Découvrez dans cet article les principes des plans de rachats d’actions ainsi que leurs avantages et inconvénients pour la société et pour l’investisseur. Nous évoquerons les règles qui régissent ces opérations ainsi que la manière d’identifier les sociétés en Bourse qui réalisent actuellement des programmes de rachats d’actions.
Nous étudierons également les conséquences de cette opération sur titres sur le cours de Bourse de deux grands groupes français : Carrefour et TotalEnergies.
En conclusion, nous répondrons à la question : le rachat d’actions est-il une bonne ou mauvaise opération pour l’actionnaire ?
Rachat d’actions : comment ça marche ?
La procédure de rachat d’actions est généralement actée par les dirigeants d’une société. Lorsque qu’une société dispose d’une trésorerie conséquente, elle peut envisager des plans de rachats d’actions dans le cas où ses opérations de croissance organique atteignent leurs limites ou sont trop peu rentables.
De manière simple et imagée, prenons l’exemple d’un immeuble, détenu par cinq propriétaires, qui génère 5 % de rentabilité locative : certains des propriétaires disposent d’une trésorerie excédentaire, et d’autres sont prêts à vendre une partie de leurs parts. Admettons également que ces propriétaires qui ont une trésorerie excédentaire, ne parviennent plus à cibler de nouveaux projets d’investissement suffisamment rentables, par exemple, aucun projet ne rapporte plus de 3 % de rentabilité locative.
La question se pose alors : est-il judicieux de racheter les parts des autres actionnaires afin d’augmenter leurs participations dans le projet initial, qui lui est plus rentable ?
Si les autres propriétaires sont prêts à vendre une partie de leurs parts, l’opération est alors intéressante car il est préférable d’augmenter sa participation au sein d’un investissement immobilier qui rapporte 5 %, plutôt que d’en choisir un nouveau à 3 % de rentabilité.
C’est cette même idée qui anime les plans de rachats d’actions propres des sociétés. Certaines sociétés vont plus loin que la simple utilisation de leurs excédents de trésorerie. Elles profitent du contexte actuel de taux bas, pour emprunter des fonds peu chers afin de racheter leurs propres actions.
Quels sont les avantages et inconvénients du rachat d’actions pour l’investisseur ?
Avantage d’un rachat d’actions : l’effet relutif
L’avantage n°1 du rachat d’actions est son effet relutif. En effet, lorsqu’une société rachète ses actions, la procédure la plus courante est la destruction des actions rachetées. Il s’agit donc d’une réduction de capital qui a pour impact la hausse de certains ratios financiers clés, et notamment la hausse du BPA (Bénéfice Par Action). Ce mécanisme est logique car le dénominateur baisse dans la formule de calcul du BPA.
Voici un exemple concret de rachat d’action :
Une société A génère un bénéfice de 1 000 000 € par an et dispose de 100 000 d’actions à son capital. Son BPA est donc de 10 € par action (1 000 000 € / 100 000 actions au capital).
Cette société A procède à un plan de rachat d’actions de 5 % du total de ses actions soit 5 000 actions. Le nouveau dénominateur passe donc de 100 000 actions à 95 000 actions. Ainsi le nouveau BPA est de 10,53 € (1 000 000 € / 95 000 actions au capital).
Cette logique est la même pour le dividende : la baisse du nombre d’actions au capital augmente son rendement, ainsi que les cash flows par action.
En d’autres termes, « moins de personnes se partagent les bénéficies, les dividendes, et les cash flows ». Cela est donc mécaniquement positif pour l’actionnaire en place.
En règle générale, les marchés financiers apprécient les hausses de BPA et de dividendes, car cela impacte à la hausse, le cours de l’action.
L’avantage est donc double : l’actionnaire voit les BPA de ses actions ainsi que ses dividendes augmenter. Parallèlement, le cours de Bourse de ses actions a de fortes chances de s’apprécier.
Inconvénient d’un rachat d’actions : alternative à la croissance ?
Le principal inconvénient d’un processus de rachat d’actions vient du fait qu’il peut indiquer une certaine limite au regard de la croissance de l’activité de la société. Plutôt que de « grossir », si la société privilégie des plans de rachats d’actions, cela signifie potentiellement que les nouveaux investissements ne sont pas prioritaires, par manque de rentabilité. Cela peut donc éventuellement renvoyer aux investisseurs une image négative de la société, son opération de rachat d’actions étant perçue comme le signe que sa croissance a atteint une limite.
Notons que ce n’est pas forcément le cas si le contexte de marché est en décroissance et que les taux d’intérêt sont bas. Il pourrait alors s’agir d’une opération financière intéressante dans un contexte économique défavorable, indépendamment des perspectives de croissance de l’entreprise.
Néanmoins, il existe des profils de sociétés matures dont l’objectif est de maintenir la profitabilité ainsi que le rendement du dividende pour ses actionnaires. Dans cette situation, tout est clair, l’effet relutif des plans de rachats d’actions sera bien accueilli par les investisseurs.
En revanche, si la société a un profil principalement axé sur la croissance, alors l’annonce d’un plan de rachat d’actions peut envoyer un signal d’alerte mal perçu par les investisseurs.
Attention à la bulle boursière !
De trop nombreux plans de rachats d’actions peuvent avoir un effet de soutien significatif sur les cours de Bourse. Sachant que ces plans peuvent atteindre 10 % du nombre d’actions total au capital, cela est relativement conséquent.
Ainsi, le principe de l’offre et la demande peut être déséquilibré du fait d’une hausse de transactions acheteuses.
Tout marché financier dicté par des éléments influençant l’offre ou la demande de manière artificielle peut réagir de façon erratique : création d’une bulle boursière, valorisations démesurées, risque de krach, etc.
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Moins d’opportunités pour l’investisseur
Une société qui a procédé à plusieurs plans de rachats d’actions aura théoriquement été bénéfique pour ses actionnaires historiques. Néanmoins, si son nombre d’actions a fortement diminué, il lui sera plus facile de quitter les marchés boursiers en rachetant ses dernières actions en circulation et donc de sortir de la cote boursière.
Cela peut donc diminuer le nombre de sociétés cotées en Bourse et donc diminuer le nombre d’opportunités disponibles pour l’investisseur, notamment ceux qui ont une stratégie de stock picking.
Rachat d’actions : comment cela fonctionne en pratique ?
En France, un programme de rachat d’action doit respecter des critères de fond, de forme et de législation :
- le plan de rachat d’actions est limité à 10 % du capital ;
- il doit être effectué sur une période maximale de 18 mois ;
- il ne doit pas être supérieur à 25 % du volume quotidien moyen d’actions échangées sur les marchés ;
- il doit être voté par les actionnaires (majorité des voix), au cours d’une AGE (Assemblée Générale Extraordinaire) ;
- il doit être visé par l’AMF (Autorité des Marchés Financiers).
Une fois tous les feux au vert, la procédure de rachat d’actions peut être initiée.
La société va donc mandater un intermédiaire, souvent une banque, pour la réalisation de ces opérations. Elle peut également entrer en négociation directe avec ses principaux actionnaires afin de leur racheter leurs actions. Généralement, lors d’un processus de rachat d’actions, une surprime est attribuée par rapport au cours de Bourse initial.
Ce n’est pas tout ! Une société peut décider de lancer une OPRA (Offre Publique de Rachat d’Actions). Pour être validée, l’OPRA doit être votée en AGE (Assemblée Générale Extraordinaire) et respecter la législation, à savoir, publier un avis d’achat ainsi qu’un/des bulletin(s) aux annonces légales obligatoires.
Comment identifier les sociétés qui rachète ses actions en Bourse ?
Les vastes programmes de rachats d’actions sont à la mode ces dernières années. Taux d’emprunt bas et argent pas cher, sont un contexte idéal. En effet, ce n’est pas moins de 1 000 milliards de $ de plans de rachats d’actions qui ont eu lieu courant 2018, au sein de sociétés de l’indice phare américain S&P 500. Sachant que mi-2019, sa capitalisation boursière était de 25 000 milliards de dollars, cela revient à 4 % d’actions rachetées en cumul global.
En 2022, la course folle aux rachats d’action n’a pas ralenti puisque les rachats d’actions ont enregistré une hausse de 22 % par rapport à 2021, franchissant le seuil des 1 300 milliards de dollars US.
En Europe, l’année 2022 a vu une augmentation importante des rachats d’action avec un montant de 161 milliards d’euros rachetées sur les 11 plus grands marchés européens. Cela représente près du double des 84 milliards d’euros de rachats d’actions exécutés en 2021.
Le site américain « MarketBeat » est un bon outil pour identifier les programmes de rachats d’action. Néanmoins, seules les sociétés américaines et canadiennes y sont recensées. Bon à savoir : les dates au format américain sont indiquées sous cette forme mois/jour/année.
Le site FT.com publie également de nombreuses actualités relatives aux plans de rachats d’actions. Le site propose des publications généralistes sur les rachats d’actions, ainsi que des noms de sociétés internationales concernées par ces programmes (sociétés européennes incluses).
Remarque : Il existe également un moyen simple et efficace de savoir si une action qui vous intéresse est ciblée par un programme de rachat d’actions. Vous trouverez souvent l’information par l’intermédiaire d’une recherche Google de type « nom de la société + rachat d’actions » ou si elle est américaine « nom de la société + stock buyback ».
Étude du cours de Bouse de sociétés en Bourse qui ont réalisé un rachat d’actions
De nombreuses sociétés françaises ont été ciblées par des rachats d’actions au cours des derniers mois / années. Les grands groupes français TotalEnergies, Vivendi, Ipsen, Accor, ou encore Akka Technologies n’en sont que quelques exemples.
Rachat d’actions Carrefour
Impact de l’annonce du programme de rachat d’actions Carrefour
Le 14 février 2023, le groupe Carrefour annonce un programme de rachat d’action portant sur un montant maximal de 800 millions d’euros, soit plus de 6 % de la capitalisation global de l’action Carrefour.
Ce rachat d’action Carrefour fait suite à un excédent de trésorerie de 1,262 milliard d’euro et une hausse des bénéfices d’exploitation en 2022. Alors que les programme de rachat d’actions sont souvent confrontés à la décision d’une augmentation des dividendes, dans le cas précis de Carrefour, c’est un programme de rachat d’action important qui est couplé avec une hausse des dividendes Carrefour de 8 %.
Cette annonce a donc été perçue positivement par les marchés boursiers, d’autant plus que la direction du groupe Carrefour s’annonce confiante pour l’année à venir.
Évolution du cours de Bourse de l’action Carrefour depuis février 2023
Source Tradingview
Le cours de Bourse de Carrefour est passé de 16 euros à 18,30 euros au moment de l’annonce, affichant une hausse de + 14 % en quelques heures après l’annonce et un gap haussier de + 4,5 % à l’ouverture.
Dans cet exemple, l’impact du rachat d’actions est plutôt positif sur les cours de l’action Carrefour. Voyons maintenant un exemple avec un rachat d’actions par TotalEnergies où les choses ne se sont pas déroulées aussi bien.
Rachat d’actions TotalEnergies
Impact de l’intensification du programme de rachat d’actions TotalEnergies
Fin septembre 2018, la société major française TotalEnergies a annoncé son intention d’intensifier son programme de rachat d’actions à hauteur de 1,5 milliard d’€ d’ici la fin de l’année 2018. Le programme initial de rachat d’actions de Total a été fixé à hauteur de 5 milliards d’€, entre 2018 et 2020.
Néanmoins, ces annonces n’ont pas permis au cours de Bourse de l’action TotalEnergies d’échapper à une certaine volatilité.
Évolution du cours de Bourse de l’action TotalEnergies depuis août 2018
Source Tradingview
Entre le 20 septembre 2018 et le 8 octobre 2019, le cours de Bourse de l’action TotalEnergies s’est replié de 10 %. L’annonce de l’intensification du programme de rachat d’actions de fin septembre 2018 n’a donc pas permis de soutenir le cours de l’action TotalEnergies.
Rachat d’actions : bonne ou mauvaise opération pour l’actionnaire ?
Dans la majorité des cas, l’effet relutif engendré par les programmes de rachats d’actions a un effet positif sur les cours de Bourse des actions des sociétés concernées. En effet, le mécanisme de réduction du nombre d’actions au capital ayant pour effet des hausses de BPA, de dividende et de cash flow par action, sont très souvent plébiscités par les analystes financiers et engendrent l’appréciation du cours de Bourse.
Les annonces d’OPRA permettent également des hausses de cours de Bourse dans la majorité des cas, voire des gaps haussiers parfois significatifs.
En outre, une certaine prudence est de rigueur concernant les annonces de rachats d’actions des sociétés qui ont un modèle principalement axé sur la croissance. Sur ce type de sociétés, ces annonces peuvent potentiellement être mal perçues par les investisseurs et opérateurs de marché.
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