour un investisseur européen, 61 % de la performance des actions japonaises s’est évaporé avec le cours de change.

Découvrons dans cet article ce qu’est le risque de change, quelles sont ses conséquences pour un investisseur, comment se couvrir contre le risque de change. Nous verrons également un cas concret de couverture du risque de change avec un exemple sur l’EUR/USD, avant de revenir sur les atouts et limites de la couverture contre le risque de change avec des produits financiers comme le turbo pour l’investisseur particulier. Enfin, retrouvez toutes nos astuces pour éviter le risque de change.

Qu’est-ce que le risque de change ?

Le risque de change est le risque d’une perte de capital, ou d’une amputation des gains, associé aux fluctuations des devises. On parle souvent de risque de change pour les entreprises ayant une activité commerciale à l’international, et s’exposant par conséquent au risque que le résultat des ventes dans une devise étrangère par rapport aux coûts de productions dans la devise locale puisse générer un déficit dans le bilan de l’entreprise par exemple.

Le risque de change s’applique aussi pour les investisseurs qui achètent des actions d’entreprises étrangères et des ETF délivrant une exposition géographique diversifiée ou une exposition géographie hors zone euro. Le risque de change va dans ce cas impacter la performance des investissements réalisés à l’étranger, et même si une action affiche une hausse de +8 % en Bourse sur une année, il se pourrait que la performance finale soit moindre après déduction de l’évolution du taux de change au cours de l’année écoulée.

Combien un investisseur peut-il perdre en raison du risque de change ?

Ce qu’un investisseur français peut perdre avec le risque de change va surtout dépendre de la devise du pays dans lequel il va investir. Ainsi, plus la devise étrangère est volatile, plus le risque de change sera important. À titre d’exemple, la volatilité de l’euro face au dollar est nettement moins importante que celle de l’euro face à la livre turque.

Néanmoins, la valeur de l’euro face au dollar US a quand même chuté de 38 % entre 2008 et 2022. Il s’agit d’une volatilité suffisante pour grandement impacter (ici positivement) la performance d’un investissement sur les marchés américains. Entre septembre 2022 et juillet 2023, c’est en revanche une baisse du dollar US de 18 % par rapport à l’euro qui a été enregistrée, et qui aurait pu cette fois-ci amputer négativement les performances d’un investissement en USD pour des investisseurs français. Même si ces exemples sont sans commune mesure avec la baisse de la valeur de la livre turque qui est passée de 6 à 35 contre 1 euro entre 2019 et 2024, une baisse de 15 ou 20 % de la valeur d’une devise a des répercussions sur le résultat d’un investissement.

La perte sera donc toujours proportionnelle au montant de l’investissement, nous pouvons souligner plusieurs scénarios et exemples avec la variation d’un cours de change qui atteint 10 % :

  • Le taux de change est défavorable (-10 %) et réduit la performance (de +20 % à +10 %).
  • Le taux de change est défavorable (-10 %) et annule totalement la performance (de +10 % à 0 %).
  • Le taux de change est défavorable (-10 %) et génère une perte (de +5 % à -5 %).
  • Le taux de change est favorable (+10 %) et augmente la performance (de +20 % à +30 %).
  • Le taux de change est favorable (+10 %) et annule une perte (de -10 % à 0 %).
  • Le taux de change est favorable (+10 %) et génère une performance (de -5 % à +5 %).

Si ce constat est vrai pour les investissements en actions, il est d’autant plus vrai pour les investissements en obligations. Certaines entreprises, même françaises, émettent des obligations offrant d’excellents rendements, mais en devises étrangères (GBP, AUD, CHF, JPY, ZAR). Elles le font pour financer leurs activités à l’international, et justement éviter le risque de change. Pour bénéficier des rendements à deux chiffres qu’offrent ces obligations, il faut être prêt à assumer le risque de change ou le couvrir.

Consulter également notre dossier Comment investir en Bourse ? Guide 2024

Comment se couvrir du risque de change ?

La première chose à faire avant de se couvrir contre un risque de change, c’est de tenter de l’évaluer au mieux. Si vous comptez acheter 10 actions McDonald’s, valant 275 USD chacune, le risque de change sera facile à calculer. Si votre portefeuille boursier comporte plusieurs actions américaines, il ne sera pas très compliqué d’additionner les montants en prenant en compte toutes les actions américaines de votre portefeuille.

Il faudra ensuite répéter l’opération pour les actions canadiennes, anglaises, japonaises, etc., si toutefois vous en possédez.

Les choses peuvent se compliquer si vous avez investi dans un ETF MSCI World par exemple. Il faudra alors regarder le détail de l’exposition de l’ETF et faire le calcul de votre exposition sur chaque devise.

Graphique exposition par pays de l’indice MSCI World

Exposition par pays indice MSCI World

Source : MSCI

Choisir une couverture totale ou partielle

Une fois que vous aurez déterminé votre exposition au risque de change sur chaque devise, il faudra déterminer si vous souhaitez mettre en place une couverture sur l’ensemble des cours de change auxquels vous êtes exposés, il s’agira alors d’une couverture totale. Mais vous pourriez aussi réaliser une analyse sur les cours de l’EUR/USD, de l’EUR/JPY et de l’EUR/GBP, puis estimer que le risque de perte sur l’EUR/GBP n’est pas suffisant pour que la mise en place d’une couverture soit pertinente, et même conclure que le taux de change sera en votre faveur sur l’EUR/JPY. Choisissant de ne vous couvrir que sur l’EUR/USD, vous opteriez donc pour la mise en place d’une couverture partielle.

Un investisseur pourrait aussi choisir de se couvrir sur l’ensemble des devises étrangères, mais seulement pour une partie du montant total de l’exposition. Cette décision pourrait être motivée par la réduction du coût de la couverture. Nous verrons en effet plus tard que la couverture de change à un coût, et qu’il peut être pertinent de ne couvrir le risque qu’à moitié si l’on réalise d’importantes économies sur la mise en place du « hedge ».

Quoi qu’il en soit, la décision ne doit pas être prise à la légère, et devrait faire l’objet d’une analyse aussi rigoureuse que celle qu’un investisseur aurait pu réaliser pour valider sa décision d’investissement sur les actions des entreprises étrangères qu’il a choisies.

Déterminer la durée de la couverture

Comme nous le disions précédemment, la couverture du risque de change représente aussi un coût pour l’investisseur. La durée de la couverture sera un paramètre important pour évaluer son coût. Plus la durée sera longue, plus le coût sera important.

Il peut donc être pertinent dans le cadre de son analyse du risque de change d’évaluer quelle sera le meilleur timing pour mettre en place une couverture de change.

Sur la base, par exemple, d’une analyse technique basique, un investisseur pourra choisir d’attendre que les cours d’une devise sortent d’un trading range avant de mettre en place une couverture du risque de change. En effet, le risque de voir une forte volatilité des cours d’une devise évoluant dans un trading range, sera plus faible que dans un contexte de marché en tendance.

En conclusion, il faudra autant que possible déterminer les moments pendant lesquels le risque de change est le plus important afin de focaliser ses efforts de couverture pendant ces moments-là.

Cas pratique d’une couverture du risque de change



Voici un cas pratique d’une couverture du risque de change avec un turbo pour un investisseur français achetant des actions US.

Imaginons que vous ayez acheté 10 actions McDonald’s pour un montant total de 2 750 USD (soit 2 570 euros, au taux de 1,07 EUR/USD). Si le taux venait à monter à 1,26, alors votre investissement de 2 750 dollars US ne vaudrait plus que 2 180 euros, soit une perte de 15 %. Dans le cadre de cet exemple, nous allons estimer que l’hypothèse la plus probable, l’euro étant plutôt bas par rapport au cours des dernières années, est une hausse des cours de l’euro dollar.

Il faudrait donc couvrir la position avec un turbo pour éviter que 360 euros ou plus ne partent en fumée. Prenons par exemple un turbo dont la valeur sous-jacente est 100 euros et qu’il coûte 10 euros (levier 10x).

Pour couvrir 2 500 euros, il faudra acheter 25 turbos de ce type pour un coût total de 250 euros. L’opération de couverture sera rentable dans ce cas puisque nous n’aurions payé que 250 euros pour couvrir un risque de 390 euros.

Néanmoins, si le risque estimé n’était qu’une hausse à 1,14 (et donc un risque de perte de 160 euros), alors la mise en place de la couverture de risque ne serait pas pertinente.

Il est aussi possible dans cet exemple de ne couvrir que partiellement le risque de change en se basant seulement sur un « hedge » d’un montant de 50 % de l’investissement total. Alors, la couverture ne coûterait dans ce cas que 125 euros. Il sera toujours possible d’augmenter le montant de la couverture si le risque de change croît.

Quels sont les avantages et inconvénients de la couverture ?



La maîtrise de la couverture du risque de change est un métier à part entière dans les banques et les fonds d’investissement, il y a donc des avantages et des inconvénients à vouloir mettre en place ce genre de stratégie quand on est un investisseur particulier.

Avantages de la couverture du risque de change avec un turbo

L’avantage, c’est d’optimiser sa performance et éviter des pertes qui sont indépendantes de nos bonnes décisions d’investissement sur les actions en Bourse. En utilisant des turbos, on bénéficie aussi de l’effet de levier possible grâce à ces produits de Bourse, ce qui permet d’avoir besoin d’immobiliser moins de capitaux pour couvrir un risque plus important.

À l’instar d’autres produits à levier, la couverture avec des turbos n’expose l’investisseur qu’à une perte limitée au montant de la prime, là où d’autres produits à levier pourraient exposer un investisseur à des pertes bien plus importantes.

Puisqu’il est possible de calculer le montant du risque de change et de savoir à l’avance le coût d’un turbo, il sera relativement facile de mesurer le bénéfice de la mise en place d’une stratégie de couverture avec des turbos.

Inconvénients de la couverture du risque de change avec un Turbo

L’inconvénient principal de la mise en place d’une stratégie de couverture de change avec des turbos, c’est le coût lié à l’achat des turbos, nécessaire pour exécuter la stratégie de « hedge ». Il faudra s’assurer que le coût de mise en place de la stratégie de couverture ne dépasse pas le montant du risque maximum que l’on cherche à neutraliser.

Deuxième inconvénient, c’est que s’il s’agit d’un risque de change, il est aussi possible que le scénario contre lequel on cherche à se protéger ne se réalise pas comme nous l’avions anticipé. C’est alors la stratégie de couverture qui viendrait amputer la performance ou générer une perte.

Nos astuces pour éviter le risque de change



Si nous avons choisi les turbos dans cet article, c’est justement car le risque avec ce type de produit de Bourse est limité et qu’il est donc plus facile de mesurer l’impact positif ou négatif d’une couverture de change avec les turbos.

L’objectif d’une stratégie de couverture de change n’est pas forcément d’annuler totalement le risque de change, il peut s’agir de le réduire seulement. La couverture peut aussi se faire progressivement, en fonction de la croissance du risque d’un fort mouvement sur les devises.

Si vous êtes un investisseur aguerri sur les actions mais que vous avez des doutes concernant l’évolution des devises, vous pourrez reposer vos décisions de couverture de change sur la base des analystes experts du trading de devises.

Source des images : Freepik

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